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EPR de Flamanville : retour sur les nombreux déboires d'un interminable chantier

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L'ASN, le gendarme du nucléaire, a donné son feu vert ce mardi pour la mise en service de l'EPR de Flamanville. Dernier épisode d'une saga de 17 ans, marquée par un gros retard et d'innombrables déboires.

La construction de l'EPR de Flamanville, une longue saga marqué par de nombreux déboires La construction de l'EPR de Flamanville, une longue saga marqué par de nombreux déboires
La construction de l'EPR de Flamanville, une longue saga marqué par de nombreux déboires © Maxppp - Jonathan KONITZ

Avec 12 ans de retard sur le calendrier initial, EDF a reçu ce mardi le feu vert de l'ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire pour la mise en service de l'EPR de Flamanville. Du béton, aux soudures, en passant par la cuve, retour sur les nombreux couacs de ce chantier titanesque.

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2007 : le chantier commence

Le 3 décembre 2007, le premier béton est coulé marquant le début de la construction de l’EPR de Flamanville. Les travaux doivent durer 54 mois pour une mise en service de l’installation en juin 2012. Coût annoncé du chantier : 3,3 milliards d’euros.

2008 : déjà un problème

Dès le mois de mai, moins d’un an après le début du chantier, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) fait stopper les travaux après la découverte d’anomalies dans le béton de la plate-forme de l’îlot nucléaire de l’EPR.

2009 : le système de contrôle-commande à revoir

Le 2 novembre 2009, les Autorités de sûreté britannique, finlandaise et française publient un communiqué commun dans lequel elles demandent à EDF "d’apporter des modifications à la conception du système de contrôle-commande du réacteur".

2010 : premier retard annoncé

L’EPR ne démarrera pas comme prévu en 2012. En juillet 2010, EDF annonce un retard de deux ans. Le coût du chantier grimpe à 5,5 milliards d’euros.

2011 : le chantier endeuillé

Le 24 janvier, un soudeur de 37 ans, père de trois enfants, fait une chute mortelle de 15 mètres. Le 11 juin, un salarié de 32 ans décède, lui aussi, après une chute sur le chantier. Le même mois, une enquête est ouverte pour sous-déclaration des accidents du travail.

2011 : des piliers de béton "percés comme du gruyère"

Le Canard Enchaîné révèle en 2011 que l’ASN a identifié plusieurs malfaçons. L’hebdomadaire évoque des "trous béants" et des piliers de béton "percés comme du gruyère".

2012 : le bétonnage stoppé

Au mois de mars 2012, EDF annonce l’interruption pour plusieurs mois du bétonnage du bâtiment réacteur. Des pièces métalliques déjà installées sont jugées non conformes. L’énergéticien prévoit une mise en service de l’EPR pour 2016.

2014 : le calendrier change encore

EDF évoque en novembre 2014 des "difficultés" pour la livraison de certains équipements. Un nouveau calendrier est annoncé : l’EPR ne démarrera pas avant 2017 pour une facture qui passe à 8,5 milliards d’euros.

2015 : la cuve dans le viseur

L’Autorité de sûreté nucléaire annonce en 2015 avoir découvert une anomalie qui concerne "la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et du fond de la cuve de l’EPR de Flamanville".

2016 : nouveau coup de tonnerre

Suite à la découverte de problèmes dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve de l'EPR, un audit est mené au sein de l’usine du Creusot. Selon Areva, il y a des doutes sur la fiabilité de certains équipements construits sur ce site. Il pourrait y avoir eu des "falsifications" dans les dossiers de contrôle de certaines pièces et notamment celles destinées à l'EPR en construction à Flamanville.

La mise est service de l’EPR est désormais programmée pour la fin 2018 pour 10,5 milliards d’euros.

2017 : une enquête met en cause Areva et EDF

Des documents, que France Inter et France Info ont pu consulter, montrent qu'EDF et Areva avaient été alertés dès 2005 des dysfonctionnements de la forge du Creusot, qui a fourni des pièces pour les centrales d'EDF et pour des dizaines d'autres à travers le monde, et a notamment produit des éléments de la cuve du réacteur nucléaire de troisième génération EPR de Flamanville.

2018 : et maintenant les soudures

Après l'affaire de la cuve, ce sont des soudures qui ne seraient pas conformes. Le 22 février 2018, EDF annonce avoir détecté des écarts de qualité par rapport à ses exigences. Huit soudures notamment posent problème, car elles sont difficiles à reprendre.

2019 : l’ASN a tranché, EDF devra bien reprendre les soudures défectueuses

Après une inspection sur le chantier, le gendarme du nucléaire impose à EDF de reprendre les huit fameuses soudures qui posent problème. Cela signifie un nouveau retard à l’allumage pour l’EPR de Flamanville et une facture qui dépasse désormais les 12 milliards d’euros.

2019 : un rapport tacle EDF, le gouvernement hausse le ton

Le 28 octobre, un rapport sur le chantier de l’EPR est remis au ministre de l’Économie. "La construction de l'EPR aura accumulé tant de surcoûts et de délai qu'elle ne peut être considérée que comme un échec pour EDF"affirme notamment l’audit. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire parle d'un "manque de rigueur inacceptable" et demande à EDF de mettre en place "un plan d'action" d'ici un mois.

2022 : le calendrier (encore) modifié

En décembre 2022, EDF ajuste une nouvelle fois son calendrier. "Le chargement en combustible nucléaire du réacteur est désormais planifié au 1er trimestre 2024." Le coût total de la construction du réacteur de nouvelle génération est réévalué, de 12,7 à 13,2 milliards d’euros.

EDF justifie ce retard par les études complémentaires menées pour établir un nouveau procédé de mise en œuvre du traitement thermique de "détensionnement" de certaines soudures remises à niveau ces deux dernières années.

Mai 2024 : le bout du tunnel

Après un feu vert de l'ASN le mardi 7 mai, EDF peut enfin débuter le chargement du combustible avec 12 ans de retard. La facture s'élève à 13,3 milliards d'euros, quatre fois le montant annoncé en 2007.

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