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Publicité sur les plages pour des "résidences secondaires" à Anglet : le maire agacé

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Depuis plusieurs jours, une affiche itinérante fait polémique. Elle s'adresse directement aux touristes en leur proposant d'acquérir une résidence secondaire à Anglet. Une campagne qui passe mal sur une Côte basque confrontée à une forte tension immobilière.

Cette publicité itinérante sur le front de mer fait l'éloge des résidences secondaires pour promouvoir un programme immobilier à Anglet Cette publicité itinérante sur le front de mer fait l'éloge des résidences secondaires pour promouvoir un programme immobilier à Anglet
Cette publicité itinérante sur le front de mer fait l'éloge des résidences secondaires pour promouvoir un programme immobilier à Anglet - EH Bai

"L'océan comme résidence secondaire, ça vous tente ?" Tel est le slogan d'une publicité itinérante pour un programme immobilier à Anglet apparue au cœur de l'été sur le littoral basque. Si l'affiche a de quoi appâter quelques touristes profitant des plages, elle ne fait pas du tout sourire les politiques locaux. Le parti politique abertzale EH Bai interpelle le maire d'Anglet au sujet de cette publicité jugée "provocatrice" sur une Côte basque en surchauffe face à la tension immobilière. Claude Olive, le premier magistrat de la ville balnéaire, affiche son agacement et promet des mesures.

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Le maire prêt à prendre un arrêté

L'affiche publicitaire tractée par un vélo a été vue ces derniers jours à proximité des plages d'Anglet et de Saint-Jean-de-Luz, notamment. Elle fait la promotion du programme immobilier Erreka, porté par le promoteur Carrefour Property et Centralia Groupe, son prestataire de services pour la commercialisation. Une communication qui cible "principalement des touristes qui fréquentent les plages de la Côte basque", s'émeut le parti basque EH Bai dans une lettre adressée au maire d'Anglet, Claude Olive. "Qu’une publicité puisse, en particulier dans le contexte actuel, promouvoir les résidences secondaires comme le fait cet affichage nous parait totalement insupportable", poursuit le mouvement abertzale.

L'élu angloy, de son côté, se montre agacé. "Les promoteurs immobiliers ne m'ont pas demandé l'autorisation et s'ils me l'avaient demandé, je pense que je n'aurais pas accepté", affirme Claude Olive qui n'entend pas se contenter de cette condamnation verbale à peu de frais. "Je suis en train de regarder avec la police municipale s'ils ont le droit de le faire ou pas. S'ils n'ont pas le droit, on va sévir. Mais depuis que la polémique est sortie sur les réseaux, on ne les a pas revus. Je suis même prêt à prendre un arrêté de manière à ce que ce genre de publicité, avec l'utilisation d'un vélo et d'un grand panneau derrière, soient proscrit sur la ville."

Moins de logements, toujours plus de résidences secondaires

Le procédé est en effet très mal vu au Pays Basque dans un contexte tendu et particulièrement sensible, où promoteurs et agents immobiliers sont dans le collimateur des militants les plus radicaux. Ce contexte, c'est celui d'un logement devenu inaccessible sur la Côte basque, et de plus en plus loin à l'intérieur désormais, pour la population locale. Les prix flambent, les biens disponibles et accessibles sont pris d'assaut, quand "le nombre de résidences secondaires continue de grimper en particulier sur la partie littorale", écrit EH Bai qui interpelle donc le maire d'Anglet en lui rappelant ses propos au lendemain de la première grande manifestation pour le logement au Pays Basque en novembre 2021 : Claude Olive avait alors déclaré qu'il y avait "ceux qui manifestaient et ceux qui agissaient."

Le premier magistrat angloye rétorque que oui, il agit. Certes, le programme Erreka ne comporte "que" 40% de logements à prix modérés, confiés à l'Office 64 de l'Habitat. Mais ce quota respecte le plan local de l'urbanisme d'Anglet, rétorque le maire qui rappelle que plusieurs programmes récents sur la commune affichent entre 70 et 100% de "logements sociaux". Pour EH Bai, ce n'est pas encore suffisant. Le parti rappelle qu'hormis Bayonne, aucune ville soumise à la loi SRU ne respecte les 25% de logements sociaux imposés et que seule Ustaritz remplit les obligations du plan triennal sur les logements neufs, alors que 80% de la population basque est aujourd'hui éligible aux logements sociaux.

Le site du projet immobilier affiche sans complexe la publicité polémique
Le site du projet immobilier affiche sans complexe la publicité polémique

250.000 euros pour un T2

En ce qui concerne la polémique de la résidence « ERREKA », dont la construction doit s'achever au 1er trimestre 2024, les prix affichés illustrent parfaitement la problématique du logement sur la Côte basque. Le prix minimal, pour un T2 de 43 m² en r+3 est de 250.000 euros soit plus de 5.800 euros/m². Il monte à 320.000 euros pour un T3 de 66 m² en rez-de-chaussée et jusqu'à 393.000€ pour un T4 de 77 m² au dernier étage. Et si la publicité affichée sur le site de Centalia "vous invite à profiter d’un quotidien de qualité dans un environnement préservé. Bordée par le ruisseau de Beyris et lovée dans un écrin de verdure..." l'annonce oublie de dire que l'ensemble, qui fait directement face aux parkings du centre commercial BAB 2, a été construit sur une ancienne décharge sauvage dont les manquements dans la dépollution ont été dénoncés par le journaliste Hugo Clément et font l'objet d'une action judiciaire.

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