"J'en ai fait des cauchemars" : après un éboulement de falaise à Bourg, les habitants attendent les expertises

Aucun blessé à déplorer, mais une scène impressionnante. Samedi 2 mars, au lieu-dit Pain de Sucre à Bourg-sur-Gironde, un éboulement de falaise a été provoqué par les intempéries. Onze habitations, et vingt-deux habitants ont été évacués, cinq logements ont été placés en confinement par mesure de sécurité. Les occupants ont pu regagner leur maison dans la journée. Seules deux habitations ont été placées en péril imminent : un arrêté décrétant que le logement est inhabitable pour une durée indéterminée. L'une est inoccupée, l'autre est en rénovation.

Après une première réunion organisée entre la mairie et le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), de nouvelles expertises vont être menées ce lundi 4 mars pour voir quelles suites donner aux différentes restrictions mises en place. Pour le moment, les habitants qui ont été évacués n'ont pas le droit d'accéder à leur jardin.

Des coulées de boue et des morceaux de roche dans les jardins

C'est une image impressionnante, lorsque l'on rentre dans les différentes cours des habitants. On se retrouve nez à nez face à une falaise haute de 40 mètres. Son pied touche les différents jardins des maisons du lieu-dit Pain de Sucre. Même s'il est interdit d'y pénétrer, on aperçoit au loin des restes d'arbres emportés par les coulées de boues. Sylvie, dont la maison donne sur le pied de la falaise, se dit inquiète : "J'en ai fait des cauchemars, ça fait peur, je n'ai pas envie d'être sous les décombres".

Bruno et sa femme Jacqueline vivent ici depuis 35 ans. Elle concède ne jamais avoir vu ça : "C'est la première fois, donc c'est un peu angoissant". Depuis leur cuisine, face à la baie vitrée donnant sur le jardin, ils observent les dégâts : "Là-bas, derrière la cabane, il y a les rochers qui sont tombés" dit Bruno. Jacqueline ajoute : "Il faut qu'il arrête de pleuvoir d'abord, puis nous verrons ensuite comment ça va se passer".

Preuve du réchauffement climatique, cet éboulement de falaise inquiète, et peut-être faut-il s'attendre à ce que le phénomène se répète reconnaît Bruno : "Tous les gens qui habitent derrière des falaises savent les risques qu'ils encourent".

"Il faut au maximum bloquer la falaise"

La maison d'Adeline est en rénovation. Mais son logement a malgré tout reçu un arrêté de péril imminent. Concrètement, cela veut dire qu'elle est inhabitable temporairement, le temps de voir les résultats des expertises. Lorsqu'elle est arrivée chez elle samedi, la propriétaire, dont la maison n'est située qu'à quelques mètres du pied de la falaise, se souvient de la scène : "En allant derrière, c'est là où j'ai vu un rocher qui s'était décroché de la falaise et que tous les arbres étaient venus avec".

Les premiers conseils donnés par un géologue recommandent de ne surtout pas déblayer le terrain : "Il faut rien enlever, et il faut au maximum bloquer la falaise" explique Adeline. Sa maison étant en rénovation, d'autres aménagements pourraient être installés, à l'instar de blocs de roche pour bloquer le bas de la falaise.

Le réchauffement climatique sous les yeux

Les expertises vont en priorité examiner s'il y a des risques d'affaissements complémentaires. Le maire de Bourg-sur-Gironde, Pierre Joly, explique : "Ce que l'on a constaté, c'est que c'est dû aux quantités d'eau. Donc c'est sûr que si l'eau est évacuée, le risque est amoindri. Là-haut, c'est un plateau, de la vigne, et forcément, l'eau de ruissellement, il faut bien qu'elle passe quelque part".

Vu que l'éboulement a été provoqué par les pluies torrentielles, il y a bien là un exemple des conséquences du changement climatique sur la commune : "Ceux qui ne sont pas du tout conscients de la modification du climat, là on la voit. Ces modifications vont nécessiter des aménagements différents. Mais ça, ce sont les expertises qui vont nous permettre de l'imaginer" conclut-il.