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César 2024 : la justice restaurative en Vaucluse a inspiré le film "Je verrai toujours vos visages"

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Jeanne Herry, la réalisatrice du film "Je verrai toujours vos visages" a longuement suivi le travail de rencontre entre victimes et auteurs de violences mené en Vaucluse pour écrire le scénario de son dernier long-métrage.

Le personnage de Leila Bekhti a été inspiré par l'histoire d'une Vauclusienne, Elisabeth. Le personnage de Leila Bekhti a été inspiré par l'histoire d'une Vauclusienne, Elisabeth.
Le personnage de Leila Bekhti a été inspiré par l'histoire d'une Vauclusienne, Elisabeth. - © Christophe Brachet

Le travail de justice restaurative mené en Vaucluse est porté au cinéma. Le film "Je verrai toujours vos visages" de Jeanne Herry (avec Leïla Bekhti, Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Elodie Bouchez, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydes, Fred Testot...) est sorti au cinéma en mars 2023 et est en lice pour les César 2024.

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Il y est question de la justice restaurative, qui consiste à faire dialoguer auteurs et victimes de violences. Et pour écrire son scénario, la réalisatrice a suivi le travail de justice restaurative mené à Avignon par l'Amav 84, l'Association de médiation et d'aide aux victimes à Avignon (côté victimes) et le Spip, le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (côté auteurs).

Je verrai toujours vos visages - Bande annonce

L'un des personnages, joué par Leïla Bekhti, est ainsi inspiré du récit d'une Vauclusienne victime d'un braquage à main armée : "J'ai été agressée dans le supermarché dans lequel je travaillais, il y a cinq ans, je suis là pour vous dire ce qui se passe pour les victimes quand vous commettez ce genre de choses", expose Leïla Bekhti dans la bande annonce. Elisabeth, elle, a été braquée dans un magasin du Sud-Vaucluse au début des années 2010.

Les braqueurs d’Élisabeth n’ont jamais été retrouvés, et donc jamais jugés. C’est notamment ce qui l’a poussée à accepter de participer aux premières rencontres de justice restaurative menées en Vaucluse, cinq ans après les faits. « C’est vrai qu’il restait quelque chose de très traumatisant à ça. Je me suis dit OK, c’est peut-être l’occasion d’enfin passer à autre chose et d’avoir des réponses surtout », témoigne Élisabeth.

"Les douleurs psychologiques sont parties en un instant"

Elle a accepté d’y aller aussi pour soulager une immense colère, et pour trouver la réponse à ce qui la hantait depuis des années. "Je me disais, l'auteur qui est entré dans mon magasin connaît ma tête, il va me reconnaître, il peut me faire du mal à n'importe quel moment. Mais tous dans la salle ont été d'accord pour dire que dans la scène, la victime est floue. Et que s'ils devaient recroiser quelqu'un à qui ils ont fait du mal, ce serait eux qui changeraient de chemin de peur qu'on les reconnaisse. Je me suis rendu compte qu'eux devaient avoir peur, pas moi. Rien que ça, ça a été libérateur", raconte Elisabeth.

"Le suivi psychiatrique, poursuit-elle, je l'ai eu pendant deux ans, mais ça ne m'a pas apaisé à ce point là. Ça ne m'a pas apaisé, comme la justice restaurative a pu le faire. Chez un psychiatre, il n'a pas forcément vécu ce que nous avons vécu sur l'instant. Alors que pendant ces sessions-là, on trouve des gens qui ont vécu l'émotionnel, la peur, les angoisses, la dépression. Après les nuits blanches, la première réunion, ça a été libérateur. Les douleurs psychologiques sont parties en un instant."

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Aujourd’hui, Élisabeth va mieux. Et elle espère qu’avec son témoignage, qu’avec le film, d’autres victimes et d’autres auteurs accepteront de se lancer dans un processus de justice restaurative.

La réalisatrice s'est inspirée des travaux menés en Vaucluse pour reconstituer ces rencontres de justice restaurative.
La réalisatrice s'est inspirée des travaux menés en Vaucluse pour reconstituer ces rencontres de justice restaurative. - © Christophe Brachet

Invitée du 6-9 de France Bleu Vaucluse, Candice Del Degan, la directrice adjointe de l'association de médiation et d'aide aux victimes confirme travailler main dans la main avec un conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation au SPIP de Vaucluse.

"Ça permet aux victimes de parler de leurs histoires et aux auteurs de prendre conscience des répercussions de leurs gestes, lutter contre la récidive. Toutes les infractions sont concernées. Ça n'est pas une solution miracle, ça ne règle pas tous les problèmes, mais pour les victimes qui sont engagées à nos côtés dans ces dispositifs, il y a de l*'apaisement, de la réparation**. Elles retrouvent de l'estime d'elle-même. On voit également qu'il y a un effet sur la non-réitération d'infractions*".

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