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20 ans après AZF, "les populations sont désormais mieux protégées", assure un parlementaire

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Tandis que Toulouse commémore ce mardi les 20 ans de l'explosion de l'usine AZF, la plus grande catastrophe industrielle d'après-guerre en France, la question des risques industriels domine encore les débats. Le député Damien Adam, co-auteur du rapport parlementaire sur Lubrizol, nous répond.

Photographie du site AZF à Toulouse, un an après l'explosion. Photographie du site AZF à Toulouse, un an après l'explosion.
Photographie du site AZF à Toulouse, un an après l'explosion. © Maxppp - Christophe Fortin

L'histoire de Toulouse a basculé un vendredi matin de septembre 2001, dix jours après les terribles attentats de New York. Ce 21 septembre 2001, le hangar 221 sur le site AZF de Grande Paroisse explose. 31 personnes perdent la vie, 2.500 sont prises en charge par les secours pour des blessures, et près de 30.000 foyers sont matériellement sinistrés. Cette usine AZF, filiale de Total, fabriquait des produits chimiques et notamment des engrais. Elle était classée Seveso, mais personne, même au sommet de l'État, n'avait envisagé son explosion.

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Damien Adam est député LREM de Seine-Maritime. Il a été en février 2020 le co-auteur de la mission parlementaire sur l'accident de Lubrizol à Rouen en septembre 2019 et le risque industriel en France. 

Est-ce que 20 ans après AZF, vous diriez qu'on est davantage protégés, nous, les habitants proches des sites industriels ?

C'est évident, effectivement. À l'issue d'AZF, la France a mené une grosse opération de restructuration de son appareil législatif en créant notamment les PPRT (plans de prévention des risques technologiques) qui permettent de regarder à l'échelle de chaque bassin industriel les sites Seveso et les sites industriels qui nécessitent d'être contrôlés régulièrement, tous les ans pour les plus importants, et tous les trois ans pour les autres, et faire en sorte d'avoir des mesures d'adaptation à destination de la population pour éviter les accidents. 

Sur Lubrizol, il est évident que si on a eu zéro morts, zéro blessés et zéro immeubles détruits, on sait que c'est grâce à la législation et à l'évolution de cette législation. On a notamment déplacé des cuves de gaz. On a fait pas mal d'opérations sur les sites industriels, notamment sur celui de Lubrizol, et c'est certainement ce qui a permis, malgré l'incendie, d'éviter les morts et les blessés. 

A t-on réellement augmenté le nombre de contrôles dans les sites industriels classés Seveso ? La DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) a t-elle  les moyens humains pour renforcer ses contrôles ?

Si on regarde l'exemple de Lubrizol, avant l'incendie de 2019, le site avait été contrôlé en moyenne dans les cinq dernières années, tous les 6 mois. Évidemment, ça n'empêche pas qu'il y a eu l'incendie. Mais on ne sait toujours pas quelle est l'origine de l'incendie. Il y a eu des informations comme quoi ça aurait pu être éventuellement un radiateur sur un site voisin sur lequel des employés auraient pu mettre des vêtements à sécher. Il faut avoir à l'esprit qu'il y a eu 388 PPRT en France qui permettent de couvrir tous les sites industriels. Il y a 16.000 personnes qui sont concernées et pour lesquelles des mesures d'adaptation peuvent être prises pour les protéger et faire en sorte qu'on évite au maximum le risque.

Préconisez-vous aussi un contrôle renforcé dans les usines qui sont à côté de ces sites classés Seveso ?

Cela fait partie effectivement du plan d'action post-Lubrizol qui a été mis en place. Au-delà des sites Seveso, on va regarder les voisins des sites Seveso et des sites classés. Dans le cas de Lubrizol, on ne sait pas si c'est l'incendie a commencé chez Lubrizol ou chez son voisin, qui était un site non pas Seveso, mais classé et observé. Les inspecteurs des DREAL, dans le cadre de leur augmentation du nombre de contrôles, font maintenant 52% de contrôles en plus, pour vérifier tous ces sites qui ne sont pas forcément les plus regardés. On regarde dans un périmètre de 100 mètres autour des sites Seveso ce qu'il se passe pour être sûr de protéger au mieux la population. 

"Bientôt une nouvelle technologie par SMS pour avertir les population en cas d'accident industriel."

Vous aviez préconisé un bureau enquête accident pour les risques industriels, comme c'est le cas pour l'aviation. On en est où là-dessus ?

Il a été formellement mis en place quelques mois après l'incendie de Lubrizol. ll y avait besoin de modification de certains éléments législatifs pour faire en sorte que les contrôleurs de ce futur BEA puissent accéder aux pièces sous-scellés dans le cadre des enquêtes judiciaires. Et cette disposition a été votée dans le cadre de la loi "climat et résilience" qui a été adoptée cet été.  

L'autre point important de votre rapport concerne évidemment les riverains de ces sites industriels. Est-ce qu'aujourd'hui, en cas d'incident, d'accident, on peut encore alerter les habitants avec des sirènes ?

On s'est rendu compte effectivement, à l'issue de l'incendie de Lubrizol, que l'alerte de la population avec les sirènes n'était plus du tout adaptée au monde moderne. On est en train de mettre en place une nouvelle technologie dite du "cell-broadcast" qui sera déployée dans les prochains mois, avec application effective à partir de fin 2022 au plus tard. Cette technologie, c'est l'équivalent de l'envoi d'un SMS et on peut le faire en fonction de la localisation de la personne à un instant T pour prévenir en disant par exemple "vous êtes à 500 mètres d'un site qui est en train de brûler, voici ce qui se passe et ce que vous devez faire". 

C'est une technologie qui existe au Japon et aux États-Unis et que nous n'avions pas encore en France. Cela nécessite de contractualiser avec les opérateurs téléphoniques, d'installer des éléments dans les différentes antennes un peu partout dans le pays, donc c'est sûr que ça prend un peu de temps, mais la technologie est en cours de déploiement. On commence évidemment par les territoires principalement concernés par les risques industriels pour cibler en priorité ceux qui ont le plus de risques éventuels.

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