Passer au contenu
Publicité

La mission Bougainville lancée depuis Roscoff : une première mondiale pour mieux connaître nos océans

Par

Les chercheurs tentent de mieux connaître le micro-plancton qui peuple les océans en réalisant des mesures. La mission Bougainville, lancée ce mardi à Roscoff, va permettre de radicalement changer d'échelle grâce au concours de la Marine nationale.

Les représentants de la Fondation Sorbonne Université, du CNRS, de l'Institut de l'Océan et les premiers étudiants volontaires de la mission Bougainville Les représentants de la Fondation Sorbonne Université, du CNRS, de l'Institut de l'Océan et les premiers étudiants volontaires de la mission Bougainville
Les représentants de la Fondation Sorbonne Université, du CNRS, de l'Institut de l'Océan et les premiers étudiants volontaires de la mission Bougainville © Radio France - Thomas Biet

C'est une petite révolution dans le monde de l'océanographie : la mission Bougainville, en préparation depuis plusieurs années, va rentrer dans sa phase active le mois prochain.

Publicité
loading

La Marine nationale va collaborer avec des scientifiques pour permettre des mesures du microbiome océanique (les planctons microscopiques, chaque litre d'eau comporte entre 10 et 100 milliards d'êtres vivants) de manière plus régulière et plus étendue. "Je ne connais aucune Marine nationale qui fait de la science ; beaucoup de marines prennent des données évidemment pour cacher des sous-marins par exemple, mais là, ces données seront utilisées par des scientifiques et le public pour étudier le plancton" se félicite Emmanuel Boss, professeur d'océanographie à l'université du Maine (USA) et chercheur au sein du Plankton Planet, l'un des organismes associés au projet.

Une masse de données beaucoup plus importante

Image de micro-plancton au microscope
Image de micro-plancton au microscope - DR

L'idée d'utiliser la formidable force de frappe de la Marine française, qui agit dans la deuxième zone économique exclusive la plus étendue au monde, est "géniale" pour le scientifique, car elle va permettre d'augmenter sensiblement les données recueillies : "C'est très cher d'envoyer des bateaux de recherche dans ces zones qui sont très éloignées tandis que la Marine est là toute l'année. La goélette Tara par exemple que l'on connaît bien en Bretagne a réalisé un ou deux échantillons pendant son passage sur zone alors que là, on va pouvoir couvrir beaucoup plus de temps et par exemple comparer les années avec El Nino et sans El Nino."

La rencontre entre deux mondes

Encore fallait-il convaincre les deux mondes, la rigidité militaire et l'épanouissement scientifique, de collaborer. L'un de ceux qui ont permis le lien est l'amiral Christophe Pazuck, directeur de l'Institut de l'Océan à Sorbonne Université et ancien chef d'état-major de la Marine : "L'idée initiale vient des chercheurs qui se sont dits que pour observer le microbiome océanique à une large échelle, il fallait trouver d'autres bateaux que les bateaux scientifiques. J'arrivais dans ce monde de l'université et quand j'ai proposé l'idée et cela a été très bien accueilli dans la Marine, car elle est chargée de protéger l'espace maritime français et quand on connaît son environnement, on est un meilleur marin".

Pas question évidemment de mettre en péril les secrets les mieux gardés des militaires : "On ne va pas sur des bateaux les plus pointus, on ne va pas sur des opérations les plus secrètes. Il s'agit d'agir en opportunité quand les choses sont possibles et quand les choses ne sont pas possibles, il n'y aura pas d'opération scientifique".

Les quatre premiers étudiants à prendre place à bord de deux navires de la Marine nationale en octobre 2023
Les quatre premiers étudiants à prendre place à bord de deux navires de la Marine nationale en octobre 2023 - DR

Un rôle de "nouveaux explorateurs"

Cette expédition d'Outre-mer sera pilotée par de jeunes étudiantes et étudiants de Sorbonne Université. Les quatre premiers ont été sélectionnés pour embarquer le mois prochain pour un an sur deux navires comme Volontaire Officier Aspirant "Biodiversité". Hugo Zaccomer, 23 ans, s'apprête à embarquer pour une année sur le BSAOM D'Entrecasteaux basé en Nouvelle-Calédonie : "Sur le bateau, on aura vraiment un rôle d'opérateur, mettre nos filets à l'eau, faire tous nos protocoles, traiter les données, regarder ce qu'on observe" énumère le jeune homme originaire de Toulouse qui participera aussi à la vie de l'équipage comme officier. Et quand on lui demande s'il se sent comme les explorateurs des siècles passés qui prenaient place à bord des goélettes, la réponse fuse : "Oui, complètement, il y a ce rôle de nouveaux explorateurs du microbiome qui est encore très peu connu, le fait de participer à ce mouvement vers l'avant des sciences dans la marine".

Une palette de nouveaux outils scientifiques

Cette mission a aussi permis de créer de nouveaux outils de prélèvement, beaucoup moins chers, conçus en open-source. Ce kit d'océanographie frugale (techniques peu coûteuses et reproductibles) est composé de six éléments : un collecteur à eau de mer, un collecteur à plancton, un système de filtration pour récolter la biomasse océanique, un microscope quantitatif en flux miniaturisé, une série de senseurs environnementaux peu coûteux et un microscope numérique ultra-compact, modulaire et ludique.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined