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Les centres sociaux du Sud-Finistère mobilisés : "Sans nous, c'est le désert"

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Les centres sociaux sont confrontés à une équation très difficile à résoudre : des charges qui augmentent fortement et des subventions qui stagnent ou qui baissent. Ce qui menace les activités, voire l'avenir de certaines structures du Sud-Finistère.

Les salariés et bénévoles des centres sociaux du Sud-Finistère se sont retrouvés sur la place Saint-Corentin à Quimper ce mardi 20 février Les salariés et bénévoles des centres sociaux du Sud-Finistère se sont retrouvés sur la place Saint-Corentin à Quimper ce mardi 20 février
Les salariés et bénévoles des centres sociaux du Sud-Finistère se sont retrouvés sur la place Saint-Corentin à Quimper ce mardi 20 février © Radio France - Thomas Biet

Ils ont installé leurs camionnettes en arc de cercle et transformé la place Saint-Corentin de Quimper en centre social éphémère pour mettre en lumière leur crainte de l'avenir. Les dirigeants, salariés, bénévoles et bénéficiaires des centres sociaux du Sud-Finistère étaient des dizaines mobilisés ce mardi 20 février à Quimper.

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Le prix de l'électricité a explosé

Toutes les structures sont menacées par un "effet de ciseau", des charges qui augmentent et des dotations qui stagnent ou baissent. "On arrive à un point où on doit prendre sur notre fonds de réserve pour équilibrer le budget sur l'année et si cela continue, ce sont des emplois qui ne seront pas reconduits, voire des licenciements" explique Cindy, référente Famille au centre social intercommunal de Plonéis depuis 14 ans. Au quotidien, il faut donc réduire un maximum de charges sur les achats, sur les projets.

De la paperasse à n'en plus finir

Le problème est similaire à la Maison pour tous d'Ergué-Armel qui compte 2.800 adhérents et une trentaine de salariés. La facture d'électricité est passée de 18.000 à 72.000 euros. Le café, le papier toilettes, les essuies mains, tout a augmenté. Sophie Binard, la directrice de la structure depuis six ans passe donc de plus en plus de temps à chercher de l'argent : "Depuis les années 90, les institutions annoncent qu'elles vont alléger le système de demande de subventions et, au contraire, c'est de plus en plus compliqué, ça nous demande un travail dingue, au détriment du rapport avec les administrateurs et les habitants".

Elle n'est pas hostile à un contrôle de l'argent public, bien au contraire, mais le système est parfois ubuesque : "Passer une journée et demie pour remplir un dossier de subvention à 200 euros qui mettra huit mois à être traité, ça ne vaut pas le coup".

Les zones rurales pénalisées

L'énergie dépensée dans la recherche de financements, c'est aussi le quotidien de Sophie Renevot qui dirige le centre social du Goyen à Poullan-sur-Mer : "Le risque, c'est de rentrer dans un processus où on répond davantage à des appels à projets pour avoir des subventions qu'aux besoins réels du territoire". La structure compte une quinzaine de salariés permanents en plus des vacataires. Elle rayonne sur le pays de Douarnenez, le Cap Sizun et le Haut pays Bigouden : "On constate que les milieux ruraux se paupérisent avec une grosse population de travailleurs pauvres qui n'ont pas accès aux loisirs de base. On est là pour répondre à leurs besoins. Les collectivités sont elles-mêmes asphyxiées donc c'est plutôt à l'État de prendre les choses en main pour redonner de la marge de manœuvre".

Dans sa structure, la facture d'électricité a été multipliée par trois, passant de 3.000 à 9.000 euros. Et les charges salariales ont augmenté de 20.000 euros. Sans parler du prix du carburant qui pénalise les activités en zone rurale :  le fourgon du centre social roule 60 000 km par an.

Un nouveau modèle à trouver

En Bretagne, certaines structures sont menacées de fermeture à terme, si une solution pérenne n'est pas trouvée. Ronan Pérot, le délégué de la Fédération des centres sociaux de Bretagne, espère donc qu'un nouveau modèle de financement pourra voir le jour. La fédération nationale a rendez-vous pour une action à Paris le 7 mars : "La moindre petite fourniture pour les activités a énormément augmenté et puis il y a aussi eu des revalorisations de salaires qui étaient indispensables, notamment pour les plus bas salaires, car on commençait à avoir de gros problèmes pour recruter".

Il rappelle d'ailleurs que les centres sociaux et leur rôle social évitent de dépenser de l'argent à plus long terme "en proposant des activités qui permettent d'éviter les pathologies dues à l'isolement et à l'extrême solitude". À Ergué-Armel, 40% des adhérents ont aujourd'hui plus de 60 ans : "La covid a entraîné une prise de conscience" explique Sophie Binard qui craint de possibles fermetures, "sans nous, c'est le désert".

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