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"C'est pire que scandaleux" : une jeune femme décède après une opération bénigne dans une clinique privée de Bordeaux

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Jean-Luc Leterme est auditionné ce mardi 16 avril à Bordeaux après la plainte contre X qu'il a déposée suite à la mort de sa fille. Gwenaëlle, 38 ans, est décédée le 4 mars, quelques jours après une intervention chirurgicale à la Nouvelle Clinique Bordeaux Tondu.

Une photographie de Gwenaëlle Leterme tenue dans les mains de son père Jean-Luc, ce lundi 15 avril à Coutras. Une photographie de Gwenaëlle Leterme tenue dans les mains de son père Jean-Luc, ce lundi 15 avril à Coutras.
Une photographie de Gwenaëlle Leterme tenue dans les mains de son père Jean-Luc, ce lundi 15 avril à Coutras. © Radio France - Jules Brelaz

Dans sa petite maison de Coutras, Jean-Luc Leterme montre du doigt les photographies de sa fille, Gwenaëlle. "Là, on la voit en haut à droite avec son fils et son conjoint." Sur la table à manger, une chemise cartonnée de couleur jaune contient le dossier médical de Gwenaëlle et la plainte contre X déposée par son père au commissariat de Bordeaux. Comme l'ont révélé nos confrères d'Actu.fr, la jeune femme est décédée le 4 mars suite à une intervention chirurgicale pourtant bénigne effectuée à la Nouvelle Clinique Bordeaux Tondu.

Des appels à l'aide restés sans réponse ?

Le 27 février dernier, "ma fille a été hospitalisée à la Nouvelle Clinique de Bordeaux Tondu pour l'ablation simple de deux kystes présents à la gorge. L'intervention s'est apparemment bien déroulée mais pas le suivi post-opératoire", raconte Jean-Luc Leterme qui décrit le "calvaire" vécu par Gwenaëlle.

"Elle n'arrivait pas à manger, elle n'arrivait pas à déglutir, elle n'arrivait plus à respirer. On peut imaginer que ma fille s'est vue mourir étouffée (...) Imaginer ma fille devoir se battre à chaque fois pour se faire entendre parce qu'elle est en souffrance en permanence, l'imaginer partir chercher de l'aide dans le bureau des infirmières parce que d'une façon ou d'une autre, ses appels n'étaient pas entendus."

Jean-Luc Leterme face au dossier médical de sa fille Gwenaëlle.
Jean-Luc Leterme face au dossier médical de sa fille Gwenaëlle. © Radio France - Jules Brelaz

"Pour moi, c'est de la non-assistance à personne en danger "

Durant cette nuit du 1er au 2 mars, "c'est mon gendre qui a pu parler pour la dernière fois avec elle, à 21h30, et elle se plaignait d'avoir des difficultés, d'être en souffrance et de n'obtenir l'aide de personne."

Cette nuit-là, Gwenaëlle fait un arrêt cardiaque. En détresse respiratoire aigue, la patiente est intubée et placée sous coma artificiel. Elle est ensuite transportée au CHU de Bordeaux où son décès est finalement déclaré le 4 mars.

"C'est pire que scandaleux. Dans un établissement de soins, on vient pour se faire soigner, on ne vient pas pour se faire maltraiter", s'insurge Jean-Luc Leterme.

"Un sentiment de colère et d'injustice parce qu'on s'attend jamais à ça"

"On nous dit que l'arrêt cardiaque a été fait quand on l'a raccompagnée dans sa chambre. On peut se demander pourquoi on l'a raccompagnée dans sa chambre. Est-ce qu'elle en était au point de ne plus pouvoir parler pour appeler à l'aide ? Est-ce que le système de signalement pour faire appel aux infirmières fonctionnait ? Qu'est-ce qui a fait qu'elle a dû être obligée de se lever pour aller dans le bureau des infirmières ? C'est vraiment des questions qu'on se pose et qui nous perturbent beaucoup."

Jean-Luc Leterme s'interroge également sur le temps qu'il a mis pour obtenir le dossier médical de sa fille. "Normalement, c'est quelque chose de facile à constituer mais là il a fallu cinq jours à le demander auprès de la clinique pour finalement l'obtenir. Ça laisse planer des doutes."

Le Redon a-t-il été enlevé trop tôt ?

L'autre élément troublant pour le père de Gwenaëlle concerne l'enlèvement du Redon, un tube utilisé pour le drainage des sécrétions après une opération chirurgicale. "La clinique me dit qu'ils ont enlevé le Redon à 17h. Le laboratoire qui a analysé le flacon indique lui qu'il a été enlevé à 15h50 tandis que ma fille me prévenait qu'ils lui enlevaient le drain à 15h30."

"Pourquoi ces incohérences ? Il y a franchement quelque chose qui ne va pas du tout", remarque Jean-Luc Leterme. "D'après le médecin à qui j'ai fait lire le dossier médical, le Redon a été enlevé trop tôt. Et quand on enlève un Redon aussitôt prématurément, on fait en sorte qu'il y ait un accompagnement de surveillance accru derrière pour veiller sur le patient."

Le père devait marier sa fille dans trois mois

Comble du malheur, Jean-Luc Leterme, qui est maire-adjoint dans la commune de Bonzac, se préparait à célébrer le mariage de sa fille dans quelques mois. "Le jour où Gwenaëlle est décédée, c'est le jour où elle devait se rendre chez le traiteur. Elle avait commencé à faire le choix de sa robe de mariée. Les invitations étaient prêtes à partir."

Contactée par France Bleu Gironde, la Nouvelle Clinique Bordeaux Tondu n'a pas souhaité répondre à nos questions, se retranchant derrière "le secret médical des patients". L'Agence régionale de santé et le CHU de Bordeaux, également sollicités, n'ont pas donné suite à nos appels.

Inconsolable, Jean-Luc Leterme lui confie "lutter contre son émotion" pour ne pas sombrer de douleur. Il se rend ce mardi 15 avril au commissariat de Bordeaux pour y être auditionné à la suite de sa plainte contre X. À Coutras, dans le salon de sa maison, une imposante pendule ancienne indique l'heure avec un mouvement de balancier qui semble immuable. Dans la famille Leterme cependant, le temps s'est arrêté le 4 mars 2024.

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