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Près de Caen, une association traque les pédophiles qui sévissent sur internet

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L'association Aquila, basée à Douvres-la-Délivrande dans le Calvados, traque les pédocriminels sur le web. Ses bénévoles créent de faux profils d'enfants pour attirer les prédateurs. Une vingtaine de dossiers a déjà été transmis à la justice.

Les bénévoles traquent les pédocriminels sur le web Les bénévoles traquent les pédocriminels sur le web
Les bénévoles traquent les pédocriminels sur le web - -

Ils sont bénévoles et se sont fixés pour mission de traquer les pédocriminels qui sévissent sur les réseaux sociaux. L'association Aquila, basée à Douvres-la-Délivrande, près de Caen, existe depuis septembre 2022. Entretien avec sa vice-présidente qui pour des besoins de confidentialité a pris le surnom d'Ectoplasme. Tous les bénévoles ont en effet choisi un pseudo issu des insultes du capitaine Haddock.

France Bleu : pourquoi vous-êtes vous lancés dans cette traque sur internet ?

Ectoplasme : Le fait est qu'il y a beaucoup trop de pédocriminels qui sévissent sur les réseaux sociaux. Les enfants sont de plus en plus jeunes sur les réseaux sociaux et ne se rendent peut être pas compte de tous les risques qu'il peut y avoir. Le fait est aussi que notre président a eu, dans son entourage, des personnes victimes de pédocriminels. C'était important pour nous de pouvoir intervenir et d'aider les forces de l'ordre.

Comment travaillez-vous ? Car il ne s'agit pas de faire n'importe quoi...

On a diverses personnes, qu'on appelle des intercepteurs, qui créent de faux comptes sur les réseaux sociaux. Des profils de jeunes filles généralement de douze ans, qui ont un compte et qui s'abonnent à des groupes sur Facebook et attendent qu'on les contacte. Si une discussion se crée et qu'il y a une infraction pénale, nos enquêteurs vont chercher à identifier la personne en question. On transmet ensuite à la gendarmerie de Douvres-la-Délivrande qui envoie les informations aux gendarmes territorialement compétents. Parfois, on transmet également directement aux procureurs concernés.

Vous avez fait remonter une vingtaine de dossiers jusqu'à présent ?

C'est ça, une vingtaine de dossiers jusque-là et trois autres sont encore en cours à l'heure actuelle. L'un d'entre eux a entraîné une condamnation à six ans de prison pour un récidiviste. D'autres sont étudiés en ce moment par la Gendarmerie.

La justice, les forces de l'ordre ont déjà des dispositifs en place. Vous leur faites concurrence ?

Pas du tout. Ils font très bien leur travail, mais on pense qu'ils n'ont pas assez de moyens pour le faire. Je pense qu'un soutien de la part d'associations comme la nôtre n'est pas de trop pour les aider. Parce qu'il y a tellement en fait de potentiels pédocriminels qui peuvent se cacher un peu partout sur les réseaux sociaux et peuvent passer entre les mailles du filet. En aucun cas on se substitue, mais on aide.

Qu'est-ce qu'on peut dire et ne pas dire, faire et ne pas faire ?

On ne doit pas inciter, c'est toujours la personne qui vient nous parler. Nous on parle comme une enfant de douze ans, on fait très attention à ce qu'on dit. Si la personne envoie une photo de ses parties génitales, par exemple, on ne va pas l'inciter à ce qu'il en revoit d'autres. Et on agit vraiment de façon à ce que la personne croit que qu'elle parle à un enfant.

FComment faites-vous pour ne pas être marqués psychologiquement par ce que vous entendez ?

On peut être marqué en interne. Après je parle pour moi, je ne pourrais pas parler au nom de tous les membres de l'association, mais on prend beaucoup de recul sur nos enquêtes. Je pense que c'est très important aussi pour nous de nous protéger psychologiquement. On se dit c'est ce n'est pas nous qui sommes visés. Parfois même on arrive à en rire. On prend surtout soin à ce que nos membres ne soient pas psychologiquement impactés. Ils savent que s'ils sont trop impactés, on peut faire stopper l'enquête, il n'y a pas de problème.

Vous pouvez retrouver toutes les informations concernant l'association sur www.association-aquila.com

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