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15 ans de réclusion criminelle pour l'ouvrier d'une scierie qui avait tiré sur son patron

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Les jurés de la cour d'assises de Haute-Saône ont condamné à la peine de 15 ans de réclusion criminelle l'ouvrier d'une scierie de Velesmes-Echavanne qui avait tiré sur son patron en août 2017. La cour d'Assises n'a pas retenu l'intention d'homicide, ni la thèse de l'accident., avancée par l'accusé.

Procès aux assises de Vesoul de Thierry Garnier, salle d'audience. Procès aux assises de Vesoul de Thierry Garnier, salle d'audience.
Procès aux assises de Vesoul de Thierry Garnier, salle d'audience. © Radio France - Jean François Fernandez

La cour d'assises de Haute-Saône de Vesoul a condamné ce mardi 19 octobre à 15 ans de prison un homme de 49 ans qui comparaissait pour tentative d'assassinat. Le 23 août 2017 alors qu'il venait de se faire remettre une lettre de mise à pied par son patron à la scierie de Velesmes, il était rentré chez lui chercher une arme et avait tiré sur lui. Ce dernier qui a failli perdre un bras est handicapé à vie. Le salarié qui a tiré a, durant ce procès, expliqué qu'il s'agissait d'un accident.

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La préméditation au centre des discussions

Lorsqu'ils se sont isolés pour délibérer, les jurés ont longuement discuté sur la préméditation ou non du prévenu. Pour l'avocat général il n'y a aucun doute. Si les deux jours d'audience ont été chargés en émotion Julie Bressand explique aux jurés qu'ils "doivent se départir de ces émotions, ils doivent n'écouter ni la haine, ni l'émotion".

L'avocat général rappelle que si l'accusé plaide l'accident, en droit pénal l'accident c'est un délit non intentionnel, un acte qui n'est pas souhaité, sans aucune anticipation. Pourtant, ce jour d'été 2017, on ne peut pas dire que Thierry Garnier a été imprudent, ajoute Julie Bressand. Lors de son audition il dit "j'ai broyé de colère la feuille de mise à pied", plus tard il dit qu'il est en colère au moment de tirer.

Pour l'avocat général, tous les éléments démontrent qu'il est déterminé. La tentative d'homicide volontaire ne fait aucun doute. «Il se passe 15 à 20 minutes entre la remise de la lettre de mise à pied et sa venue dans la scierie avec son arme». A chaque étape, il a possibilité de renoncer à son projet. Elle requiert une peine de 18 ans de réclusion criminelle.

Le mécanisme du coup de sang

Dans sa plaidoirie maître Enguerrand Bagot, l'avocat de Thierry Garnier explique le mécanisme du coup de sang, apportant un regard nouveau sur la façon dont l'accusé à vécu  cette situation. L'avocat balaie d'abord d'un revers de manche la préméditation. 

Si Thierry Garnier avait voulu tuer, il aurait pu se saisir de plusieurs occasions"

L'avocat détaille les occasions : Lorsqu'il tire, il ne recharge pas son arme. Quand le directeur s'enfuit en courant, il ne cherche par à le poursuivre. Enfin, quand il remonte dans sa voiture, il ne cherche pas à entrer dans le bureau pour « le finir » comme ont dit des témoins.

Maitre Bagot explique alors que la scierie est la seule chose que son client a réussi dans sa vie chaotique. L'ancien patron qui avait une gestion dite militaire de la scierie l'avait pris sous son aile lorsque son père l'avait mis dehors à l'âge de17 ans. A la scierie il avait retrouvé l'autorité bienveillante du père qu'il n'avait pas eu.

Si le nouveau directeur a changé le mode de fonctionnent dans la scierie avec plus de place à l'humain, plus de sécurité, plus d'écoute, ça l'a dérouté et Thierry Garnier a perdu ses repères. Pour fonctionner, il avait besoin de cette rigidité militaire. Dérouté par ce nouveau mode de fonctionnent à la scierie, il a pris ça comme du harcèlement, dirigé contre lui.

Alors la lettre de mise à pied, il n'a pas compris pourquoi, a aucun moment on est venu le voir avant pour parler avec lui, "les vannes se sont ouvertes" explique son avocat, c'était donc un coup de sang.

Salle d'assises à Vesoul. Les jurés sont partis délibérer.
Salle d'assises à Vesoul. Les jurés sont partis délibérer. © Radio France - Jean François Fernandez

Trois heures trente de délibéré

Après 3h30 de délibéré, le président explique que "les jurés ne sont pas convaincus que l'accusé a voulu commettre un homicide, en revanche ils sont convaincus qu'il a commis un acte de violence". En conséquence, Thierry Garnier est reconnu coupable de violences ayant entraîné une infirmité, violences commises avec une arme. Toutefois, les jurés écartent l'intention d'homicide.

Thierry Garnier est condamné à 15 ans de réclusion criminelle, la peine maximale encourue dans les dispositions légales. Il a déjà effectué 4 ans de prison.

Réactions et inquiétudes de la partie civile

A l'énoncé du verdict, Thibault Wojeik a un peu de mal à comprendre. Son avocat Ornella Spatafora doit lui expliquer que ce qui a été prononcé, c'est le maximum qui est prévu dans les dispositions légales. Mais l'ex patron handicapé à vie s'inquiète déjà de la fin de peine, car un jour Thierry Garnier sortira de prison. Maitre Ornella Spatafora relate ses inquiétudes : "Sa préoccupation, c'est de savoir quand monsieur Garnier va sortir de détention suite à la peine qui vient d'être prononcée à son encontre.  Par la suite, il pourra peut-être être pris des mesures, parce que c'est aussi une inquiétude le concernant, la sortie de monsieur Garnier, et donc des mesures d'éloignement qui pourraient être prises à son égard".

L'accusé assume les conséquences de ses actes

Maître Enguerrand Bagot s'entretient longuement avec Thierry Garnier après l'énoncé du verdict, il explique alors que ce qui satisfait son client, c'est qu'on a écarté l'intention homicide. "Les jurés ont entendu ce qu'il dit depuis le début, c'est à dire que ce n'était un tir qui, en tout état de cause, ne voulait pas tuer la victime, et ça a été retenu. Il a été entendu sur ce point,  après la peine est conséquente pour des faits simplement, entre guillemets de violence, mais au vu des conséquences qui ont été gravissimes pour la victime, monsieur Garnier peut le comprendre".

Maître Bagot doit encore s'entretenir en prison avec son client, mais à priori, ce dernier ne devrait pas faire appel.

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