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La centrale à charbon de Cordemais va tourner à plein régime pour éviter les coupures de courant

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Tout est bon pour éviter les coupures cet hiver, même le charbon. C'est tout le paradoxe, on parle beaucoup d'énergies renouvelables mais les centrales à charbon sont aussi appelées à la rescousse. 1,2 million de tonnes de charbon sont prévues cette année à Cordemais.

la centrale à charbon de Cordemais dans l'estuaire de la Loire la centrale à charbon de Cordemais dans l'estuaire de la Loire
la centrale à charbon de Cordemais dans l'estuaire de la Loire © Radio France - Pascal Roche

Pour faire face au risque de pénurie énergétique, on parle beaucoup d'énergies renouvelables, mais tout le paradoxe est là : les centrales à charbon ont été, en parallèle appelées, à la rescousse. C'est vrai en Allemagne, c'est vrai en France. Et en Loire-Atlantique, celle de Cordemais avec ses 500 employés va même tourner à plein régime. 

14 navires en 2021, 18 en 2022 : du charbon d'Afrique du Sud ou d'Australie

Le charbon arrive d'Australie ou d'Afrique du Sud. Selon les informations de France Bleu Loire Océan, il y a eu 14 bateaux l'an dernier, soit 808.000 tonnes de charbon acheminées ensuite par barge jusqu'à Cordemais. C'était déjà beaucoup mais il fallait pallier le nucléaire. On en prévoit encore plus cette année, avec la pénurie de gaz, 18 navires au total soit 1,2 million de tonnes, l'équivalent d'un bond de 20% en un an. 

Gwenaël Plagne, délégué CGT : "on a tout pour décarboner, pourquoi nous laisser au 100% charbon, c'est quoi la logique ?"
Gwenaël Plagne, délégué CGT : "on a tout pour décarboner, pourquoi nous laisser au 100% charbon, c'est quoi la logique ?" © Radio France - Hélène Roussel

Au pic de l'hiver, la centrale de Cordemais fournit 3% de toute la consommation française

Alors que la centrale devait fermer, elle aura rarement été autant sollicitée. En mars dernier, quelques jours après le déclenchement de la guerre en Ukraine, le gouvernement alerte EDF qui doit se préparer pour l'hiver prochain. EDF à Cordemais était plutôt sur la pente inverse, c'est-à-dire dans une optique de réduction des budgets en vue d'une fermeture à horizon 2026 (quand le réacteur nucléaire de Flamanville est censé rentrer en service). 

Rétropédalage donc. EDF investit alors dans des travaux de maintenance XXL pendant 4 mois, entre mai et fin septembre, pour assurer les cadences et remettre en service en toute sécurité ses deux unités de production d'électricité à partir de charbon. Avec ses 1.200MW, la centrale de Cordemais, au pic de l'hiver, peut fournir jusqu'à 3% de toute la consommation française.

Du travail, mais plus de colère que de soulagement

La loi énergie climat imposait 750 heures par an maximum aux centrales à charbon. On en est loin. Un décret, déjà l'hiver dernier, est venu faire sauter cette limite. La loi pouvoir d'achat votée cet été enfonce le clou. "On pourrait frôler les 5.000 heures en 2022, un record" assure la CGT, pas vraiment soulagée. 

La centrale était prête à brûler des pellets de bois, on aurait pu dès cet hiver réduire de 20% les émissions de CO2, mais l'État n'a pas réagi" - Gwenaël Plagne, CGT

"On va tourner 100% au charbon alors que la centrale avait fait quelques travaux pour pouvoir brûler 20% de pellets de bois, et émettre ainsi 20% de CO2 en moins. Mais l'État a trop tardé à donner son accord, impossible aujourd'hui d'en trouver sur le marché" déplore le délégué CGT Gwenaël Plagne. "Rien de cohérent, rien de rassurant" pour le délégué. 

On va tourner au 100% charbon pendant combien d'hivers encore ?" - Gwenaël Plagne

Il rappelle que ce projet Ecocombust, porté au départ par les syndicats, retoqué une première fois, a décroché le soutien du groupe Paprec, de la direction d'EDF et des élus locaux. "Tout est là, on pourrait produire de l'électricité décarbonée, on attend plus que la signature d'Emmanuel Macron. Qu'est-ce qui le retient ? En attendant, c'est de la gestion au coup par coup, on va continuer au 100% charbon pendant combien d'hiver ? 2, 4, 10 ?"

Le maire de Cordemais Daniel Guillé
Le maire de Cordemais Daniel Guillé © Radio France - Hélène Roussel

Cette centrale est nécessaire, et tant qu'à faire, autant qu'elle participe à la transition énergétique

En attendant, aux pieds des cheminées de la centrale, le parking du personnel est plein. Le maire Daniel Guillé s'en félicite. "Ça peut peut-être permettre à certains d'ouvrir les yeux. Cette centrale est nécessaire, et tant qu'à faire, autant qu'elle participe à la transition énergétique". 

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