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"On a du mal à faire émerger Toulouse sur la carte" des universités se défend la Toulouse School of Economics

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Joël Echevarria, le directeur de la Toulouse School of Economics, défend ce mercredi matin le projet de regroupement de son école avec l'université Paul-Sabatier et l'ISAE-SupAéro. Elles veulent créer un pôle d'excellence pour éviter le "déclassement annoncé" des universités toulousaines.

Joël Echevarria, le directeur exécutif de la Toulouse School of Economics, défend le projet de création de la Toulouse Tech University. Joël Echevarria, le directeur exécutif de la Toulouse School of Economics, défend le projet de création de la Toulouse Tech University.
Joël Echevarria, le directeur exécutif de la Toulouse School of Economics, défend le projet de création de la Toulouse Tech University. © Maxppp - XAVIER DE FENOYL/PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI/

L'annonce secoue le monde universitaire toulousain. Emmenés par la Toulouse School of Economics, l'université Paul-Sabatier et l'ISAE-SupAéro veulent créer la Toulouse Tech University dès l'année prochaine. Un projet d'excellence qui ne passe pas dans la communauté universitaire. Les universités de Toulouse discutent déjà depuis plusieurs mois pour se regrouper dans une nouvelle entité.

Joël Echevarria, le directeur exécutif de la Toulouse School of Economics, était l'invité de France Bleu Occitanie ce mercredi matin. Il défend un projet nécessaire pour rendre les universités toulousaines attractives.

Joël Echevarria, vous voulez donc créer une nouvelle université dès l'an prochain à Toulouse ?

C'est évidemment un poil plus compliqué. Il faut comprendre que l'université, c'est un lieu où se partage du savoir et se crée du savoir. À Toulouse, nous avons la chance d'avoir un potentiel de recherche et d'enseignement qui est l'un des premiers en France, le deuxième après Paris. Malheureusement, sur ce potentiel là, on a du mal à faire émerger Toulouse sur la carte. 

Depuis quelques années, l'État s'est lancé dans un processus de labellisation de sites, et Toulouse, avec Lyon par exemple, font partie des deux seules grandes villes à n'avoir aucun label. Aujourd'hui, ce que nous proposons avec l'université Paul-Sabatier, qui est la plus grosse à Toulouse, la TSE, l'ISAE et d'autres, c'est une offre qui soit suffisamment lisible et attractive pour intéresser le jury qui labellise ces projets et pour attirer et drainer autour de nous une énergie nouvelle. Nous considérons que les projets qui étaient pour l'instant sur la table ne correspondaient pas à ces critères.

Il y a quand même quelque chose qu'on ne comprend pas. Ça fait des années qu'il y a un projet de regrouper toutes les universités, les écoles toulousaines avec le soutien de la Métropole et de la Région. Et là, vous nous dites finalement, un peu du jour au lendemain, on fait bande à part...

On ne peut pas dire qu'il y a un projet depuis des années. Il y a des projets depuis des années, dont deux qui ont déjà échoué auprès du grand jury. Les mêmes recettes reproduites en 2022 ont peu de chances de fonctionner alors qu'elles ont échoué à deux reprises par le passé. Et donc, il y a, non pas depuis 15 jours, mais depuis plus d'un an, des personnes qui alertent sur les risques d'un nouvel échec, qui alertent sur la faiblesse des projets sur lesquels certains travaillent. 

Nous avons alerté les élus, nous avons alerté les collègues sur le site. Ça fait un an que nous alertons, par exemple, l'université de Toulouse Capitole et nous avons constaté au fil du temps que cette alerte n'était pas prise en compte. En novembre, Jean Tirole, prix Nobel d'économie je le rappelle, a publié une tribune cosignée par huit autres chercheurs alertant la communauté et les élus sur le risque de présenter un projet faible. Il n'a eu aucune réponse et donc nous avons décidé d'avancer de notre côté.

