Passer au contenu
Publicité

Les eaux de la source Perrier de Vergèze contaminées ?

De
  • Marie Dupin
Par

L'Anses, dans un rapport remis au gouvernement en octobre 2023, consulté par franceinfo et Le Monde, confirme la contamination généralisée aux bactéries, pesticides... des sources d’eau minérale naturelle exploitées par le groupe Nestlé en France. La source Perrier à Vergèze est concernée.

La source Perrier est à Vergèze, dans le Gard. La source Perrier est à Vergèze, dans le Gard.
La source Perrier est à Vergèze, dans le Gard. © Maxppp - GEORGES BARTOLI

En janvier dernier, franceinfo et le journal Le Monde avaient révélé l'utilisation de traitements interdits pour purifier l'eau des sources Perrier, Contrex, Vittel, Hépar, etc. toutes propriétés du groupe Nestlé Waters. Le rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) confirme ces révélations. Plus grave, les experts évoquent un "niveau de confiance insuffisant" pour garantir "la qualité sanitaire" des eaux minérales naturelles en bouteille de ces marques. L'Anses recommande au ministère de la Santé un "plan de surveillance renforcé".

Publicité

L'eau contaminée avant l'embouteillage

"La sécurité sanitaire de nos produits a toujours été garantie et reste notre priorité absolue" : telle fut la réponse du groupe Nestlé, fin janvier, aux révélations de franceinfo et du Monde sur l’utilisation de traitements interdits de purification de ses eaux minérales naturelles. Des eaux contaminées, mais traitées comme de la banale eau du robinet. Une tromperie présumée dissimulée pendant des années par la multinationale, qui était allée jusqu’à cacher des filtres dans des armoires électriques pour tromper les agents des contrôles sanitaires.

Or, pour toutes les marques d’eau minérale naturelle produites par Nestlé, l’Anses fait état de contaminations régulières des eaux brutes, c’est-à-dire des eaux avant embouteillage. Ses experts ont relevé la présence, dans des concentrations "parfois élevées" de bactéries type Escherichia coli ou entérocoques intestinaux, alors que la réglementation sur les eaux minérales naturelles précise bien que ces eaux doivent être totalement exemptes de bactéries, que ce soit après ou avant embouteillage.

L'ARS Occitanie au courant dès juin 2023 ?

À l’origine de cette expertise, commandée par le gouvernement, une demande d’appui scientifique et technique des agences régionales de santé Grand Est et Occitanie, où se situent les deux usines d’embouteillage du groupe Nestlé en France.

En juin 2023, dans sa lettre, le directeur de l’Agence régionale de santé d’Occitanie, Didier Jaffre, sollicite les services de l’Anses "au regard de la vulnérabilité" des ressources en eau du site de Vergèze, où est produite la marque Perrier. Il évoque la "présence de traitement interdits" dans l’usine, ainsi que des contaminations bactériologiques "régulières" concernant au moins "5 des 7 forages" du site Nestlé du Gard et "la présence de micropolluants". L’Anses fait aussi état de nombreuses contaminations par des pesticides pouvant parfois dépasser le seuil réglementaire autorisé, c’est-à-dire 0,1 microgramme par litre.

Leurs conclusions, remises au ministère de la Santé, sont sans appel : si Nestlé a eu recours à des traitements interdits, c’est bien en raison de très nombreuses contaminations de l’eau de ses captages. Des non-conformités qui attestent, selon la note transmise au ministère, d’un "niveau de confiance insuffisant" pour "garantir la qualité sanitaire des produits finis", c’est-à-dire les eaux minérales naturelles commercialisées par le groupe Nestlé.

Quelles solutions ?

Dans leurs conclusions, les experts de l’Anses invitent le ministère à mettre en œuvre un plan de surveillance renforcé des usines Nestlé, "considérant les multiples constats de contaminations d’origine fécale", "la présence chronique notable de micropolluants", et aussi "l’absence de paramètre permettant le suivi de la contamination virale des eaux". Ils rappellent surtout, noir sur blanc, qu’en cas de non-conformités détectées, les eaux des sources Nestlé "ne devraient pas conduire à la production d’eaux embouteillées".

Les réponses du gouvernement et de Nestlé

Contacté, le ministère de la Santé n’a pas voulu répondre aux questions de franceinfo, car la justice est saisie. Une enquête préliminaire pour tromperie est en effet ouverte dans les Vosges.

On ne sait pas, à cette heure, si un plan de surveillance renforcé a bien été mis en place. Quant à la direction de Nestlé, elle maintient que la qualité de ses eaux est conforme à la réglementation. L’entreprise, ayant obtenu du gouvernement une dérogation pour utiliser certains micro-filtres pourtant interdits par la réglementation européenne, assure avoir retiré tous les autres traitements illicites mis en place ces dernières années : filtres à charbon et filtres UV, pourtant nécessaires dans le traitement de l’eau potable pour assurer une désinfection efficace de l’eau.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined