La galère des petites stations essence comme "Chez Chouchou", à Boutenac-Touvent
La polémique sur la vente a perte du carburant a mis en lumière la galère des petites stations essence. A Boutenac-Touvent, village de 200 âmes au sud de Saintes, Loïc Rabouté envisage de fermer sa station "Chez Chouchou".
L'idée du gouvernement de demander aux distributeurs de vendre à perte le carburant a mis en lumière la difficulté des petites stations a joindre les deux bouts. Elles se font rares, les enseignes où ne trône pas un logo Total ou Shell. Il en reste environ 1.800 en France, dans les territoires ruraux. Illustration "Chez Chouchou", à Boutenac-Touvent, à 30 km au Sud de Saintes. Son propriétaire, Loïc Touvent, songe à fermer sa boutique.
Arrêt de la presse et de la vente de gaz
Sa station est un lieu incontournable du village. Déjà, grâce à son look : on dirait le décor d'un film des années 1980. "Tout l'été les gens s'arrêtent pour la prendre en photo", s'amuse Loïc Touvent. Le gérant de 48 ans, a racheté l'enseigne il y a treize ans au fameux Chouchou. L'ensemble est composé d'une pompe à essence, d'une épicerie et d'un garage. Pour assurer ces nombreux services, il a longtemps employé au moins trois personnes à la fois.
"Depuis début août, je gère tout, tout seul, déclare Loïc. Je suis gérant, employé, pompiste, vendeur, mécanicien..." La crise du Covid, durant laquelle il est resté toujours ouvert, l'a mis dans une difficulté financière que l'inflation galopante a aggravé. Il y a un an, il préfère se mettre en redressement judiciaire pour "limiter la casse". Quand ses employés partent, il ne les remplace pas. Loïc réduit le nombre de produits proposés dans sa boutique. "J'arrête de vendre ce qui me prend beaucoup de temps alors que ça rapporte peu". Finies les bonbonnes de gaz, vidé le coin presse où seul subsiste un présentoir avec deux journaux locaux. Le gérant réfléchit à arrêter le pain et à réduire son rayon tabac. "Tout cela rendait service à plein de gens ici, mais je ne peux plus assumer" explique celui qui se rémunère 1.400 euros par mois. Pour continuer de faire tourner la boutique, Loïc décompose ses journées. Il sert à la pompe les voitures, et ouvre l'épicerie le matin. Ses après-midi, il les passe au garage. Un rythme sportif qui empiète sur sa vie de famille.
La clientèle ici est faites d'habitués. Il y a les habitants de Boutenac, au nombre de 200, ceux des communes voisines qui veulent s'épargner un trajet jusqu'à la prochaine station essence située à 15 km, les ouvriers qui travaillent dans les vignes. "Je me déplace à pied, car mon mari utilise la voiture pour aller travailler, c'est pratique de venir ici" raconte Sandra. Un autre monsieur, soixantenaire, loue "la sympathie des gens qu'on croise ici tous les jours ou presque".
A l'avenir, pourtant, Loïc aimerait vendre sa boutique. "J'aimerais me consacrer uniquement à la mécanique, déjà parce que ça rapport plus, mais aussi parce que je m'y épanouis davantage" explique-t-il. Il aimerait n'avoir pas à vendre aux géants du secteur, mais à quelqu'un avec un projet de reprise intéressant : une sorte de Chouchou 2.0.
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