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Libye : ce que l'on sait des inondations dévastatrices qui ont frappé la ville de Derna

Par
  • France Bleu

La ville de Derna, en Libye, a été dévastée par des inondations meurtrières. Plus de 4.000 personnes sont mortes, et des milliers d'autres sont portées disparues. La Croix-Rouge redoute 10.000 victimes. L'aide internationale se déploie difficilement. La France va envoyer un hôpital de campagne.

Les inondations ont ravagé la ville côtière de Derna, à l'est de la Libye. Les inondations ont ravagé la ville côtière de Derna, à l'est de la Libye.
Les inondations ont ravagé la ville côtière de Derna, à l'est de la Libye. © AFP - HO/ Croissant rouge libyen

La ville de Derna, dans l'est de la Libye, n'en finit pas de compter ses morts. Dans la nuit de dimanche à lundi, la localité a été ravagée par des inondations destructrices, qui ont emporté des quartiers entiers et fait plus de 3.800 morts et des milliers de disparus, selon un bilan provisoire. La Croix-Rouge craint que le bilan n'atteigne les 20.000 morts. L'aide internationale se met en place. La France va notamment envoyer un hôpital de campagne sur place. Voici ce que l'on sait sur cette catastrophe.

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Que s'est-il passé ?

Dans la nuit de dimanche à lundi, la tempête Daniel a frappé Derna, une ville côtière située à l'est de la Libye, qui compte 100.000 habitants. Ressemblant à un ouragan, la tempête a provoqué un déferlement d'eau qui a rompu deux barrages en amont et causé des dégâts énormes dans la ville : des pâtés de maisons entiers, des voitures et un nombre incalculable de personnes ont été emportées dans la mer Méditerranée. Il s'agit de la pire catastrophe naturelle touchant la Cyrénaïque, cette province orientale de la Libye, depuis le grand tremblement de terre qui a frappé la ville d'al-Marj en 1963.

Les inondations ont dévasté la ville de Derna, en Libye.
Les inondations ont dévasté la ville de Derna, en Libye. © Visactu - Visactu

Des dégâts considérables, un bilan humain effroyable

Les bâtiments de la ville ont été dévastés, les ponts emportés par les eaux, des quartiers entiers sont submergés et les routes ont disparu, laissant une ville méconnaissable. Depuis mardi, des cadavres sont rejetés par la mer Méditerranée, dont l'eau est devenue aussi brune que la boue. Derna n'est plus accessible que par deux entrées au sud, sur sept habituellement. Des pannes d'électricité généralisées ainsi que des perturbations du réseau de télécommunication y limitent les communications. Au moins 30.000 personnes sont sans-abri.

Le nombre de victimes, lui, ne cesse de grimper. Des corps enveloppés dans des couvertures jonchent toujours les rues de la ville et d'autres sont entassés dans des pick-ups en route vers les cimetières, raconte l'Agence France Presse ce jeudi.

Selon un dernier bilan du porte-parole du ministère de l'Intérieur du gouvernement de l'Est, 3.840 morts ont été recensés dans la ville et plus de 2.400 personnes sont toujours portées disparues. Au moins 400 étrangers, essentiellement des Soudanais et des Égyptiens, figurent parmi les victimes.

Les autorités craignent que le bilan définitif ne soit beaucoup plus lourd. Un responsable de la Fédération internationale de la Croix-Rouge a fait état d'un nombre "énorme" de morts" et redoute un bilan de 10.000 victimes.

Le "medicane", un cyclone de type méditerranéen

Ces inondations très violentes ont été provoquées par un phénomène que les spécialistes appellent le "medicane", un cyclone de type méditerranéen. Le terme mêle les mots "méditerranéen" et "hurricane", qui signifie "ouragan" en anglais. Le medicane est un cyclone subtropical très violent.

Celui-ci a été formé par la tempête Daniel, qui s'est renforcée en traversant la Méditerranée après avoir dévasté une partie de la Grèce, de la Turquie et de la Bulgarie. "C'est la rencontre entre une masse d'air fraîche en altitude et une autre plus chaude qui vient de la mer Méditerranée", explique à franceinfo le climatologue Davide Faranda, chercheur au CNRS et spécialiste des événements extrêmes et de leur lien avec le changement climatique. La tempête Daniel a en fait stagné au-dessus de la mer Méditerranée, dont la température de l'eau est anormalement élevée, de "3 à 4 °C au-dessus de la moyenne", à 24-25 °C . Et "plus la mer est chaude, plus il y a d'évaporation [une atmosphère plus chaude de 1 °C peut contenir 7% de vapeur d'eau en plus] et donc d'énergie pour le cyclone, qui agit comme une centrifugeuse", explique le spécialiste à franceinfo. Le cyclone profite alors d'une atmosphère chaude et humide pour se recharger, "ce qui entraîne ces orages", décrypte-t-il.

Des experts du changement climatique ont établi un lien entre la force de la tempête et les effets du réchauffement de la planète. L'état très délabré des infrastructures en Libye a également amplifié les dégâts.

L'accès des secours aux zones sinistrées très difficile

Mais l'accès à la zone sinistrée reste très difficile après la destruction des routes et des ponts, et à cause des dommages causés aux lignes électriques et téléphoniques. La situation politique complique aussi l'accès des secours.

La Libye est plongée dans le chaos depuis la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements rivaux : l'un est reconnu par l'ONU et basé dans la capitale Tripoli, à l'ouest, et est installé dans la région de l'est, justement touchée par les inondations.

L'aide internationale se met en place, la France envoie des moyens importants

L'ONU, les États-Unis, l'Union européenne et de nombreux pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord ont promis d'envoyer des équipes de secours et de l'aide, notamment de la nourriture, des réservoirs d'eau, des abris d'urgence et des fournitures médicales.

La Commission européenne a annoncé l'envoi d'aide de l'Allemagne, de la Roumanie et de la Finlande. L'Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé des aides financières colossales. L'Égypte va pour sa part installer des camps dans l'ouest du pays pour abriter les survivants des inondations.

Deux avions français transportant plus de 50 sauveteurs et plusieurs tonnes de matériel sanitaire, dont un hôpital de campagne, ont également été affrétés, et décollent de la base aérienne d'Istres. La France va installer un hôpital de campagne, pour accueillir une centaine de victimes par jour.

Un premier Airbus A 400-M affrété par la France a décollé de la base aérienne d'Istres, mercredi.
Un premier Airbus A 400-M affrété par la France a décollé de la base aérienne d'Istres, mercredi. © AFP - CHRISTOPHE SIMON

Le Secours populaire a lancé, ce jeudi, un appel aux dons. L'association annonce "préparer les conditions permettant de répondre aux besoins urgents exprimés (aide alimentaire, kits d’hygiène, accès à l’eau, matériel de nettoyage, abris...)". Cet appel "à la générosité" peut s’exprimer par "des dons financiers", mais aussi par "l’organisation de collectes financières dans les entreprises, les écoles, les quartiers, les restaurants et les collectivités locales", indique l'ONG.

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