Le port Nantes Saint-Nazaire paralysé par une grève des dockers depuis une semaine

Sur le port Nantes Saint-Nazaire, du côté de Montoir-de-Bretagne, pas un seul bateau amarré. À part les méthaniers et les pétroliers, qui ne dépendent pas des dockers pour être déchargés, pas un seul bateau à quai sur les terminaux vraquiers, rouliers et à conteneurs. Les grues se sont comme immobilisées dans le ciel.

Selon les informations de Ouest France que nous avons pu confirmer, la profession est en grève depuis le 29 mars. Une semaine que le port est à l'arrêt. "C'est mort", résume un agent. Et le préavis court jusqu'à lundi 8 avril.

CMA CGM annule toutes ses rotations la semaine prochaine

"Les armateurs annulent leurs rotations vers Saint-Nazaire ou alors, ils font demi-tour destination le Havre, Brest ou même La Rochelle", indique Pascal Vialard, président de l'Union Maritime Nantes Ports. La CMA CGM a même annulé toutes ses rotations jusqu'à la fin de la semaine prochaine.

Pas un seul mouvement donc sur le port, si ce n'est celui des camions de Cargill ou Sea Invest. "On charge le soja et on repart, pas de problème pour nous", confie ce routier croisé sur le parking. Cargill, qui fabrique des tourteaux de soja pour les bestiaux, assure ne pas être impacté par la grève, pas encore. "Nous avons assez de stockage, à voir comment se passent les jours prochains", confie la directrice du site de Montoir, Mélanie Renée.

Il y a les bateaux qui ne s'arrêtent plus, mais il y a "ceux qui sont restés à quai et qu'il va falloir payer". Exemple avec ce navire MSC qui est resté pendant deux jours au terminal à conteneurs sans jamais pouvoir décharger.

Le mouvement fait tache d'huile

Tout a commencé par un conflit des dockers de la CGT avec leurs employeurs, les manutentionnaires du port, soit les opérateurs de ce terminal à conteneurs du TGO (Terminal du Grand Ouest). Le syndicat craint la fermeture de la ligne historique vers les Antilles de CMA CGM, le transporteur maritime, poids-lourd du secteur qui se diversifie sans cesse, il a récemment racheté Altice média (La Provence, BFM, RMC). L'armateur, pour contourner une taxe carbone maritime, envisage de supprimer la liaison mère par Montoir, de se focaliser sur le Havre et de gérer le reste par camions. Les dockers craignent pour leurs emplois et réclament au contraire des investissements au TGO.

Rapidement, ils sont suivis dans leur lutte par les dockers des autres terminaux, signe de la solidarité notoire de la corporation. Le mouvement fait ainsi tache d'huile. Aucun de leurs représentants n'a souhaité répondre à nos sollicitations. "On a beaucoup à perdre avec la disparition de cette ligne vers les Antilles, mais pas sûr que ce mouvement soit de nature à faire avancer le débat", regrette un agent du port.

"Une grève suicidaire"

En attendant, l'inquiétude domine chez les industriels car "même si personne n'est encore en difficulté réelle, ça ne peut pas durer, il faut revenir à la raison", lance Pascal Vialard. "Nous sommes habitués aux soubresauts sociaux, mais il y a des lignes rouges."

Le quatrième port français, le premier en termes d’importation d'aliments pour le bétail, avec au total 30 millions de tonnes qui transitent chaque année, ne peut pas rester paralysé selon le président de cette association des intervenants portuaires. "Le contexte est déjà suffisamment compliqué et voilà que viendra bientôt s'additionner une autre grève. Il ne faudrait pas que ça devienne suicidaire."

Une opération "port mort" a été lancée par la CGT au niveau national lundi 8 avril, au sujet des investissements portuaires, du pouvoir d'achat et de la pénibilité, doit cette fois rassembler aussi bien les dockers que les personnels du port, excepté les remorqueurs et les pilotes de Loire.