Passer au contenu

Le douloureux procès d'un accouchement à domicile "qui a mal tourné", la sage-femme radiée a donné sa version des faits

Par

Le procès a duré six heures ce jeudi 21 mars 2024. Le tribunal de Pau rendra sa décision le 30 mai prochain. Une sage-femme radiée était poursuivie pour homicide involontaire et exercice illégal de sa profession. Elle était à un accouchement à domicile où le bébé est décédé, à Bosdarros en 2019.

Le tribunal de Pau Le tribunal de Pau
Le tribunal de Pau © Radio France - Marion Aquilina

Une sage-femme radiée a pu livrer ses explications au tribunal de Pau ce jeudi, lors d'une audience qui a duré six heures, un procès "douloureux et sensible". Cette femme âgée d'une soixantaine d'années a été jugée pour homicide involontaire et exercice illégal du métier de sage-femme. Elle est poursuivie pour avoir aidé une mère à accoucher à domicile à Bosdarros le 25 mai 2019 mais le nourrisson est décédé. Le parquet a requis trois ans de prison ferme, la peine maximum. La décision sera rendue le 30 mai prochain.

"Pas des gestes dans la nomenclature du métier de sage-femme"

La prévenue n'a pas prononcé un mot pour le petit garçon qui est mort ce jour de mai où la maman devait accoucher chez une connaissance, dans une yourte. En revanche, la sexagénaire explique qu'elle n'a jamais suivi cette grossesse, et qu’elle est venue à la demande du couple, à Bosdarros, mais uniquement "pour le risque vital pour la mère".

Il faut préciser que le bébé était en position de siège (sortie les pieds en premier et non par la tête), ce qui représente des risques importants. "Pourquoi ne pas avoir alors conseillé d'aller à l’hôpital, dès le début ?" a interrogé la présidente du tribunal de Pau. "Je n’étais pas présente en tant que sage-femme mais en tant que doula, pour le confort de la mère. Elle allait mourir si le bébé ne sortait pas" a répondu la prévenue qui estime avoir eu des gestes de secouriste., pas "des gestes qui sont dans la nomenclature du métier de sage-femme".

"Pourquoi n'avez-vous pas appelé les secours ?"

Le tribunal a remarqué que la soignante qu'elle a pratiqué des stimulations pour réanimer le nouveau-né, pendant plusieurs heures. "Ça permet aux parents de ne pas rester inactifs et ça arrive des bébés morts nés qui sont revenus" a déclaré la prévenue. Les juges ont insisté et répété pour tenter de comprendre ce qu'il s'est passé : "Mais pourquoi vous n’appelez pas les secours ?"

Le bébé était mort. Une réponse à la barre presque comme un leitmotiv. Le tribunal maintient sa question : dans une situation d'urgence, on prévient les secours, pourquoi ne pas l'avoir fait ? "Ce sont des parents qui n’ont pas accepté la césarienne proposée, la plupart des mères ne se comportent pas comme ça" a lâché la prévenue qui reconnaît "distribuer des brochures sur les dangers de l'échographie et sur les violences obstétricales" dans le cadre de l'association qu'elle a créée, Cœur de famille.

"Elle a une position chevillée au corps"

"Ma cliente est présentée comme un ayatollah de l'accouchement à domicile, comme une sorte de gourou qui doit payer, une brebis galeuse accablée de tous les maux et de tous les mensonges. Elle a surtout une position chevillée au corps", a réagi Me Lorea Chipi, avocate de la prévenue qui a plaidé la relaxe.

loading

La vice-procureure de la République de Pau, Orlane Yaouanq a rappelé que les analyses médico-légales étaient formelles : "Cet enfant a respiré, cet enfant a existé et par votre militantisme, vous l’avez tué, involontairement mais vous l’avez tué quand même. [...] Cette femme répète les mêmes excuses, les mêmes atermoiements pour fuir ses responsabilités."

Deux sages-femmes radiées en 10 ans

loading

"Que faut-il faire pour que ça ne recommence pas, s'est agacé le conseil de l’ordre des sages-femmes qui cite ces chiffres, deux radiations en dix ans, c’est extrêmement rare, c’est dire le niveau de gravité des faits." D’autant plus que cette sage-femme a déjà été condamnée sur le plan civil pour ne pas avoir appelé les secours lors de la première affaire la concernant, a mentionné Me Candice François, l’avocate des parents qui ont perdu leur enfant.

La sage-femme avait été radiée par le conseil de l’ordre en 2009 après une précédente affaire au Pays basque où un bébé est mort né (en 1999 à Ainhoa). Elle avait été relaxée mais a été interdite d’exercer cette profession par le conseil de l’ordre des sages-femmes.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined