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Stella Mare : vers la restauration écologique des Grandes Cigales de mer en Méditerranée

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Parvenir à la restauration écologique des Grandes Cigales de mer en Méditerranée... C'est le nouveau défi que s'est fixé Stella Mare, la plateforme scientifique de l'Université de Corse et du CNRS spécialisée en ingénierie écologique marine et littorale.

Cigale de mer (Illustration) Cigale de mer (Illustration)
Cigale de mer (Illustration) © Maxppp - Eric Dulière / Photo PQR / Nice-Matin

Stella Mare, plateforme de recherches de l’Université de Corse et du CNRS, poursuit son engagement pour la biodiversité méditerranéenne avec un projet dédié aux Grandes Cigales de mer (Scyllarides latus). S’appuyant sur des succès antérieurs tels que la sauvegarde de la Patelle géante, de l’huître plate, du corb, ou encore de la langouste rouge, cette initiative vise à étendre ces efforts à la restauration écologique d’autres espèces marines protégées. Stella Mare vient de formuler une dérogation à des fins scientifiques, auprès des services de l'Etat. Celle-ci porte "sur la capture, le transport, la détention et le relâcher dans la nature de spécimens de Grandes Cigales de mer". "Une espèce protégée et victime de la surpêche dont les stocks sont avérés depuis plusieurs années en déclin", explique Jean-José Filippi, ingénieur en aquaculture à Stella Mare.

"Maîtriser en laboratoire la reproduction"

“Comme sur d’autres espèces sur lesquelles on travaille, deux choix peuvent être mis en place, le premier consisterait en la création d’aires marines protégées, donc de réserves marines. L’objectif serait dans ce cas de sortir l’homme du milieu et de laisser la nature se reconstituer". Toutefois, pour le scientifique, des espèces comme la Cigale ont "des temps de transit pendant la phase larvaire pouvant être très longs ; elles peuvent dériver plus de 10 mois dans la Méditerranée", poursuit le scientifique.. "En conséquence, on comprend bien que ce n'est pas à travers une zone spécifique que l'on va pouvoir sauver l’espèce. C'est pourquoi nous proposons une seconde alternative, qui est issue de nos travaux, à savoir maîtriser en laboratoire la reproduction, faire naître des juvéniles à Stella Mare et après aller de façon active les réinsérer directement dans le milieu en quantifiant l'action menée. On pense avoir un atout à jouer là-dessus puisqu’on a déjà capitaliser une expérience et des résultats probants sur la langouste qui est une espèce similaire”.

Un programme de recherche à forts enjeux

Jean-José Filippi souligne également le cadre réglementaire strict qui entoure ces travaux : C’est une espèce qui est totalement protégée, on n’a pas le droit de la prélever ni de la transporter. On a été obligé de passer par une demande de dérogation auprès des services de l’État. Une consultation du public est en cours jusqu'au 23 avril par voie électronique et voie postale. Une fois l'autorisation obtenue, on va pouvoir démarrer nos recherches, principalement dans des zones rocheuses, la période de maturité est estimée entre le mois de mai et fin juillet”.

Au côté du chercheur, Pierre-Mathieu Nicolai, le directeur adjoint de Stella Mare, élargit le contexte du projet, financé par l'Agence de l'Eau, l'Université de Corse et le CNRS. "Stella Mare a fait le choix, il y a 10 ans, de travailler sur les ressources halieutiques prélevées et consommées par l’homme. On a déjà travaillé sur trois grands crustacés ; la langouste, le homard et l’araignée de mer. Et aujourd’hui, nous faisons donc le choix d’aller sur celui qui nous manquait, la Cigale de mer". Et d'ajouter : "Il s'agit d'un programme de recherche qui présente plusieurs enjeux, d'abord écologiques, bien sûr, parce que c’est une espèce protégée. On constate que les stocks sont en forte baisse, d'où cette protection instaurée sur le plan européen. Il y a également un intérêt économique et patrimonial puisque l'on sait que cette espèce a été consommée par l'homme pendant longtemps".

"Obtenir jusqu'à 1 000 juvéniles par sujet"

À noter que le prélèvement de cette espèce protégée, la Grande Cigale de mer, se fera dans une limite de 5 femelles grainées -c'est-à-dire fécondées- par an, et jusqu'à 10 spécimens en 3 ans. "Un géniteur peut pondre en moyenne entre 20 000 et 200 000 larves, selon le poids du sujet. Sur 100 000 œufs, on peut essayer d'obtenir jusqu'à 1 000 juvéniles, ce sont des choses qui dans la nature sont impossibles. À Stella Mare, cela devient possible car nous maîtrisons toutes les conditions environnantes, telles que la température ou encore l'oxygénation. Si on se base sur l'expérience acquise avec la langouste, on pourrait imaginer les relâcher ensuite au bout de 5 ou 6 mois", conclut Jean-José Filippi.

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