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Disparition du petit Émile : comment l'enquête va se poursuivre après la découverte des ossements 

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Neuf mois après sa disparition dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), Émile, deux ans et demi, a été retrouvé mort samedi à proximité du lieu de sa disparition. Des ossements ont été découverts mais son décès est toujours inexpliqué. L'enquête se poursuit ce lundi.

Village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) où a disparu Émile, le 8 juillet 2023. Village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) où a disparu Émile, le 8 juillet 2023.
Village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) où a disparu Émile, le 8 juillet 2023. © Maxppp - ARNAUD DUMONTIER

"Cette nouvelle déchirante était redoutée" : après la découverte "d'ossements" d'Émile, leur fils de deux ans et demi, neuf mois après sa disparition dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), ses parents attendent désormais des explications sur les circonstances de ce drame. Des os ont été retrouvés, samedi, à environ deux kilomètres à vol d'oiseau du hameau de 25 habitants situé à 1.200 mètres d'altitude, a indiqué dans un court communiqué le procureur d'Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, dimanche. Si une partie du mystère est levé, l'enquête se poursuit pour comprendre comment l'enfant est mort. France Bleu fait le point.

Des "recherches complémentaires" dans la zone où les ossements ont été retrouvés

Le hameau est une nouvelle fois coupé du monde pour les besoins de l'enquête. Le maire, François Balique, a pris un arrêté interdisant l'accès au hameau à toute personne, sauf les habitants, valable jusqu'au dimanche 7 avril à midi. Un barrage policier placé dès la sortie du Vernet, juste après l'église du village, barre l'unique route vers le Haut-Vernet, situé deux kilomètres en amont, a constaté une journaliste de France Bleu Provence.

Deux équipes cynophiles, spécialisées dans la recherche de restes humains, sont déployées au Vernet sur la zone où des ossements appartenant au petit Émile ont été découverts, a annoncé ce lundi le colonel Pierre-Yves Bardy, commandant du groupement de gendarmerie départemental, lors d'un point presse. Deux équipes issues du centre spécialisé dans les équipes cynophiles de la gendarmerie, situé à Gramat (Lot).

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Une trentaine de gendarmes fouillent actuellement les lieux de la découverte des ossements, sur une centaine présents sur place, a confirmé le colonel Bardy. En plus des équipes cynophiles, des experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) à Pontoise (Val-d'Oise) sont présents. Les équipes sont notamment constituées "d'anthropologues" qui vont permette "d'exploiter au maximum" les données des enquêteurs. Par ailleurs, ces équipes de l'IRCGN peuvent "modéliser la scène" de découverte des ossements, grâce à des "techniques de virtualisation des scènes de découverte".

La zone de découverte "sera bouclée tant que les enquêteurs auront besoin de travailler dans un environnement protégé", a rappelé le commandant du groupement de gendarmerie.

Toutes les pistes étudiées

Le but de ces experts : "Essayer d'identifier si ces ossements étaient ou pas sur place ou s'ils ont pu être ramenés par différents moyens : une personne humaine, un animal qui les aurait transportés ou bien les conditions météo qui auraient modifié le sol et qui les auraient bougés jusqu'ici", a indiqué lundi matin sur franceinfo la colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la Gendarmerie nationale.

Toutes les pistes sont encore ouvertes, selon la porte-parole. "On reste concentrés sur différentes hypothèses", explique Marie-Laure Pezant qui reconnaît qu'il existe "une chance infime" que les gendarmes soient passés à côté du corps quand ils ont effectué les fouilles. Les os ont en effet été retrouvés "dans une zone en pleine nature, escarpée et pas toujours facile d'accès", qui avait "déjà été inspectée plusieurs fois par une battue citoyenne et des enquêteurs de la gendarmerie", aidés notamment d'un hélicoptère équipés de caméras thermiques.

"On avait engagé énormément de moyens, mais au vu de la configuration des lieux avec la végétation abondante du mois de juillet, ça a pu compliquer les recherches et on a pu, peut-être, passer à côté. C'est une hypothèse qui existe. Ensuite, il y a aussi la possibilité que ces ossements aient été rapportés après sur la zone."

Des barrages ont été dressés au Vernet par les forces de l’ordre pour éviter à quiconque de pénétrer dans la zone des recherches, le 31 mars 2024.
Des barrages ont été dressés au Vernet par les forces de l’ordre pour éviter à quiconque de pénétrer dans la zone des recherches, le 31 mars 2024. © Maxppp - Jean-François MUTZIG

Le corps déplacé ?

L'hypothèse privilégiée par Jacques-Charles Fombonne, ancien commandant du centre national de formation à la police judiciaire de la gendarmerie, est celle d'un "déplacement du corps". "Ça milite plutôt pour l'hypothèse d'un corps qui aurait été déplacé et qui aurait été mis justement à cet endroit, sachant qu'on dit qu'on n'y reviendrait pas", a-t-il estimé sur franceinfo et France Bleu Provence.

"Compte tenu des moyens qui ont été mis, (...) on peut difficilement imaginer, même si le corps a été enterré assez profondément, qu'ils [les enquêteurs] soient passés à côté. D'autant plus qu'ils sont passés à plusieurs reprises, plusieurs jours après la disparition du corps", dans la zone où les ossements ont été découverts. Selon Jacques-Charles Fombonne, quelqu'un a pu prendre "peur à l'issue de la reconstitution" organisée le 28 mars, "et est venu se débarrasser du corps". Autre hypothèse soulevée par l'ancien commandant de la section de recherche du centre d'Orléans, celle d'un déplacement du corps par des "animaux".

Pour Jacques Morel, général de gendarmerie et ancien patron de la section de recherche de Versailles, "il faut maintenant aller rechercher l'ensemble du squelette". "Il va falloir aussi s'intéresser aux vêtements", a-t-il ajouté sur franceinfo. D'après cet expert, "s'il [Émile] est arrivé par ses propres moyens là-bas, on devrait retrouver des pièces vestimentaires, même si elles sont détériorées ou en lambeaux".

Que peut révéler l'analyse des ossements ?

Le crâne et les dents ont été envoyés à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale de Cergy-Pontoise, où ils seront analysés. Ces examens permettront d'identifier la nature des lésions et de savoir "si elles sont ante mortem, lorsque l'enfant était encore vivant, ou s'il s'agit de lésions sur l'os" et ce même après neuf mois, a expliqué le médecin légiste Bernard Marc, responsable de l'unité médico-judiciaire de Compiègne, sur franceinfo.

Il sera également possible de déterminer la nature de la mort de l'enfant, par exemple "les dents peuvent révéler une asphyxie", explique l'expert en médecine légale. En revanche, si les analyses concluent que la mort a été provoquée par une chute, il sera difficile de définir s'il s'agit "d'une simple chute, ou si l'enfant a été poussé". Le médecin émet également plusieurs réserves : les "tissus mous" (la peau) ont été détruits, et aucun "os long" n'a pour le moment été retrouvé : "si l'enfant est mort d'une hypoglycémie ou de froid, il sera difficile de le mettre en évidence juste grâce aux os, conclut le responsable de l'unité médico-judiciaire de Compiègne.

Disparition d'Émile : localisation du Vernet et du hameau du Haut-Vernet
Disparition d'Émile : localisation du Vernet et du hameau du Haut-Vernet © Visactu

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