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Journalisme en Ukraine : les enjeux d'une présence continue de reporters de Radio France

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La 29e édition du Prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre débute ce lundi. Elle sera largement tournée vers l’Ukraine. Maintenir une présence dans les zones de conflits est une priorité pour Franck Mathevon, directeur des informations internationales à Radio France.

Franck Mathevon (à droite) interroge Vitali Klitschko maire de Kiev depuis 2014 Franck Mathevon (à droite) interroge Vitali Klitschko maire de Kiev depuis 2014
Franck Mathevon (à droite) interroge Vitali Klitschko maire de Kiev depuis 2014 - Franck Mathevon

Une ouverture vers la jeunesse. C’est toujours ainsi que débute la semaine du Prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre. Des journalistes qui ont exercé dans des pays en guerre vont à la rencontre d’élèves dans des établissements scolaires de Normandie. “C'est fondamental, vraiment l'un des enjeux de notre profession” explique Franck Mathevon, directeur des informations internationales à Radio France. “C'est vraiment un enjeu démocratique. Aujourd'hui, il faut être au plus près de l'information et donc aller sur le terrain, être à la source pour transmettre la vérité”. 

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Un enjeu toujours plus important face aux risques de désinformations et de manipulations sur les réseaux sociaux. Cette année, près de 2.500 lycéens et apprentis de 70 établissements de la Région vont ainsi décerner “leur” prix Bayeux des correspondants de guerre, après avoir visionné les reportages sélectionnés. Ce prix des lycéens reflète le regard de la jeune société civile.

Franck Mathevon dirige une équipe d’une vingtaine de journalistes spécialisées dans l’information internationale. “On en a en permanence une à deux équipes en Ukraine. On travaille aussi à Paris avec une Ukrainienne et un journaliste russes qui nous permettent de traduire au mieux tous les propos tenus”. Ce dispositif comprend aussi un correspondant permanent à Moscou et bientôt un autre à Kiev, à partir du mois de novembre et pour des périodes successives de deux mois.

Peser chaque mot pour les reportages

Avant de diriger ce service des informations internationales, Franck Mathevon a connu le terrain. Ces reportages avec casque et gilet pare-balles en complément du matériel d'enregistrement.Ce sont des missions éprouvantes qui nécessitent beaucoup de logistique” explique celui qui a passé trois semaines en Ukraine au début du printemps 2022. Sur place, c’est la confrontation à la guerre et à des atrocités quand il rencontre des civils. Il faut parfois se poser la question de diffuser les moments les plus insoutenables d'un témoignage recueilli au micro. “Quand une femme, une Ukrainienne, raconte les viols qu'elle a pu subir de la part de soldats russes, évidemment il faut faire très attention aux propos qu'on diffuse à l'antenne. Il ne s'agit pas d'édulcorer le propos, mais de faire en sorte que la réalité soit transmise de la façon la plus juste possible tout en étant supportable pour nos auditeurs”. De grandes précautions sont prises aussi quand il perçoit des appels à la violence. 

L'une des autres difficultés est d’apporter des informations fiables dans ce conflit où Russes et Ukrainiens se renvoient la responsabilité des attaques aériennes sur des civils. Franck Mathevon était en Ukraine lors du bombardement du théâtre de Marioupol le 16 mars. “On avait beaucoup de mal à avoir des informations sur place. Les réseaux étaient totalement coupés. Et puis nous, on a eu la chance, parce qu'il en faut parfois, d'être en ligne avec une personne qui avait pu s'extraire du théâtre de Marioupol juste avant. Une femme avec ses deux enfants qui étaient arrivés à plusieurs kilomètres de la zone visée et qui étaient donc joignable à ce moment-là. Elle nous a raconté précisément ce qui s'était passé dans le théâtre, qu'un tir d'artillerie venait du côté russe”. Un précieux témoignage dans un contexte de guerre de l’information. “C'est pour ça que c'est très important d'aller sur le terrain. La vérité a beaucoup de mal à triompher dans les périodes de guerre et c'est particulièrement le cas en Ukraine. Il y a une très forte désinformation côté russe en particulier, même s'il faut aussi se méfier de la propagande côté ukrainien”. 

Franck Mathevon sera présent samedi à Bayeux pour animer un forum sur les médias (espace Saint-Patrice de 10h30 à 17h) dans la cadre de cette 29e édition du Prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre. Depuis sept mois, Radio France propose aussi une série de podcasts pour comprendre l’évolution du conflit. Des documents réalisés grâce à la présence continue des reporters et techniciens sur le sol ukrainien. 

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