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Dix ans de la fondation Explore : "Tous nos paramètres à revoir pour préparer demain" selon Roland Jourdain

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Le skippeur Roland Jourdain fête les dix ans du fonds de dotation Explore à Concarneau avec trois "jeudis des explorateurs", des expositions et des visites gratuites autour de la low tech et de l'exploration.

Explore fête ses 10 ans ! Le fonds de dotation fondé par le skippeur et entrepreneur Roland Jourdain et Sophie Verceletto-Jourdain propose trois journées d'animations autour de l'exploration et de la "low tech" (technologie à moyens simples et accessibles). Au programme : visite du catamaran We explore, conçu pour moitié en fibre de lin, qui a participé à la dernière Route du Rhum, des tables-rondes, des expositions, des projections de film, des rencontres des équipes participantes, comme celle d'Under the Pole.

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France Bleu Breizh Izel : Qu'est-ce que vraiment Explore ?

Roland Jourdain : C'est un incubateur de projets à impact positif. Dans la région, on connait bien maintenant le centre d'entraînement à la course au large de-Port-la Forêt, où dans les années 90, on avait réussi à réunir quelques individualités pour s'améliorer en groupe, pour partager, pour être meilleurs sur l'eau, et le centre d'entraînement a gagné ses médailles. Explore, en dix ans, c'est devenu un centre d'entraînement à l'exploration du monde de demain, qui regroupe un certain nombre de projets, d'expéditions qui vont partout dans le monde, mais aussi très près de chez nous, pour explorer le monde de demain sur la base commune qu'on a définie. Cette base commune, c'est que l'on est sur une planète qui est bien finie, mais qu'il y a une infinité de solutions à trouver pour vivre ensemble et se ré-harmoniser avec le vivant. On a des professeurs Nimbus avec Explore les Corentin de Chatelperron (Low tech lab), Emmanuelle et Ghislain Bardout dans les expéditions Under the Pôle. On est dans le monde de la low tech, du recyclage de plastique, de l'émerveillement sous-marin.

La low tech n'est plus un "truc du Moyen-Âge"

La low tech, il y a dix ans, personne n'en parlait vraiment. C'était un truc du Moyen-Âge : comment revenir à des systèmes simples pour répondre à nos usages de base qu'on trouvait dans des favelas, dans des bidonvilles, dans des petits villages d'Asie. Dix ans après, tout le monde parle de sobriété. Je me rappelle de notre départ avec Nomade des mers, il y a six ou sept ans, on était une cinquantaine sur le ponton à Concarneau. L'année dernière, au retour de Nomades des mers, c'est plus de 20.000 personnes qui étaient là.

La low-tech, ce sont des fours solaires, des frigos du désert... Des petits gestes ! C'est suffisant aujourd'hui ?

Ce qui est passionnant dans l'exploration, à l'autre bout du monde ou au bout du trottoir, du ponton, du quai, c'est qu'il y a toujours quelque chose à découvrir ! On a effectivement un effet de levier tous ensemble. Si on imagine une petite chose, si on ouvre un tiroir, on va découvrir quelque chose. C'est ce que j'ai pu voir chez Explore. En fait, on avait ce sentiment avec Sophie (Vercenetto-Jourdain, co-fondatrice) que les choses ne se passeraient pas comme prévu dans le monde en général. C'est quelque chose qu'on apprend en mer. C'est comme ça qu'on a mis cette petite graine et l'arbuste a fleuri, c'est devenu un grand arbre. Il s'agit d'expérimenter et de coopérer. Coopérer, c'est hyper important. Dans la nature, 80 % des fonctionnements, c'est en coopération, pas en concurrence ou en compétition.

Et cela crée du lien ?

Ça remet du lien et ça inspire le plus grand nombre. De la technique à la relation sociale, il y a tout à faire dans cette exploration. Il ne faut pas attendre tout de la technique. Ce n'est qu'un outil au service des usages qu'on emploie, il faut changer nos regards, changer nos pratiques. Et c'est tout ça qui se fait dans ce centre d'entraînement à l'exploration du monde de demain. Venez en grand nombre, ces gens-là le valent vraiment, ils sont extraordinaires.

Vous invitez à visiter votre bateau We explore, conçu pour moitié en fibres de lin. C'est un symbole qui a tout de même couru la route du Rhum. Ça donne des idées ?

C'est là pour ça. À l'instar de la low tech dont on parlait tout à l'heure, je pense qu'on a tous nos paramètres à revoir pour préparer ce monde de demain. Dans le monde des matériaux, ces matériaux alternatifs, ce lin qui a fait la fortune de notre territoire en Bretagne, il n'y a pas si longtemps, le chanvre aussi, ont fait naviguer des milliers de bateaux. Avec nos technologies du troisième millénaire, depuis plus de dix ans maintenant, sur la partie Kaïros, la partie professionnelle, on s'occupe de le remettre au goût du jour, de faire des vraies alternatives à la fibre de verre. We Explore est là pour montrer le chemin professionnel réalisé, le chemin aussi dans l'intérêt général : Kaïros est devenu officiellement entreprise à mission.

Ca montre qu'il y a un modèle économique derrière ?

Ce bateau a traversé l'Atlantique (lors de la dernière Route du Rhum). Le chantier Hub à Concarneau fait des bateaux en série, en fibre de lin, on a collaboré. Il y a d'immenses débouchés : on a le meilleur lin du monde en France, mais 80 % de cette production part en Chine pour nous revenir sous forme de vêtements. On peut très "facilement" recréer une filière technique composite puisqu'on a parmi les meilleurs faiseurs de composite de bateaux, entre autres sur nos côtes. Il y a vraiment de l'avenir dans le végétal, même si ça ne sera pas aussi léger que le carbone, ce qui nous amène à nous réinterroger encore une fois sur les usages. Quel sera l'avenir de la course au large versus ses enjeux environnementaux ? Peut-être qu'il faut apprendre à ralentir. C'est un ensemble de questions que moi, je mets dans ce bateau We Explore, on ne prétend pas avoir les réponses sur tout, mais au moins, on essaye, on discute, on expérimente, on coopère et on espère en essayant d'inspirer le plus grand nombre.

Retrouvez le programme des animations.

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