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Shrinkflation : comment le gouvernement veut rendre visible la baisse des quantités vendues au même prix

Par
  • France Bleu

Pour mieux informer les consommateurs en cas de "shrinkflation", cette pratique qui consiste à vendre un produit en quantité réduite au même prix, voire plus cher, le gouvernement prépare un arrêté contraignant, soumis à Bruxelles, qui pourrait être applicable à la fin du mois de mars.

Un cas de shrinklflation signalé dans un magasin Carrefour, en septembre dernier. Un cas de shrinklflation signalé dans un magasin Carrefour, en septembre dernier.
Un cas de shrinklflation signalé dans un magasin Carrefour, en septembre dernier. © AFP - Magali Cohen/Hans Lucas

Des chocolats de Noël vendus plus cher mais dans une boîte plus légère, des portions de fromage qui pèsent un peu moins lourd, des paquets de saumon vendus plus cher mais avec moins de tranches.... La "shrinkflation", cette pratique qui consiste à vendre une quantité inférieure de produit au même prix, voire plus cher, est dénoncée depuis plusieurs mois par les associations de consommateurs, des distributeurs et les pouvoirs publics.

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En septembre, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a promis une loi pour obliger les industriels à signaler les quantités réduites sur les emballages de façon visible. Le projet d'arrêté du gouvernement a été envoyé à la commission européenne pour validation, dans le but de le faire appliquer fin mars, a indiqué mardi le cabinet d'Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Commerce à l'AFP. Il vise à contraindre les supermarchés à signaler la pratique, plutôt que les industriels. Après deux ans d'inflation, à défaut de pouvoir faire baisser les prix, l'objectif du gouvernement est d'éviter des mauvaises surprises aux consommateurs.

Ce qui pourrait changer sur vos emballages

Le gouvernement prévoit d'imposer aux supermarchés de faire figurer, sur les références ayant fait l'objet d'une réduction des portions, la mention "pour ce produit, la quantité vendue est passée de X à Y et son prix au (préciser l'unité de mesure concernée, par exemple kilo,) a augmenté de ...% ou ...EUR", selon le projet d'arrêté que l'AFP a consulté lundi. Cette mention doit être placée "directement sur l'emballage ou sur une étiquette attachée ou placée à proximité de ce produit, de façon visible, lisible", précise encore le texte.

Un texte applicable fin mars ?

Le projet d'arrêté a été soumis pour avis à la Commission européenne pour vérifier la conformité avec une directive européenne de 2015 sur la transparence des règles techniques, a indiqué encore le cabinet d'Olivia Grégoire à l'AFP. "Si la Commission ne fait aucun commentaire sur le projet notifié, alors la publication au Journal officiel pourra avoir lieu à la fin du mois de mars 2024".

"Si un décret sort, nous le respecterons et l'appliquerons mais nous le regrettons", a réagi le patron du 4e distributeur français, Système U, Dominique Schelcher, sur France Inter ce mercredi. "C'est l'industriel qui sait que son emballage a baissé, que la recette a été remise en cause, "ce n'est pas à nous d'informer le consommateur"", a-t-il dit, craignant "une perte de temps" pour les équipes en magasin. "Ça va être une usine à gaz d'organiser cela", a-t-il ajouté.

Shrinkflation ou changement de recette ?

Mi-décembre, le spécialiste du secteur de la distribution Philippe Goetzmann avait publié avec la fondation Jean Jaurès un avis sur cette pratique de réductions des quantités. Le spécialiste y rappelait que "les prix sont libres, ainsi que les grammages" et que les réductions de quantité sont "généralement accompagnés d'évolutions de recette". Comment alors savoir ce qui relève de "l'innovation" alimentaire - un changement de recette, avec par exemple moins de sucre ou de sel -, et ce qui n'est qu'une hausse de prix masquée, questionnait-il ?

Le cas s'est posé récemment concernant le célèbre fromage fondu Kiri : la portion a perdu 2 grammes en 2022 à l'occasion d'un changement de recette, "plus naturelle, sans additifs" et fabriquée en France à base de lait français, avait alors plaidé son fabricant, l'agro-industriel Bel.

Il y a quelques mois, le distributeur Carrefour avait pour sa part réduit drastiquement les quantités de ses légumes "premiers prix" pour rester sous les 1 euro, rappelait en décembre le média 60 millions de consommateurs, évoquant le passage de trois à deux salades ou la réduction d'un tiers du filet de pommes de terre.

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