Ouverture d'une pizzeria solidaire à Marseille

La Covid a fait basculer les priorités de Sébastien Richard. Le chef qui a donné son art dans des deux ou trois étoiles,  tenait son restaurant une étoile à Istres. Puis, il a vu partir sa maman, emportée par le virus. Il est désormais tourné vers le partage. Sébastien Richard a créé l'association qui porte le prénom de sa maman, la petite Lili, pour accoucher d'un restaurant où seraient attablés côte à côte des clients traditionnels et des personnes défavorisées qui mangeraient pour une somme symbolique.

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"Au début, les gens me disaient : "Arrête tes conneries ! Ça ne marchera jamais !" Même mes potes... Ben, ça marche !" Son premier restaurant de mixité sociale "le République" place Sadi-Carnot va fêter sa deuxième année et on y croise effectivement des clients classiques aux côtés de personnes envoyées par des associations caritatives. Le lieu près du Vieux-Port ne désemplit pas. Les 200 places assises prouvent que Sébastien a eu la bonne intuition : "Les gens sont ravis. Ils ne sont pas obligés de discuter entre eux. Ils ne sont obligés de rien. C'est du partage et du plaisir". De la solidarité et du bon sens : "On jette tellement de nourriture tous les jours... alors que certains en manquent. On doit faire mieux !"

Un deuxième lieu solidaire : la pizzeria

Sébastien ouvre en ce moment un deuxième lieu près de la place de la Joliette, 30 rue Vincent Leblanc, dans le 2e arrondissement de Marseille, sur le même principe. Avec un euro, les plus précaires vont savourer les pizzas gastronomiques mitonnées par le jeune Valentin et son chef Karim Kahla. Karim, 37 ans, est issu des quartiers Nord de Marseille, cité de la Benausse. "Comme j'ai dit à mon patron lors de l'entretien d'embauche, la pizza, je sais faire, la gestion d'une structure, je sais faire... par contre le social, je vais découvrir en tant qu'acteur et je suis content d'apprendre. Cela fait partie de la vie d'apprendre. Enfant, j'ai fait partie d'une famille qui a bénéficié des dons et donc je renvoie l'ascenseur. Ma mère avait d'ailleurs une association caritative à Font-Vert".

"Ça ne pouvait exister qu'à Marseille !"

Karim a vu une partie de sa ville "s'embourgeoiser" et les inégalités se creuser. "Tout le monde ne peut pas s'offrir le plaisir de découvrir des ingrédients comme la truffe que nous proposons. Il faut laisser de la place aux populations défavorisées". Sébastien Richard a vécu à Paris, Bordeaux, Tours... mais il ne voyait pas son idée "ailleurs qu'à Marseille, ville de la mixité. Mixité sociale, mixité des couleurs, mixité des religions... une ouverture d'esprit".

• La pizzeria inclusive et solidaire est ouverte tous les jours de 12h à 15h et de 19h à 23 h.