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Il y a 70 ans, "la star" Bobby le phoque arrivait au jardin botanique de Tours

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Ça ne pourrait certainement plus arriver de nos jours. Et pourtant, il fut un temps où le jardin botanique de Tours accueillait deux ours et même un phoque, prénommé Bobby. Ce dernier découvrait son enclos il y a 70 ans jour pour jour, le 6 février 1953. Aujourd'hui encore, il reste une star locale.

Bobby avait très régulièrement de la visite. Bobby avait très régulièrement de la visite.
Bobby avait très régulièrement de la visite. - Archives municipales ville de Tours

Cela rappellera très certainement, pour certains d'entre vous, des souvenirs émus. Il y a 70 ans, jour pour jour, Bobby le phoque prenait ses quartiers au jardin botanique de Tours. Le 6 février 1953, l'animal, alors âgé de deux ans, découvrait son enclos, bien trop petit pour lui. Il y est resté pendant près de 40 ans, avant de mourir en 1992.

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"Ah Bobby, c'est toute mon enfance, se souvient Pascale, aujourd'hui retraitée. Quand j'étais petite et que mes parents m'emmenaient au jardin botanique, je courais vite pour le voir. Tout le monde l'appelait par son prénom. Et puis, j'ai l'impression qu'il attendait les enfants, il y avait comme une sorte d'échange avec ce phoque. C'était l'attraction, la mascotte du jardin." Et même de la ville, à en croire Didier. "Je ne crois pas qu'il y ait un Tourangeau, à l'époque, qui ne connaissait pas Bobby. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais on l'aimait bien."

Bobby dans son petit enclos, au jardin botanique.
Bobby dans son petit enclos, au jardin botanique. - Archives municipales ville de Tours

Pris dans les filets de pêcheurs de Concarneau

Sa bouille marrante, avec son œil droit voilé en raison d'une cataracte, explique sans doute cet attachement des Tourangeaux. Tout comme son histoire. "Bobby a été pris dans les filets de pêcheurs en baie de Concarneau, il a été harponné donc, en quelque sorte, il était condamné, explique Jean-Luc Porhel, le directeur des archives municipales de Tours. En général, les marins-pêcheurs, quand ils capturent sans le vouloir un dauphin ou un phoque, ils le remettent à l'eau. Mais Bobby, avec ses blessures, n'aurait sans doute pas survécu. Ils se sont peut-être pris d'affection pour lui car ils l'ont confié à un pharmacien d'Angers."

Le pharmacien le soigne et l'habitue à l'eau douce jusqu'au jour où l'un de ses amis, un poissonnier de Tours, vient le récupérer. "Il s'est proposé de l'amener au jardin botanique et d'en faire une attraction publique, poursuit Jean-Luc Porhel. C'était tout à fait possible. Car le jardin botanique est rattaché scientifiquement à la faculté de médecine et de pharmacie. Ce sont des pharmaciens qui gèrent le contenu scientifique du jardin botanique et ils suivent un protocole scientifique pour accueillir des animaux exotiques. Ce qui participe à l'éducation des enfants car, à l'époque, on ne voyage pas ou peu. Et Bobby s'inscrit dans cette démarche." Mais nulle doute qu'aujourd'hui, ce ne serait plus envisageable.

Son œil droit n'a jamais été crevé, comme beaucoup de Tourangeaux le croyaient à l'époque, Bobby avait simplement une cataracte.
Son œil droit n'a jamais été crevé, comme beaucoup de Tourangeaux le croyaient à l'époque, Bobby avait simplement une cataracte. - Archives municipales ville de Tours

Bobby embarqué dans une 2CV par des étudiants en médecine

Très vite, le phoque devient célèbre. Jean Richard, directeur de cirque reconnu et directeur du zoo d'Ermenonville, vient lui même lui rendre visite, en 1964. "Les gens attendaient surtout le goûter de Bobby, l'après-midi, lorsque les soigneurs, venaient lui donner ses six kilos de harengs", relate Jean-Luc Porhel, qui a aussi tout un tas d'anecdotes sur le phoque. Il évoque cette blague d'étudiants en médecine, en 1968. "Après les examens, les étudiants avaient l'habitude de faire la fête et il y a quelques carabins qui ont eu l'idée de piquer Bobby, de le prendre dans son enclos pour l'emmener devant la mairie." Bobby se retrouve donc, en l'espace de quelques minutes, dans une 2CV et dans les bassins de la place Jean-Jaurès. En 1980 et 1984, il se fait aussi la malle et se régale dans le bassin des carpes.

Quatre ans après sa mort, en 1996, Bobby est empaillé et intègre le Museum d'Histoire Naturelle. "Il a tellement marqué les Tourangeaux qu'il a été naturalisé un peu comme un pharaon égyptien, sourit le directeur des archives municipales. Et aujourd'hui, encore, il reste une star." Nicolas Lagorce, médiateur scientifique du Museum d'Histoire Naturelle de Tours, acquiesce. "Il nous est arrivé de voir des personnes, plutôt âgées, se recueillir devant Bobby en versant leur petite larme d'émotion. Pour les plus jeunes, qui ne l'ont pas connu, il y a une petite carte qui explique son histoire. C'est une pièce phare de notre collection. Entre nous, pour rire, on se dit que si on mettait une petite urne devant, on pourrait collecter pas mal de sous."

Bobby est désormais au Museum d'Histoire Naturelle de Tours.
Bobby est désormais au Museum d'Histoire Naturelle de Tours. © Radio France - Adrien Bossard

Le Museum d'Histoire Naturelle de Tours, situé à deux pas de la place Plumereau, est actuellement fermé. Il rouvre le samedi 11 février avec l'exposition "Les As de la jungle", au rez-de-chaussée, en référence au dessin animé. Bobby le phoque, lui, est à l'étage. Enfin, il faudrait plutôt dire Bobby la phoquesse car c'était une femelle et beaucoup l'ignorent.

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