Accident de grue à Bayonne : deux ans après, les riverains sont "vigilants" sur le chantier qui a repris
Environ 80 personnes ont rendu hommage, ce samedi, au grutier mort le 9 mars 2022, dans la chute de sa grue, quartier Saint-Esprit à Bayonne. Les syndicats ont saisi l'occasion pour dénoncer le manque de mesures prises pour lutter contre les accidents mortels au travail.
Environ 80 personnes se sont rassemblées ce samedi 9 mars 2022, quartier Saint-Esprit à Bayonne. Elles ont rendu hommage au grutier mort il y a deux ans jour pour jour. Son engin, alors en test, a chuté sur l'immeuble voisin et dans le boulevard Alsace-Lorraine sans faire d'autres victimes que ce père de famille. Alors que le chantier, la construction d'une résidence séniors, a repris depuis novembre 2023, les syndicats ont dénoncé le manque d'action de l'État face à des accidents mortels toujours aussi nombreux en France. L'instruction ouverte par un juge d'instruction pour déterminer les causes de l'accident et les responsabilités, elle, est toujours en cours.
"Un travail de vigilance"
"Depuis que le chantier a repris, le collectif fait un travail de vigilance", affirme Patrick Petitjean, l'un des membres du collectif de riverains "22-Bergeret" qui a organisé cet hommage. "On est intervenu sur la question du non-respect des horaires légaux de travail. On est intervenu sur la sécurisation du passage le long du chantier boulevard Alsace-Lorraine, pour les piétons. Et on continue ce travail de vigilance. On s'est aperçu que le chantier était visiblement plus sérieux qu'avant l'accident du point de vue de la rigueur, de la manière dont les opérations sont entreprises. Patrick Petitjean qui jette souvent des regards sur la construction et les ouvriers qui s'activent, a par exemple remarqué "qu'il y a un chef de travaux beaucoup plus présent qu'il ne l'était avant." La surveillance, le montage des grues, en fait les différentes étapes du chantier en cours, ont rassuré le collectif de riverains. "Ça ne donne pas la même impression d'improvisation qu'avant".
Preuve que la crainte d'un nouveau drame et que le souvenir de Mohamed Kichouhi sont toujours aussi présents, la rose rouge déposée par un inconnu au moment de la reprise du chantier en novembre 2023, est toujours présente. Les ouvriers et leur chef, au moment du réaménagement des grilles pour sécuriser le chantier, ont voulu la laisser intacte.
Les futurs habitants du lotissement ont voulu s'exprimer lors de l'hommage. On ne leur a pas tendu le micro. L'une de ces personnes a alors indiqué en parlant fort, à qui veut l'entendre, qu'une salle du rez-de-chaussée dans le futur bâtiment, sera nommée "Mohamed Kichouhi", en mémoire du grutier décédé. En guise de réponse, certains ont simplement opiné du chef, d'autres lui ont rétorqué que ce n'était ni le lieu ni le moment de faire une telle déclaration. Signe que le futur bâtiment et sa construction ne sont toujours pas acceptés par une partie du quartier.
L'indifférence de l'État dénoncée par les syndicats
Co-organisateurs de cet hommage rendu au grutier Mohamed Kichouhi, les syndicats LAB, F.S.U, CGT, Solidaires, ont pris la parole tour à tour. "Les morts au travail, ce n'est pas l'affaire du hasard, ce n'est pas l'affaire de malchance, c'est un problème systémique", tranche Argitxu Dufau, porte-parole du syndicat LAB (Langile Abertzaleen Batzordeak) qui prend pour preuve que chaque jour en France, deux travailleurs perdent la vie au travail. L'année dernière, sur l'ensemble du Pays basque, c'est 59 travailleurs et travailleuses qui sont morts au travail. Et cette année, il y a 17 travailleurs et travailleuses qui ont perdu la vie au Pays Basque sud. Il y en a pas eu au Pays Basque Nord pour l'instant."
Ce bilan chiffré, que tente de faire baisser le gouvernement via une campagne de communication déployée à l'automne dernier, "ce n'est pas une affaire de malchance ou de hasard, c'est le fait que la priorité, ce soit le profit et le capital, note Argitxu Dufau. Si la priorité était vraiment les travailleuses et les travailleurs, on mettrait des mesures de sécurité, on serait formé à la sécurité. L'inspection du travail aurait assez de moyens pour contrôler beaucoup plus d'entreprises pour voir si les mesures de sécurité sont appliquées… Et il y aurait des amendes, des vraies sanctions à l'encontre des entreprises à la hauteur des choses qui ne sont pas respectées. Aujourd'hui, on n'en est pas du tout."
Concernant l'enquête, un expert judiciaire a été nommé pour des investigations il y a deux ans, au lendemain du drame. Sollicité par France Bleu Pays Basque, le procureur de la République de Bayonne a répondu que cette affaire était "toujours à l’information judiciaire" et qu'il était impossible pour l'instant d'obtenir les derniers éléments de cette enquête, dirigée par le juge d'instruction. Sur ce point, les proches de Mohamed Kichouhi n'ont pas voulu non plus s'exprimer.
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