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Prison avec sursis et inéligibilité requise contre Laurence Arribagé, ex-députée de Haute-Garonne

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Laurence Arribagé, l’ancienne députée de Haute-Garonne et actuelle maire adjointe de Toulouse, est jugée à Paris pour dénonciation calomnieuse. Le parquet a demandé des peines de prison avec sursis et l'inéligibilité pendant cinq ans contre les trois prévenus.

Laurence Arribagé est jugée devant la XIIème chambre du tribunal de Paris. Laurence Arribagé est jugée devant la XIIème chambre du tribunal de Paris.
Laurence Arribagé est jugée devant la XIIème chambre du tribunal de Paris. © Radio France - Sandrine Morin

Corinne Vignon et Laurence se retrouvent. Loin des urnes, les deux femmes ont rendez-vous devant le tribunal correctionnel de Paris, devant la XIIe chambre. Le procès a débuté ce mercredi dès 9h. Avant d'entrer dans la petite salle d’audience, les deux élues ne se sont pas croisées. Laurence Arribagé, toute vêtue de noir, est jugée pour recel de dénonciation calomnieuse, violation du secret professionnel et de prise illégale d’intérêts entre le 1er juin et 30 juin 2017.

La présidente du tribunal a clairement rappelé dès le début de l’audience que les faits reprochés à l’élue toulousaine visaient à déstabiliser la candidature de Corinne Vignon aux élections législatives.

Prison avec sursis et inéligibilité requises

Le procureur de la République Raphael Morand a insisté sur le complot qui s'est mis en œuvre entre les trois prévenus : Laurence Arribagé, mais aussi l'ex-directeur des services fiscaux Marc Menvielle et l'entrepreneur Fréderic Sartorelli. Le parquet a requis des peines très lourdes. Trois ans de prison avec sursis et l'interdiction des droits civiques contre Laurence Arribagé, avec exécution provisoire, ce qui veut dire qu'elle pourrait perdre son poste de maire-adjointe directement.

Raphael Morand a insisté sur le fait que Laurence Arribagé est représentante de la nation avec un devoir d'exemplarité.

Le procureur de la République a également demandé trois ans de prison avec sursis contre Marc Menvielle et deux ans avec sursis contre Fréderic Sartorelli.

Corine Vigon et son avocat Laurent De Caunes avant l'audience.
Corine Vigon et son avocat Laurent De Caunes avant l'audience. © Radio France - Sandrine Morin.

Une forme de complot

La magistrate est longuement revenue sur le début de cette histoire, révélée début juin 2017 dans la presse par Fréderic Sartorelli, ancien employeur dans le secteur de l'immobilier et ex-collaborateur de Corinne Vignon. On a aussi appris très vite que les activités de cartomancienne de la candidate ont paru "anciennes et infimes" et que certains se sont étonnés aux services fiscaux de la "rapidité" de l'enquête.

La présidente du tribunal a aussi fait lectures de nombreux SMS entre les trois prévenus qui semblent confirmer une forme de complot. Laurence Arribagé écrit notamment : "Le procureur sera saisi avant midi."

Patrice Michel, le magistrat un temps mis en cause dans ce dossier, s’est finalement déclaré partie civile en début d’audience "pour une question d’honneur", a indiqué son avocat.

Longue audition de la députée

L’audition de Corinne Vignon a été très longue. Pendant presque une heure et demie, la députée est revenue sur son parcours. Le Costa Rica, à la tête d’une réserve de tortue, Barcelone, dans une charcuterie et puis l’immobilier à Toulouse. En pantalon noir et avec sa veste rouge, l’élue raconte aussi comment elle a découvert l’astrologie comme passe-temps avec l’astrologue du Roi Baudoin, le roi des Belges. D’ailleurs, elle a fait le thème de Jean-Luc Moudenc gratuitement, lance-t-elle.

Et puis Corinne Vignon détaille aussi la manière dont elle entre en politique. Presque par hasard, à la demande des habitants de son lotissement de Flourens, près de Toulouse, dont elle devient maire. Enfin, il y a la campagne de 2017. Elle rencontre Emmanuel Macron, qu’elle décide de suivre et dont l’équipe lui demande ensuite de devenir la candidate sur la 3e circonscription de Toulouse pour les élections législatives. "Alors oui", **elle "ne pense pas à prévenir Laurence Arribagé" qui occupe ce poste et dont elle est relativement proche. "Je n'ai jamais imaginé qu’une personne avec qui j’ai des relations cordiales puisse lancer un complot contre moi."

Elle dit ensuite vivre les révélations comme une déflagration. "Imaginez, 32 .000 tracts distribués notamment dans mon village, avec mon 06 pour proposer que je fasse un thème astral la veille du scrutin". Et l’élue conclut, visiblement émue : "Aujourd’hui encore, même à l’Assemblée, on me reparle de cette histoire de voyante et certains m’appellent toujours Irma Vignon".

Les larmes de Laurence Arribagé

La présidente du tribunal a aussi largement interrogé Laurence Arribagé sur ses relations avec Corinne Vignon. Et surtout la juge reprend les mots prononcés lors d’auditions devant les policiers où l’élue toulousaine a dit : "J’ai de la haine, de la détestation, envie de la tuer" à propos de sa rivale. Et la magistrate tente de comprendre les raisons de cette inimitié forte.

Laurence Arribagé s’excuse pour ces mots, mais elle insiste : "J’ai voulu l’aider, je l’ai poussée pour qu’elle soit maire, je lui ai fait visiter mon bureau de députée". Elle, l’adjointe au maire de Toulouse, éclate en sanglots. "En politique, il faut être honnête et courageux. Et elle ne m’a pas dit qu’elle se présentait. Pourtant, elle assistait au meeting de LR. C’est un manque de respect."

Et c’est dans ce contexte que Laurence Arribagé apprend l’activité d’astrologue de sa concurrente prétendument non-déclarée. "Je voulais qu’on sache qu’elle n’était pas honnête". Alors oui, elle a peut-être mis la pression sur le numéro 2 des services fiscaux de Haute-Garonne rencontrée par hasard sur la place du Capitole.

Et quand elle reçoit de lui un SMS qui annonce l’ouverture d’une enquête, "je me suis dit, ce n’était pas une chimère. Il y a un délit. Et je voulais que ça se sache", répète-t-elle des dizaines de fois devant le tribunal. En revanche, elle n'explique pas ou ne se souvient pas comment, via son téléphone, des noms de journalistes toulousains et le nom de l’enquêtrice de police vont fuiter pour que cette information "se sache".

La salle du tribunal de la XIIeme chambre.
La salle du tribunal de la XIIeme chambre. © Radio France - Sandrine Morin

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