Près de 200 personnes réunies à Château-Gontier-sur-Mayenne contre l'extension de la carrière Lafarge

Les masques avaient été fabriqués la veille. Chacun était en papier épais et représentait une espèce menacée par le projet : renard, grenouille, scarabée,... Près de 200 personnes, dont des enfants, ont manifesté samedi 23 mars à Château-Gontier-sur-Mayenne. Le cortège a déambulé dans les rues du centre-ville pendant près de 2 heures. L'objectif : montrer son opposition au projet d'extension de la carrière Lafarge sur 50 hectares entre Château-Gontier-sur-Mayenne et Marigné-Peuton.

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La préfecture a autorisé l'extension, mais elle n'est pas du goût des habitants ni de la municipalité, puisque le cimentier veut s'étendre en empiétant sur un corridor écologique. Cela impliquerait la suppression de 28 hectares de zones humides et de forêts, 44 espèces animales protégées vivent dans le secteur.

En première ligne pour tenir la banderole, Verena et ses trois enfants "Il faut sauver les animaux", lance illico le plus âgé. "Ils nous ont questionnés et on leur a expliqué pourquoi on venait marcher. Ils adorent jouer dans les arbres, dans la nature, donc ça leur parle. On veut montrer l'exemple et puis leur dire que l'on a aussi le droit de donner notre avis", explique la mère de famille. Elle fait partie de ceux qui donnent de la voix lors des slogans.

"On piétine nos forêts, c'est dégueulasse"

Certains ont des pancartes, celle d'Ethan est très claire : "Quand vous n'aurez plus d'eau, vous pourrez boire du sable". L'extension de la carrière toucherait en effet une nappe phréatique très importante sur le territoire et qui pourrait s'avérer utile lors des prochains épisodes de sécheresse. "On piétine nos forêts, nos terres agricoles. Ce qui est franchement dégueulasse parce qu'on va perdre plein de forêts juste pour une extension nulle. Nous enlever ça, c'est un peu nous enlever notre part de la Mayenne", clame l'étudiant.

Ethan est venu avec Marius, un ami qui habite également à Château-Gontier-sur-Mayenne : "C'est ma première manifestation. Je vis dans la campagne, j'ai connu ça toute ma vie et voir que c'est détruit, ça me déçoit. On essaye de faire avancer les choses et puis finalement, ça recule. Je suis dépité."
Simon est le bénévole de l'association derrière le mégaphone : "On nous prend pour des gens stupides. Ils ont avancé des arguments bidons. On a du sable à peu près partout en France et on peut concasser de la roche pour faire du sable. Il faut arrêter de nous mentir et de nous dire que ce sable va être utilisé localement. C'est l'un des arguments utilisé pour que le préfet dise que c'est d'intérêt public. Ça ne l'est pas du tout", tranche le jeune bénévole.

La mairie utilise toutes les armes possible

Les habitants sont soutenus par la municipalité. Le maire Philippe Henry, a d'ailleurs tenu à prendre la parole en fin de cortège. Il y a actuellement un recours en justice contre l'arrêté préfectoral qui autorise cette extension, mais la mairie ne s'est pas arrêté là dans sa lutte. Il y a un an, le conseil municipal a voté un PLU, un Plan local d'urbanisme, qui n'inclue pas l'extension de la carrière. "Sur ce sujet, il y a des bons dossiers et il y a des mauvais dossiers. Celui ci en est un mauvais. On considère qu'on doit le combattre et qu'il faut vraiment y mettre toutes les voies, les moyens juridiques et républicains pour le faire", explique l'élu.

La préfecture, favorable au projet d'extension, et le groupe Lafarge ont attaqué la mairie en justice contre ce PLU. Jeudi 21 mars, la rapporteur publique du tribunal administratif de Nantes a écarté les arguments des partisans de l’extension de la carrière. Elle a par exemple estimé que le site n’était "pas identifié comme d’intérêt national ou régional".

Un signal positif pour le maire de la commune et président de la communauté de commune du Pays de Château-Gontier-sur-Mayenne "C'est une satisfaction de se dire que les arguments qui ont été apportés par la collectivité ont été entendus." Philippe Henry a également apprécié la fermeté du Ministère public "Elle a eu des mots forts sur le fait, qu' aujourd'hui, le PLU prévaut par rapport aux différents arrêtés qui ont été pris. Ça, c'est clair." Selon lui, la rapporteur a été "assez véhémente", ce qui montre qu'il y a une "prise de conscience générale sur la question environnementale."

Le maire a enfin tenu à affirmer qu'il ne se battait pas pour lui, "Les modélisations prévoient des problèmes d'eau pour 2038, nous on ne sera plus là à ce moment-là. En revanche, on est en train de travailler pour les générations futures, c'est notre responsabilité." La décision du tribunal est attendue dans trois semaines, sur ce litige autour du PLU.

Retrouvez les images de la manifestation