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Née d'un père ukrainien et d'une mère russe, Oxana une Havraise vit "douloureusement" la guerre en Ukraine

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Française et installée au Havre depuis dix ans, Oxana est très affectée par la guerre russo-ukrainienne. Elle oppose ses deux autres pays car comme sa mère, elle est née et a grandi en Russie. Mais elle est aussi très liée à l'Ukraine, le pays où est né son père et où elle a de la famille.

Drapeau ukrainien. Drapeau ukrainien.
Drapeau ukrainien. © Maxppp - Cottereau Fabien

Née d'un père ukrainien et d'une mère russe, la guerre en Ukraine a une résonance particulière pour Oxana. Installée au Havre depuis dix ans, elle vit ce conflit "douloureusement" à distance. Oxana a les yeux rivés sur son téléphone pour ne rater une information. Elle reçoit une notification, un SMS de sa cousine qui vit en Ukraine. "Elle m'envoie une image avec les instructions pour préparer des cocktails Molotov parce que maintenant les populations civiles préparent ces choses-là pour défendre le pays". Sa cousine enseigne la langue ukrainienne "mais il n'y a pas d'école en ce moment. Avec la guerre, les vacances de printemps ont été avancées en espérant que cette guerre prendra bientôt fin". Mais Oxana est pessimiste. 

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Des appels tous les matins avec son oncle en Ukraine

Tous les matins, elle appelle son oncle qui habite à Kiev. L'homme de 82 ans lui raconte que de plus en plus de produits manquent dans les magasins. "Il n'a pas trouvé de pain ou des œufs la dernière fois qu'il est sorti faire ses courses". Son oncle essaie de rester chez lui autant que possible. "Pour l'instant, c'est là qu'il se sent le plus en sécurité. Il ne peut pas se réfugier dans le métro parce que dans son quartier, il est peu profond. Donc, il considère que c'est aussi dangereux. Avec ma tante, ils sont dans leur appartement. Ils entendent les bombardements, ils ne dorment presque pas la nuit parce qu'ils entendent les sirènes. C'est difficile."

Oxana aurait aimé que son oncle et sa tante fuient la capitale et même l'Ukraine. "Il a déposé quelques affaires et des documents dans sa voiture au cas où. Mais pour l'instant, il ne veut pas partir. Il est très difficile de rejoindre la frontière. Des amis m'ont expliqué qu'il fallait compter quatre jours au moins. Il y a des bouchons, c'est très mal sécurisé. Le ministère de la Défense russe assure que c'est sécurisé, mais les gens ne sont pas convaincus. Il y a beaucoup de dégâts dans des quartiers civils". Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a indiqué ce lundi que les habitants avaient "une opportunité de quitter la ville", en ajoutant néanmoins que "les routes pour sortir de Kiev par le Sud ne sont sans doute pas totalement sûres". 

Oxana craint de ne plus pouvoir envoyer d'argent à sa mère en Russie 

Quand elle raccroche, Oxana appelle ensuite sa mère qui vit de l'autre côté de la frontière, à Moscou. Elle s'inquiète pour elle à cause cette fois, des sanctions : plusieurs pays dont la France ont décidé d’exclure les banques russes du système de paiement international Swift. "Ma mère est très âgée et malade. Je lui envoie de l'argent en Russie pour qu'elle puisse payer son aide à domicile. Maintenant, je ne sais pas comment je vais faire si je ne peux plus lui faire de virement. Ma mère n'a pas suffisamment d'argent pour la payer elle-même. Je vais voir si des amis sur place peuvent m'aider". 

Je me sens responsable parce que c'est mon pays qui agresse un autre pays

Oxana se sent davantage russe. Comme sa mère, elle est née et  grandi en Russie. Mais elle est aussi très attachée à l'Ukraine, le pays de son père. "J'ai passé beaucoup d'été en Ukraine quand j'étais enfant. Ces deux pays comptent beaucoup pour moi. C'est très douloureux. Je me sens aussi responsable parce que c'est mon pays qui agresse un autre pays", explique-t-elle émue avant d'ajouter "Qu'a-t-on fait pour en arriver là ? Je suis née pendant la guerre froide, mes parents sont nés après la Seconde Guerre mondiale. Dans ma famille, on m'a toujours expliqué que la guerre était la pire des choses qui pouvait se produire". 

Oxana se sent aussi impuissante. Elle a participé au rassemblement en soutien à l'Ukraine samedi dernier au Havre. "Ce n'est rien quand eux vivent sous les bombes", conclut-elle. 

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