La CGT demande une labellisation "Grand chantier" pour les projets nucléaires sur le site Orano La Hague

Après les annonces, le temps des questions. Après la visite du ministre de l'Économie Bruno Le Maire et de son homologue de l'Industrie Roland Lescure sur le site Orano La Hague le 7 mars, la CGT veut "trouver des réponses à ses questions. Pour le moment, on a zéro réponse sur les questions essentielles, comme le logement, l'éducation ou le transport", se lamente Romain Travers, de la CGT Orano La Hague.

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La prolongation souhaitée de dix ans des réacteurs EDF de 900 MW devrait permettre au site manchois de ne pas saturer ses capacités d'entreposage à court terme. Une décision qui donne une "fenêtre de dix ans supplémentaires", résume la CGT. L'occasion de "se poser, de ne pas bloquer les piscines d'entreposage car on ne va pas vider toutes les centrales en même temps ", ajoute Romain Travers.

Le syndicat demande notamment de ne pas cloisonner les trois grands projets qui vont concerner le site Orano La Hague dans les années qui viennent :

• une nouvelle usine de retraitement (UP4) d'une capacité de 1.200 tonnes de combustible usé par an
• une autre de fabrication de combustible Mox (Melox 2)
• le projet de piscine EDF pour entreposer les combustibles usés

Nommer un coordinateur Grand chantier

Ces projets sont les maillons d'un "projet de filière recyclage", confie Romain Travers. Pour la CGT, il faut réunir ces trois grands projets sous la bannière "Grand chantier" : "Cela permettra d'apporter un appui conséquent aux questions de recrutement et de formation professionnelle, de répondre aux besoins d'infrastructures et de préparer les enjeux de l'après grand chantier. Le préfet devra également nommer un coordinateur : cette disposition permettra d'éviter que la puissance publique "se renvoie la balle" à chaque question significative posée", confie le syndicat.

La grande conséquence, c'est que les effectifs sur le site de La Hague vont gonfler. Selon les élus et les syndicats, ils pourraient passer de 5.000 à 12.000, voire 15.000, salariés au plus fort du chantier. Ce qui implique des questions très concrètes pour les former et les accueillir :

• en termes de logement, à l'heure du zéro artificialisation nette (ZAN)
• pour le transport, "en sachant qu'on est déjà encombrés pour accéder à La Hague le matin et le soir. Des parkings, on ne peut pas en construire ad vitam eternam ! Il y a 15 ans, il y avait quarante lignes de bus sur le site ; aujourd'hui, on en a dix. La direction a fait le choix de faire appel à la collectivité pour acheminer ses salariés. L'entreprise doit réinvestir dans un service de bus", confie Eric Vernel, secrétaire adjoint de l'union locale CGT de Beaumont-Hague
• pour l'éducation : la CGT demande un investissement dans l'éducation nationale et le service public, "des écoles sont actuellement créées en partenariat avec des entreprises et l'UIMM [...] alors que des classes d'apprentissage de soudure ou de chaudronnerie ferment au profit de ces nouvelles écoles financées par des entreprises".
• ou bien encore en termes de sécurité : Eric Vernel s'interroge sur le système de secours qui sera mis en place pour la piscine EDF car "Orano dispose de son service de pompiers internes, alors qu'EDF a recours à la gendarmerie et aux pompiers de l'extérieur"

Ces projets doivent aboutir, selon les calendriers prévisionnels, aux alentours des années 2040 : 2035-2037 pour la piscine EDF, 2035-2040 pour Melox 2 et 2045 pour UP4.