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Il empoisonne le Pulco citron de sa femme, un Haut-Saônois condamné à trois ans de prison

Un sexagénaire haut-saônois a été condamné à trois ans d'emprisonnement, dont deux ans fermes, jeudi 5 janvier, par le tribunal de Vesoul. Il est reconnu coupable d'avoir empoisonné son épouse en 2020 en versant un puissant fongicide dans sa boisson.

Un homme de 62 ans a été condamné à trois ans de prison, dont deux fermes, jeudi 5 janvier, par le tribunal de Vesoul pour avoir empoisonné son épouse. Un homme de 62 ans a été condamné à trois ans de prison, dont deux fermes, jeudi 5 janvier, par le tribunal de Vesoul pour avoir empoisonné son épouse.
Un homme de 62 ans a été condamné à trois ans de prison, dont deux fermes, jeudi 5 janvier, par le tribunal de Vesoul pour avoir empoisonné son épouse. © Radio France - Clémentine Sabrié

Le goût de la vengeance : Pulco et fongicide. Un homme de 62 ans, jugé devant le tribunal de Vesoul, écope jeudi 5 janvier, d'une peine de trois ans de prison, dont deux fermes, pour avoir empoisonné son épouse. Le Haut-Saônois arrive dans le box des prévenus encadré par une escorte pénitentiaire, car il est actuellement incarcéré à Mulhouse en exécution d'une peine. Son visage est abîmé par des années d'alcoolisme et il n'entend pas bien les questions de la présidente du tribunal. Il bafouille des réponses très courtes, mais reconnait immédiatement avoir empoisonné sa femme le 7 juillet 2020.

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Ce jour-là, il devait comparaître devant le même tribunal de Vesoul pour avoir frappé son épouse alors qu'ils étaient en pleine séparation. Elle était présente à l'audience, mais lui s'est fait excuser en donnant un pouvoir à son avocate, prétextant que sa voiture était cassée. Pourtant, des voisins ont affirmé l'avoir vu à proximité du domicile de son épouse de Magny-Vernois, près de Lure, duquel il n'avait plus le droit de s'approcher. Ce qui est confirmé plus tard par la vidéosurveillance et la géolocalisation de son portable.

Empoisonnée le jour d'un procès pour violences conjugales

Après l'audience qui condamne le mari pour violences conjugales, sa femme rentre chez elle avec sa sœur et prend une petite bouteille d'eau mélangée avec du sirop Pulco citron dans son réfrigérateur. A peine a-t-elle pris une gorgée qu'elle recrache tout le liquide, parce qu'elle a une sensation de brûlure. Elle se rince la bouche et demande à sa sœur d'appeler le centre antipoison et les gendarmes.

Si elle connait si bien la procédure en cas d'empoisonnement, c'est qu'elle a déjà vécu une situation similaire au mois d'avril précédent - en plein premier confinement. Son mari était en train de décaper la terrasse avec un fongicide antimousse très puissant quand il a bu ce produit toxique au lieu de boire dans sa bouteille d'eau au Pulco pour se désaltérer. Il a été gravement brûlé à l'œsophage et est hospitalisé pendant trois semaines à Besançon.

"Du jour au lendemain, son comportement a changé", précise sa, désormais, ex-femme qui a partagé 35 ans de sa vie et avec qui il a eu deux enfants. L'ingestion de ce type de produits toxiques peut provoquer des séquelles neurologiques, confirme la présidente du tribunal. Quand elle boit le Pulco empoisonné, cette Haut-Saônoise "pense tout de suite" à son mari. C'est ce qu'elle déclare aux gendarmes le jour-même. Il avait déjà menacé auparavant de la tuer et de tuer leurs enfants, puis de se suicider.

"Une explication tordue"

Les gendarmes font des relevés et ils retrouvent des traces de fongicide dans la bouteille du frigo et dans une bouteille dans le garage. Ce fongicide est le même que celui contenu dans un bidon pour traiter les terrasses et les toitures qui est ouvert sur le sol du garage à côté d'un entonnoir.

Interrogé sur ses motifs par la présidente du tribunal, le prévenu s'embourbe comme il l'a fait dans ses déclarations aux enquêteurs. Il soupçonne son ex-femme de l'avoir empoisonné quand il nettoyait la terrasse. Il aurait donc voulu piéger sa bouteille à elle pour voir si elle la buvait. "Si elle le boit pas, c'est qu'elle sent bien le produit", tente d'expliquer le sexagénaire - sous-entendu qu'elle ne connaitrait pas le liquide. "Une explication" que le procureur de la République qualifie de "tordue" dans ses réquisitions.

Finalement, l'empoisonneur avoue avoir agi en vengeance de la plainte déposée par son épouse, mais nie avoir voulu la blesser : "Quelques gouttes [de fongicide] je me suis dit ça ne fera pas de mal."

Une cavale de courte durée

Le lendemain de l'empoisonnement, le prévenu prend le volant ivre. Les gendarmes sont à sa recherche, car il n'a pas répondu à sa convocation en gendarmerie. Ils le trouvent dans sa voiture garée au bord de la départementale à la sortie de Mailley-et-Chazelot, au sud-ouest de Vesoul. Lorsque la patrouille arrive, le conducteur démarre sa voiture et tente de fuir sur plusieurs centaines de mètres malgré les gyrophares et les sirènes. En garde à vue, il avoue tout aux militaires.

Dans ses réquisitions, le procureur de la République insiste sur les trois circonstances aggravantes de l'empoisonnement : par un conjoint, préméditation et en représailles. Les trois sont caractérisées et retenues par le tribunal. A sa sortie de prison, le permis de conduire du sexagénaire sera suspendu pendant six mois. Il aura l'interdiction de porter des armes pendant cinq ans.

Plus de 16.000 euros pour son ex-femme

Il doit verser plus de 16.000 euros à son ex-femme pour préjudice moral et pour pertes de salaire. En effet, elle a eu plusieurs arrêts de travail après l'empoisonnement et un mi-temps thérapeutique pendant plusieurs mois, donc une perte de revenus. Il doit aussi près de 2.000 euros à la CPAM de la Haute-Saône qui s'était constituée partie civile. Il a jusqu'au 15 janvier pour faire appel de sa condamnation.

Son ex-femme, elle, pleure à l'annonce de la condamnation. Son avocate a expliqué qu'elle était très fragile, très anxieuse depuis l'empoisonnement et les violences. Elle a peur de ce qui pourrait se passer au moment où son ex-mari sortira de prison. Quand il était encore libre, elle dormait avec un couteau près d'elle. Un jour, elle avait déclaré : "Ce sera lui ou moi."

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