Pour résumer, vous dites : "il faut aller vite". On va créer dans un premier temps un pôle d'excellence scientifique. On verra plus tard pour les sciences humaines. Il faut comprendre ça comme ça ?

Ce n'est pas tout à fait ça puisque la science économique est déjà une science qui est à la croisée entre les sciences sociales et les sciences dures. À TSE, il y a un institut qui s'appelle l'IAST qui, lui, travaille directement sur les sciences sociales. Nous avons des anthropologues, des biologistes, des philosophes, des historiens.

Nous, ce que l'on veut, c'est créer une dynamique et autour de cette dynamique, d'autres pourront évidemment se greffer. Mais nous pensons, comme lorsque vous faites un feu dans votre cheminée, qu'il faut d'abord qu'il y ait un foyer central, un focus où il y a beaucoup d'énergie. Cette énergie, ensuite, se diffuse au reste de vos bûches, dans votre cheminée. Vous n'allumez pas votre feu aux quatre coins de la cheminée.

Mais votre école fait partie de l’université Toulouse Capitole. Vous pensez vraiment que Toulouse Capitole va accepter de vous perdre ?

Il ne s'agit pas de perdre la TSE. Il s'agit de trouver des solutions pour qu'un projet émerge.

Mais vous ne ferez plus partie de Toulouse Capitole ?

On fera partie d'un ensemble dans lequel tout le monde fera partie d'autre chose. Nous sommes tous d'accord pour dépasser nos frontières actuelles, pour aller vers autre chose. Et aujourd'hui, Toulouse Capitole soutient un projet qui est très flou sur le sujet. Et d'ailleurs, on peut penser que dans ce qui est flou, il y a, à terme, de toute façon une perte pour Toulouse Capitole, si ce n'est sa personnalité morale, du moins sur l'autonomie si demain les diplômes sont signés par l'université fédérale, et si demain la politique scientifique du terrain est décidée par l'université fédérale. Donc, cette question technique n'en est pas une. Lorsqu'il y a une volonté, il y a un chemin et on trouvera les solutions. Il faut les trouver. 

Vous dites que Toulouse risque un déclassement annoncé. On en est vraiment là en terme d'attractivité universitaire ?

Bien sûr ! Aujourd'hui vous avez une dizaine de pôles qui sont repérés en France avec des petits drapeaux en disant là, il y a des filières d'excellence et l’État les a reconnues comme telles. On peut contester le processus de labellisation, mais c'est la règle du jeu dans laquelle nous sommes. 

Et aujourd'hui, lorsqu'un étudiant ou un chercheur étranger regarde la France, il va être attiré par des pôles qui sont déjà sous les projecteurs. Vous êtes attiré par Paris-Saclay, par Marseille, par Bordeaux, par Montpellier. Et à Toulouse, il va constater qu'il n'y a pas de label, il va se dire : "mais pourquoi donc il n'y a pas de label à Toulouse ?"

La Toulouse Tech Université pourrait même ouvrir l'an prochain. C'est ce que vous dites. On entend dire que le projet est même arrivé à l’Élysée. Il en dit quoi Emmanuel Macron ?

Je ne sais pas ce que dit Emmanuel Macron, et bien prétentieux celui qui pourrait dire ce que l'on en dit. Ceci étant, l'organisation de l'enseignement supérieur en France est une des missions régaliennes de l'État. Donc le ministère, Matignon et l’Élysée s'occupent de ça. Les collègues qui dirigent le savent très bien, puisque eux-mêmes sont reçus à l’Élysée pour en parler, c'est normal. 

Et le plan "Investissements d'avenir" a été décidé à l’Élysée, a été relayé par le gouvernement. C'est normal que des élus nationaux et régionaux se préoccupent de ça. Simplement, on essaye d'apporter des éclairages parce que ce que l'on constate sur le terrain, c'est que parfois, les élus ont des analyses qui sont un peu biaisées et on essaye de modifier cet état des lieux.

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