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Chablis : les viticulteurs s'organisent pour faire face au manque de verre

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Face à la tension toujours très importante sur le marché du verre, les viticulteurs sont obligés de se creuser la tête à l'heure où il faut mettre en bouteille la récolte 2022. Le risque est de ne pas avoir vidé ses cuves avant la prochaine vendange.

Patrice Vocoret, du domaine Vocoret, a fait venir du verre de Chine pour la première fois en plus de 40 ans dans la viticulture. Patrice Vocoret, du domaine Vocoret, a fait venir du verre de Chine pour la première fois en plus de 40 ans dans la viticulture.
Patrice Vocoret, du domaine Vocoret, a fait venir du verre de Chine pour la première fois en plus de 40 ans dans la viticulture. © Radio France - Arthur Fradin

Dans le Chablisien, les vendanges approchent. Il pourrait y avoir une grosse récolte cette année. L'an dernier, déjà, la récolte avait été belle. Problème, tout ce vin, il faut pouvoir le mettre en bouteille. Et depuis plusieurs mois, trouver du verre, c'est un vrai défi. Après le Covid, et la guerre en Ukraine, qui avaient fortement ralenti la production, la demande explose, tout le monde veut reconstituer ses stocks.

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Pour ne pas compromettre la prochaine vendange, il faut aujourd'hui se creuser la tête, et redoubler d'efforts. Dans la cour du domaine Charly Nicolle, à Fleys, des palettes de bouteilles en verre sont fraîchement arrivées. Sous un hangar, les petites mains s'activent : "C'est déjà la deuxième mise en bouteille", indique Kévin Fabi, responsable de cave, qui profite de l'instant présent, car cette année, "c'est très compliqué. Il y a des mises en bouteille qui ont du être reportées ou annulées. On n'avait pas de bouteilles pour mettre notre vin dedans !"

Des commerciaux qui se démènent, des plans B à l'étranger

Pour le domaine, le temps presse ! Les vendanges approchent, et l'important, c'est de vider les cuves de la récolte 2022 : "Pas de mise en bouteille, pas de cuve vide ! Pas de cuve vide, pas de réception de vendanges !" Heureusement pour lui, il peut compter sur le dévouement de toutes ses équipes  : "Notre commerciale, je crois qu'elle est en train de faire rentrer une deuxième marque de bouteille, pour approvisionner ses clients."

Au domaine Vocoret, à Chablis, Patrice Vocoret nous présente quant à lui une trouvaille, dont il semble très fier : "Ça arrive de Chine ! C'est conditionné très haut, une palette normale, c'est deux rangs de moins". Une employée d'origine asiatique qui travaille chez lui a facilité cette transaction, qui lui sauve la mise, parce que sinon, il le dit : "on n'aurait pas eu ce qu'il faut ! On a tous un peu notre plan B ! J'ai des collègues qui s'approvisionnent en Bulgarie, par exemple." Il s'interroge sur l'avenir, et rêve du retour aux temps d'avant le Covid, où en un coup de fil, un camion de 26 palettes arrivait dans la semaine.

Mise en bouteille au domaine Charly Nicolle, à Fleys
Mise en bouteille au domaine Charly Nicolle, à Fleys © Radio France - Arthur Fradin

Les prix du verre en question

L'autre grande problématique reste le prix du verre, qui a doublé par rapport à avant le Covid, et dont les prix ne sont toujours pas revenus à la normale, ce qui a le don d'agacer Damien Leclerc, le directeur général de la Chablisienne, principal producteur de vin du département, qui regroupe près de 300 vignerons, et représente près du tiers du volume de production : "Autant l'année passée, les tensions étaient fortes sur les matières premières, compte tenu du conflit en Ukraine, notamment sur le gaz, l'énergie (pour produire du verre, les verriers consomment beaucoup de gaz, ndlr), autant aujourd'hui les choses reviennent progressivement à la normale. La position actuelle est incompréhensible. J'ai pu assister à la conférence de presse d'un patron de l'industrie verrière qui se félicitait des très bons résultats de sa société. Tant mieux pour lui, mais ça nous interroge. Moi, ce que je dis, c'est que la marge, c'est nous qui l'avons payée. C'est une situation ubuesque, quand l'énergie augmente de 50%, on nous met 40% de hausse. Quand elle baisse de 40%, on baisse les prix de 5%. J'espère que les choses vont se normaliser. Je pense que certains sont allés trop loin".

La FNSEA, premier syndicat agricole, a d'ailleurs demandé au début de l'année à la Répression des Fraudes d’enquêter sur les tensions frappant l'approvisionnement de bouteilles en verre de vin auprès des deux principaux faiseurs. Depuis, pas de nouvelles.

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