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Rentrée scolaire : "Un enseignant devant chaque élève", la promesse de Gabriel Attal sera-t-elle tenue ?

Par
  • France Bleu

La fin des vacances approche. Ce lundi, des milliers d'élèves feront leur retour dans les classes. Mais auront-ils tous un professeur pour leur faire cours ? Oui, assure le ministre de l'Éducation, notamment grâce au "pacte" et aux contractuels. Les syndicats, eux, émettent de gros doutes.

"Il y aura un enseignant devant chaque élève", a réaffirmé Gabriel Attal cette semaine sur France Inter "Il y aura un enseignant devant chaque élève", a réaffirmé Gabriel Attal cette semaine sur France Inter
"Il y aura un enseignant devant chaque élève", a réaffirmé Gabriel Attal cette semaine sur France Inter © AFP - Antoine Boureau / Hans Lucas

La rentrée des classes ce lundi 4 septembre est redoutée par les professeurs et les parents alors que les enseignants risquent de manquer pour assurer les cours des élèves. Le ministre de l'Éducation Gabriel Attal a réaffirmé ce jeudi sur France Inter qu'il y aurait "un enseignant devant chaque élève" à la rentrée, notamment grâce aux contractuels et au pacte qui rémunérera davantage les enseignants qui accepteront d'assurer le remplacement des enseignants absents. Mais les syndicats ne croient pas en cette promesse qui pointent une pénurie persistante.

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Des contractuels à la rescousse

Début juillet, plus de 3.100 postes n'avaient pas été affectés à l'issue des concours enseignants. Gabriel Attal a assuré ce jeudi que ces postes étaient "déjà très largement pourvus" avec des contractuels "qui seront formés avant leur prise de fonction" pour pallier le manque de professeurs. "90% d'entre eux exerçaient déjà l'année dernière et ils sont très engagés pour les élèves", a rappelé le ministre. Selon lui, les enseignants contractuels représentent 4 à 5% des enseignants en France.

À Besançon (Doubs), 230 contractuels âgés entre 20 et 68 ans ont suivi une formation au collège Joseph Proudhon de quelques jours avant la rentrée. "On a appris comment gérer un cours, aujourd'hui, on apprend comment gérer une classe, et demain tout le référentiel, histoire de bien se débrouiller pour n'avoir aucun problème", expliquait Quentin Tardieu, jeune contractuel à France Bleu Besançon. Il se retrouvera devant des élèves dans quelques jours. Mais le principal du collège qui assure la formation l'admet : "En quatre jours, c'est un peu juste". La Direction des services départementaux de l'Éducation Nationale (DSDEN) du Territoire de Belfort a, elle, recruté treize contractuels, rapporte France Bleu Belfort Montbéliard.

Encore des trous dans la raquette ?

Mais pour beaucoup de professeurs, le recrutement de contractuels ne va pas suffire pour permettre le remplacement de tous les postes non pourvus. Ketty Valcke, professeur d'histoire-géographie au lycée à la Cité Scolaire Paul Valéry dans le 12e arrondissement, est persuadée "qu'il n'y aura pas un prof devant chaque élève à la rentrée, même si le rectorat met le paquet pour trouver des contractuels", a-t-elle assuré sur France Bleu Paris. "Il est certain que nous aurons des écoles avec des membres du personnel manquants, en particulier du personnel enseignant" abonde Éric Pinot, président de la FCPE de la Haute-Garonne.

Dans l'académie de Besançon par exemple, les cases de certains emplois du temps pourraient être vides au mois de septembre. Une cinquantaine d'emplois reste à pourvoir, les chefs d'établissements tentent de trouver des solutions. À Annecy, Stéphane Larrieu, proviseur d'un lycée, manque de "deux professeurs, en mathématiques et en économie-gestion", rapporte France Bleu Isère.

Le pacte, une mesure boudée par les enseignants ?

Le ministre de l'Éducation croît beaucoup dans le pacte proposé par le chef de l'État pour assurer le remplacement des absences les plus courtes. Cet engagement réciproque suppose de rémunérer davantage les enseignants qui accepteront d'endosser des missions supplémentaires, pour assurer le remplacement des enseignants absents. Sur France Inter, Gabriel Attal n'a pas précisé le nombre d'enseignants l'ayant signé, mais Ketty Valcke estime qu'"une grande majorité a refusé de s'engager dans le pacte, tout simplement parce qu'on travaille beaucoup". Enseignant en CM2 dans une école classée REP à Orléans, Rémi Dupeyrat est persuadé que ce pacte va désorganiser les établissements : "Si certains adhèrent au pacte au collège, ça veut dire qu'on ne va pas pouvoir faire nos réunions à ce moment-là, donc ça va être encore une organisation à mettre en place", explique à l'AFP ce syndiqué au SE-Unsa. Dans la même école, Coline ne "veut pas prendre le pacte" comme "97%" de son équipe.

L’adhésion à ce pacte enseignant devrait être très faible ajoute Bertrand Buffetti, du syndicat SNES-FSU en Normandie : "Selon les premiers retours, les chiffres ne sont pas aussi optimistes que ceux du ministère au mois de juin. Il parlait de 30 %, rappelle ce professeur de mathématiques, invité de France Bleu Normandie (Calvados-Orne)Là, je pense qu'on ne sera même pas à 10 % des enseignants. Dans mon établissement, le lycée Fresnel à Caen, je sais qu'il y en a pas un seul sur la centaine d’enseignants" assure-t-il.

Des modules en ligne pour remplacer les professeurs absents

Si Gabriel Attal assure que chaque classe disposera d'un enseignant à la rentrée, le ministère a tout de même pris des dispositions en cas de non-remplacement de professeurs. Un décret paru début août au Journal officiel définit les nouvelles règles de remplacement, quand un professeur de collège ou lycée sera absent moins de 15 jours. S'il n'y a pas d'autre enseignant disponible pour le remplacer, les élèves pourront suivre des modules numériques. Les collégiens et lycéens pourront s'installer derrière des écrans, sous l'œil d'un assistant d'éducation appelé parfois plus officieusement "surveillant". Les "surveillants n’auront sans doute pas les moyens d’aider tous les élèves" a dénoncé Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU sur franceinfo. Elle estime que "la responsabilité est renvoyée" sur ces surveillants.

"Une formation dès l'après-bac" pour les enseignants

Quelques jours avant la rentrée, Emmanuel Macron a déclaré vouloir "une formation dès l'après-bac" pour les enseignants, afin de permettre aux jeunes d'être formés plus tôt à ce métier et donc de recruter davantage. En visite à Orange (Vaucluse) ce vendredi 1er septembre, le chef de l'État demandé au ministre de l'Éducation Gabriel Attal de travailler sur ce sujet. Il souhaite une formation "professionnalisante, plus visible, qui va nous permettre de mieux planifier nos besoins et en quelque sorte de revenir à un système qu'on connaissait par le passé, qui fonctionnait, qui est un peu celui des Écoles normales". "Il faut qu'on puisse permettre à nos jeunes bacheliers et bachelières qui veulent aller vers ce beau métier d'être formés aux savoirs fondamentaux nécessaires au métier d'enseignant dès l'après-bac, d'avoir une formation intégrée, ce qui nous permettra aussi par rapport aux besoins qu'on connaît d'ici 3, 4, 5 ans d'avoir le bon système de recrutement et pas simplement d'ouvrir des concours année après année", a-t-il ajouté.

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