Pollution de la Seine : à moins de quatre mois des Jeux Olympiques, la baignade toujours impossible à cause de bactéries

Les Jeux Olympiques de Paris commencent dans moins de quatre mois. Et ce lundi, l'ONG Surfrider Foundation met en garde contre l'état "alarmant" des eaux de la Seine, où doivent pourtant se tenir plusieurs épreuves. Selon une étude menée par l'ONG depuis six mois, plusieurs prélèvements réalisés à Paris révèlent la présence de plusieurs bactéries à des niveaux "au-dessus, voire très largement au-dessus" des seuils recommandés.

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Ces prélèvements ont été faits à hauteur du Pont de l'Alma et du Pont Alexandre III, où doivent justement se dérouler les épreuves de natation marathon, de triathlon et de para-triathlon l'été prochain. Parmi les 14 prélèvements réalisés, 13 révèlent la présence de certaines bactéries, notamment l'Escherichia coli et les entérocoques, à des niveaux supérieurs aux normes définies par la Fédération internationale de natation.

Les seuils de qualité de l'eau se dégradent particulièrement après des épisodes pluvieux de très forte intensité, qui entraînent la saturation des égouts et le rejet des eaux usées dans la Seine.

"On est deux à trois fois au-dessus des normes minimum impératives pour une pratique saine des athlètes pendant la saison", alerte Marc Valmassoni, Coordinateur de campagne chez l'ONG. "En termes sanitaires, ils sont exposés à des pathologies comme la gastro-entérite, la conjonctivite, l'otite ou des problèmes cutanés".

"Nous serons au rendez-vous"

"Il n'a jamais été question d'ouvrir la baignade dans la Seine toute l'année", a répondu sur Franceinfo le préfet de région Marc Guillaume, pour qui "cela n'a pas de sens d'aller faire des prélèvements actuellement" puisque "les usines de désinfection ne fonctionnent pas à l'heure actuelle".

Les conditions météo permettant la baignade dans la Seine ("Fort ensoleillement, faibles précipitations, longue durée diurne, débit faible du fleuve") sont "inatteignables l'hiver", a fait valoir de son côté Pierre Rabadan, l'adjoint aux JO et à la Seine de la mairie de Paris. "Je ne suis pas du tout inquiet", "nous serons au rendez-vous de cet été 2024", a-t-il assuré. "La qualité de la Seine continue de s'améliorer progressivement, en été comme en hiver".

D'autres analyses transmises fin 2023 à l'AFP par la mairie avaient déjà montré qu'entre juin et septembre 2023, aucun des 14 points de prélèvement parisiens de l'eau n'avait atteint un niveau de qualité suffisant au regard des directives européennes. Et, en août 2023, la répétition générale de plusieurs épreuves olympiques avait dû être annulée en raison de seuils de qualité d'eau nettement dépassés.

Des bassins de stockage opérationnels "d'ici quelques semaines"

Mairie et préfecture rappellent que cinq grands ouvrages devant permettre d'assurer une Seine propre l'été seront opérationnels "d'ici quelques semaines". L'État et les collectivités ont injecté 1,4 milliard d'euros pour rendre le fleuve baignable. La mairie de Paris compte notamment sur le nouveau bassin de rétention, tout près de la gare d'Austerlitz, pour stocker les eaux de pluie. Mais pour l'ONG, ce ne sera peut-être pas suffisant. "Le bassin ne pourra pas stocker l'ensemble du ruissellement si un évènement pluvieux est très important", assure Marc Valmassoni de Surfrider Foundation. "Donc, à partir du moment où il sera en incapacité de tout stocker, les eaux supplémentaires vont complètement ruisseler ou se déverser dans la Seine". D'ici les Jeux olympiques, toutes les péniches devront également être raccordées au réseau d'assainissement

"D'autres ouvrages sont prévus dans le 93 et dans le 94", livrables avant les Jeux olympiques, souligne Pierre Rabadan. D'ici les Jeux olympiques, toutes les péniches devront également être raccordées au réseau d'assainissement.

Décaler les épreuves ?

En cas de "gros orage" ou "très forte pluie" rendant la Seine impropre, "il pourra être fait usage des jours de contingence" pour décaler les épreuves **"d'un ou deux jours", a également rappelé le préfet de région Marc Guillaume, qui a à nouveau estimé que "cette espèce d'alerte pour nous dire qu'il faut regarder pour un plan B n'a pas de sens". Le mois dernier, le préfet de la région Île-de-France avait réaffirmé qu'il n'y avait "pas de plan B" pour les épreuves de natation en eaux libres en cas de pollution de la Seine. Les épreuves de triathlon auront lieu les 30, 31 juillet et 5 août, et celles de nage en eau libre, désormais appelées "natation marathon", les 8 et 9 août. D'ici-là, Surfrider Fondation veut continuer ses prélèvements pour vérifier la qualité de l'eau, et réclame l'accessibilité aux lieux des épreuves "avant et pendant" toute la durée des Jeux.

Marc Guillaume assure qu'"il y aura une totale transparence sur les mesures qui seront prises dans la Seine" durant les Jeux olympiques. "Les fédérations seront très attentives tous les jours, avec nous, à ce que la qualité de l'eau soit mesurée. Ces qualités seront rendues publiques", a-t-il précisé.