Une piscine naturelle cet été au cœur de Marseille

Promesse électorale, la piscine naturelle à deux pas du Vieux-Port avait été repoussée l'été dernier. Cette fois, Hervé Menchon l'adjoint à la mer, garantit que les Marseillais pourront plonger à partir de la troisième semaine de juin dans ce bassin de 3.000 m² baignable, alimenté par la belle bleue, la Méditerranée.

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Le budget de 6,5 millions d'euros sur trois ans doit être voté ce vendredi en conseil municipal. La Ville vient de trouver l'entreprise qui va construire sur mesure le ponton amovible, qui sera après la saison démonté et stocké. Le bassin de trois mètres de profondeur sera en libre accès, surveillé par un maître-nageur, gratuit, avec des événements tels que des matchs de water-polo.

Dans un deuxième temps, à l'été 2025, un bassin d'apprentissage de la natation sera arrimé au ponton - un mini-bassin d'1m30 de profondeur. La majorité de Benoit Payan a choisi d'acheter la structure, plutôt que de la louer. L'investissement, étalé sur trois années, permet de jouir d'une structure pendant une dizaine d'années, avant qu'elle ne subisse les ravages du temps.

Enfant du Panier, Abdellah n'aura que la rue à traverser. Il a 24 ans, il a appris à nager ici, comme beaucoup de minots, alors que la baignade dans le Port est bien sûr interdite. "Je venais déjà. Et maintenant encore plus ! Gratuit, en plus ! C'est pratique ! Sortir les petits des quartiers, c'est un beau projet".

Rachid lui aussi prépare ses affaires de bain. "Je venais quand j'étais petit avec mon grand frère. Espérons que ça va aboutir". La quasi totalité des plages marseillaises sont situées au sud de la ville et elles sont "surpeuplées. Y a plus la place !" Abdellah n'y pose plus sa serviette depuis l'âge de dix ans. "C'est crasseux comme on dit ici. C'est le bazar !"

Certains riverains s'inquiètent de la qualité de l'eau. "Nikel !" rassure le maire de secteur. Il se base sur les analyses de l'eau qui montrent selon lui une qualité supérieure à certaines plages du sud de la Ville.

Rendre la mer aux Marseillais

Pour Anthony Krehmeier, maire du 2e et 3e arrondissement, ce bassin répare une injustice sociale : " La seule plage au nord depuis le Vieux-Port est à dix kilomètres, la plage de Corbière. Zéro accès à la mer pour près de 300.000 habitants ! Zéro piscine pour les 90.000 habitants des 2e et 3e arrondissement. C'est comme s'il n'y avait pas de piscine à Avignon. C'est une injustice criante !"

Du même bord politique, Hervé Menchon renchérit : "On veut sortir des stéréotypes du foot et des kalachnikov. Marseille est la première ville de France en terme de littoral. 57 kilomètres ! Marseille est née de la mer. On veut rendre la mer aux Marseillais !"

C'est pas donné !

Plus de six millions d'euros, même étalés sur trois ans... certains ont du mal à se réjouir surtout que le site sera exploité seulement trois mois dans l'année, et que l'état général des piscines de la cité marseillaise est indigne de la deuxième ville de France. "Pourquoi opposer les deux ?", s'insurge Anthony Krehmeier "On va construire la piscine de Bougainville pour 12 millions d'euros. La population a aussi droit à un accès à la Méditerranée dans ce qui sera la plus belle zone de baignade du monde".

Florence Joly s'est battue avec ses amis de l'association des Libres nageurs pour que ce projet voit le jour, au point de braver l'interdiction de baignade et d'organiser des happenings en maillot de bain. "Ce n'est pas pertinent de comparer avec une piscine qui a des coûts de fonctionnement bien supérieurs. Et puis avec le contexte d'étés très chauds, l'accès à la mer sera de plus en plus indispensable et ce bassin par ses dimensions le permettra".

Les "Libres Nageurs" avaient milité pour le bassin plus facile d'accès entre le MUCEM et la digue, mais la Métropole Aix Marseille y exploite des anneaux pour bateaux l'été et y a investi des aménagements auxquels elle ne veut pas renoncer l'été. D'où ce site plus difficile à exploiter qui fait grimper la facture : des cavités sous les quais pourraient aspirer des nageurs, il faut installer un grillage de protection.

Stéphane Coppey, lui aussi nageur en eau libre, est persuadé que le projet ne se résume pas à un affichage électoral de la part de la mairie : "Il y a un vrai besoin. Le montant est étalé dans le temps. Cela reste un très bon projet même si ce n'est pas exactement celui que nous avons porté. Démarrons et voyons ce que ça donne cet été".