Abattage d'arbres touchés par le scolyte : nos paysages de montagne vont changer en Isère

La crise du scolyte, qui a largement frappé la région Grand-Est et des pays comme l'Allemagne, n'épargne pas le département de l'Isère désormais. Ce petit coléoptère ronge les résineux qui doivent donc être abattus.

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Des coupes rases dans le paysage

Des versants entiers victimes de coupes rases dans le massif de Belledonne. L'image sera de plus en plus fréquente à l'avenir. Et cela a déjà commencé. "Le scolyte, c'est un coléoptère qui a toujours été présent en forêt. Il n'était pas forcément gênant à l'origine, mais il l'est devenu avec le changement climatique. Le plus visible c'est effectivement en Belledonne. Ce scolyte attaque l'arbre sous l'écorce et coupe la circulation de la sève. L'arbre va mourir et dessécher", explique Guénaëlle Scolan, directrice de Fibois 38, qui regroupe les acteurs de la filière.

Diversifier les essences

Il existes plusieurs espèces de scolytes qui s'attaquent à différents arbres et de façon de plus en plus féroce : "Avec le réchauffement climatique, on a une augmentation du nombre de jours avec des températures positives. Cela peut permettre à l'insecte de créer une génération supplémentaire par an. On a un effet exponentiel des dégâts", indique Gilles Demoulin, technicien forestier à l'ONF et correspondant territorial du réseau DSF (Département de la Santé des Forêts).

Et il prévient pour l'avenir : "J'espère que je me trompe mais en quelques années, cinq à dix ans, des secteurs entiers pourraient avoir un aspect bien différent de ce que nous connaissons actuellement. On peut se retrouver avec des secteurs avec beaucoup de bois mort. Il y aura des secteurs de montagne où on ne pourra même pas aller chercher les bois. On parle de l'épicéa mais il y a aussi un scolyte sur le sapin. En 2023, on s'est retrouvé avec des dégâts sur l'épicéa et sur le sapin. Si les deux sont touchés, ça va devenir très compliqué." Selon lui, il faut diversifier la forêt au niveau des essences mais aussi de l'âge des arbres pour limiter la casse.

Un impact sur la filière

Le scolyte, c'est un des enjeux majeurs de la filière bois. S'en débarrasser est impossible ou presque. On sait d'ores et déjà que l'avenir se fera sans épicéa, alors il faut penser à l'avenir : "On est obligés de couper en urgence pour garder une valeur économique du bois. Dans le paysage, on commence à voir des coupes importantes. Il y aura de plus en plus de coupes massives pour essayer de passer à la suite et d'adapter la forêt. C'est à dire mettre d'autres essences forestières plus adaptées au climat de demain, comme le cèdre. On essaie de diversifier la forêt. L'avenir se fera sans épicéa, sauf en altitude", ajoute Guénaëlle Scolan.

Ce bois coupé massivement en un laps de temps très court engendre un "engorgement" au niveau de la filière et il y a une autre problématique : la couleur du bois. Un champignon accompagne le scolyte et rend le bois bleu. Cela ne change strictement rien à la qualité du bois mais il faut le faire accepter : "Un des gros enjeux de demain, c'est de faire accepter à l'ensemble des acteurs de la filière que ce bois bleui garde toutes ses qualités mécaniques s'il est utilisé à temps. Il y a une grande quantité de constructions bois qui peuvent être faites avec du bois bleu car les structures ne sont pas visibles. L'enjeu c'est de pouvoir utiliser ce bois bleui", explique Christophe Jenft, président de Fibois 38.

L'enjeu n'est d'ailleurs pas seulement économique puisque ces arbres complètement asséchés présentent également un risque au niveau des incendies, qu'il faudra surveiller à l'approche de l'été.