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Visite d'un chantier exceptionnel à Bordeaux : 8 navires de guerre déconstruits, 30.000 tonnes de ferraille recyclées

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C'est le premier d'une série de 8 bateaux militaires qui vont être déconstruits sur le Grand Port Maritime de Bordeaux. Long de 157m, l'ex-Meuse, ancien pétrolier-ravitailleur de la Marine nationale, est découpée pièce par pièce dans une immense cale sèche à Bassens.

L'ex-Meuse, ancien pétrolier-ravitailleur de la Marine nationale découpée pièce par pièce à Bassens, sur le Grand Port Maritime de Bordeaux. L'ex-Meuse, ancien pétrolier-ravitailleur de la Marine nationale découpée pièce par pièce à Bassens, sur le Grand Port Maritime de Bordeaux.
L'ex-Meuse, ancien pétrolier-ravitailleur de la Marine nationale découpée pièce par pièce à Bassens, sur le Grand Port Maritime de Bordeaux. © Radio France - Jules Brelaz

Rien ne se perd, tout se récupère, même sur d’anciens bateaux de guerre ! C'est la première fois qu'une équipe de journalistes accède au poste 429 du pôle naval de Bassens. Ce mardi 9 avril, le Grand Port Maritime de Bordeaux organise une visite du chantier de déconstruction de 8 navires militaires. L'ex-Meuse, l'ex-Suffren, frégate lance-missiles, et l'ex-Montcalm, frégate anti-sous-marine, seront les trois premiers vaisseaux à être démantelés après avoir été au préalable désamiantés.

"Là, vous avez une opération de découpe au chalumeau", explique Nicolas Masson, directeur régional de Cardem, en montrant du doigt la coque transformée en gruyère de l'ex-Meuse. Depuis 
le 5 mars dernier, l'ancien pétrolier-ravitailleur de la Marine nationale est démantelé dans "la forme", un immense bassin d'où l'eau de la Garonne est pompé comme dans une sorte d'écluse. Dans cette cale sèche s'affairent une trentaine d'ouvriers et des tractopelles qui semblent minuscules du haut du quai. Les chalumistes sont équipés de combinaison intégrale pour se protéger des émanations toxiques de métal et de peinture brûlée.

"C'est un chantier exceptionnel au vu du nombre important de bateaux à démanteler", ajoute Jean-Frédéric Laurent, le directeur du Grand Port Maritime de Bordeaux. "On a trois ans d'activité devant nous. Et si nous avons été choisi, c'est parce que Bordeaux est l'un des 18 sites européens qualifiés pour réaliser ces opérations de déconstruction."

Après 35 ans de service, l'ex-Meuse est découpée sur le Grand Port Maritime de Bordeaux.
Après 35 ans de service, l'ex-Meuse est découpée sur le Grand Port Maritime de Bordeaux. © Radio France - Jules Brelaz

En regardant les immenses coques être découpées, le capitaine de vaisseaux à la Marine nationale Grégory Lerenard dit ressentir un pincement au cœur. "Bien sûr, parce que souvent, ce sont des bateaux sur lesquels on a servi. La Meuse, elle a accompagné les porte-avions durant tout son déploiement pendant 35 ans, les porte-avions Foch, Clémenceau. Et elle a participé aux opérations avec le Charles-de-Gaulle, notamment après le 11 septembre, le navire ravitaillait le groupe naval en carburant et en nourriture, c'était la station-service", raconte le directeur adjoint du service de soutien de la flotte de Brest.

Parti pour durer jusqu'en 2026, le chantier de déconstruction est réalisé par le groupement d'entreprises ayant remporté l'appel d'offres lancé par la Marine nationale. Il s'agit des sociétés Cardem (filiale de Vinci), Snadec Environnement (désamiantage) et Sirmet (recyclage). Le découpage de la coque de l'ex-Meuse devrait durer six mois. Puis ce sera au tour du Montcalm attendu à Bordeaux le 17 avril, puis au Suffren, actuellement en cours de désamiantage. Viendront ensuite l'ex-Jean-de-Vienne, l'ex-Cassard, l'ex-Albatros, l'ex-Georges-Leygues et l'ex-Entrecasteaux, pour certains encore amarrés à Brest ou Lorient.

"On est en train de faire de l'économie circulaire, se félicite Nicolas Masson, directeur régional de Cardem, puisqu'on a des bateaux qui vont devenir des métaux qui vont servir à refaire de la construction, qui finiront peut-être dans vos voitures ou vos casseroles, ou dans une torche olympique par exemple."

Le montant du chantier n'est pas connu. Fidèle à sa réputation, la Marine nationale reste muette, plaidant "le secret des affaires".

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