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Sécheresse : pourquoi la météo pluvieuse ne permet pas de recharger les nappes phréatiques ?

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La pluie est tombée abondamment ces derniers jours, notamment dans une grande partie nord de la France. En pleine sécheresse, cette pluie semble être une bonne nouvelle. Dans les faits, elle ne permet pas de recharger les nappes phréatiques.

La France fait face à un intense épisode de sécheresse cette année La France fait face à un intense épisode de sécheresse cette année
La France fait face à un intense épisode de sécheresse cette année © AFP - Mohamad Alsayed / ANADOLU AGENCY

Une grande partie nord de la France a été copieusement arrosée par des pluies entre fin juillet et début août. Alors que la France fait face à un intense épisode de sécheresse, obligeant certains départements à mettre en place des restrictions, cette pluie fait du bien aux sols. Mais la météo pluvieuse ne permet pas de bien recharger les nappes phréatiques : au 1er août, 72% des niveaux des nappes sont sous les normales mensuelles. France Bleu vous explique.

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Les nappes phréatiques, des réserves essentielles

Les nappes phréatiques sont de grandes poches d'eau souterraines, formées par l'infiltration de l'eau de pluie. "Elles constituent la plus grande ressource d'eau potable de notre planète : environ les deux tiers de l’eau que nous buvons en France métropolitaine en provient", explique la journaliste météo/climat Chloé Nabédian dans "Les Mots de la météo" sur France Bleu. "Ces nappes permettent également aux agriculteurs d’irriguer leurs cultures" poursuit-elle. L'automne et l'hiver sont deux saisons cruciales pour ces nappes car "l'eau entre en profondeur dans le sol. C'est ce qu’on appelle la recharge hivernale" décrit Chloé Nabédian. "Le remplissage de ces nappes est un mécanisme long qui fonctionne surtout l'hiver car les sols sont saturés en eau", précise à France Bleu Orléans Thomas Carrière, responsable du pôle gestion et protection des milieux aquatiques à la DDT Loiret.

Mais l'hiver dernier, le manque de pluie a eu des conséquences néfastes sur ces réserves d'eau essentielles. En février, "l'ensemble des nappes affichaient des niveaux sous les normales et 80% des niveaux étaient modérément bas à très bas", indiquait le Bureau des recherches géologiques et minières, en mars dernier. Selon le BRGM, la situation était "inédite" et inquiétante avec un état "dégradé". En juin, les niveaux des deux tiers des nappes phréatiques françaises se situaient toujours sous la normale. Au 6 août 2023, le niveau des nappes était très bas dans 12 départements, selon les données recueillies par le site Info-secheresse.fr : Loir-et-Cher, Indre, Cher, Nièvre, Puy-de-Dôme, Loire, Haute-Loire, Isère, Lozère, Pyrénées-Orientales, Hérault et Alpes-Maritimes.

Les niveaux des nappes phréatiques, département par département, au 6 août 2023
Les niveaux des nappes phréatiques, département par département, au 6 août 2023 © Visactu

La sécheresse des sols (qui n’absorbent plus et laissent ruisseler l’eau), la diminution des précipitations et l’évaporation due au réchauffement climatique sont en partie responsables de ce faible taux de rechargement des nappes phréatiques, rappelle également Chloé Nabédian.

Les nappes ne se rechargent pas en été

Les pluies tombées au milieu de l'été s'annonçaient donc comme une bonne nouvelle, sauf que les nappes phréatiques n'en profitent pas, car elles ne se rechargent pas en été : "Actuellement, il pleut, mais le sol était très sec et c'est le sol qui se recharge en premier", explique Vazken Andreassian, hydrologue à l'INRAE (Institut National pour la Recherche en Agriculture, alimentation et Environnement). Cette eau est aussi absorbée en priorité par les cultures et la végétation : "C'est tout bénéfice pour l'agriculture, là où il y a encore des cultures, mais pour les nappes phréatiques, il faudra attendre", précise-t-il sur franceinfo ce dimanche. Il rappelle l'importante des précipitations l'hiver : "Il faut attendre un vrai hiver pluvieux pour avoir une recharge".

Risque-t-on de manquer d'eau si ce n'est pas le cas ? "Si vous avez une troisième année de sécheresse, on manquera d'eau. Les probabilités pour qu'on ait trois années de sécheresse à la suite sont quand même très faibles. Pour l'instant, il n'y a aucune raison de penser que l'hiver prochain soit particulièrement sec", tempère Vazken Andreassian.

Les nappes ne vont donc pas se recharger complètement cet été, mais la situation s'améliore dans plusieurs départements comme la Meurthe-et-Moselle qui est passée d'alerte renforcée à la situation d'alerte. La sécheresse est moins critique également dans la Sarthe qui ne compte plus que deux bassins en crise ou encore dans le Bas-Rhin. "Des niveaux ont toutefois pu se stabiliser voire légèrement remonter fin juillet" confirme le BRGM. Cela concerne notamment les nappes du Massif armoricain (Bretagne à nord Vendée). Elles "observent une petite recharge en fin de mois".

Pas d'amélioration dans les Pyrénées-Orientales

"Les nappes ne se sont pas rechargées parce que le peu d'eau qui est tombée, soit la tramontane l'a séché, soit la végétation l'a pris. On va vraiment vers des moments très durs", déplore Nicolas Garcia, premier vice-président du conseil départemental des Pyrénées-Orientales en charge de l'eau, et maire d'Elne. Il estime ne "pas être sorti de l'auberge avec la sécheresse" malgré les "économies d'eau faites", notamment sur la côte touristique. Le département est en "crise sécheresse" jusqu'à fin septembre, avec des restrictions d'usage de l'eau prolongée jusqu'à cette date.

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