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Une soixantaine de personnes réunies pour une grande dictée à Tarbes

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À Tarbes, environ soixante téméraires se sont prêtés à l'exercice tant redouté de la dictée. Elle était organisée, comme chaque année, par une association qui défend la langue française.

En 2023; cette même dictée avait accueilli une quarantaine de personnes. En 2023; cette même dictée avait accueilli une quarantaine de personnes.
En 2023; cette même dictée avait accueilli une quarantaine de personnes. © Radio France - Dimitri Morgado

Une soixantaine de personnes ont sorti les stylos et les copies doubles à Tarbes ! Une grande dictée était organisée ce mercredi 24 avril 2024 par l'association de Défense de la Langue Française dans les Hautes-Pyrénées. Au programme, un texte tiré de L'âge d'homme écrit par Michel Leiris en 1939. Au programme, quelques difficultés orthographiques et grammaticales, mais avant tout un bon moyen de tester son niveau en s'amusant. À la fin, une correction était distribuée, l'occasion aussi d'échanger avec ses voisins de table. Cet événement est organisé chaque année par l'association, et la prochaine étape est d'aller faire une dictée dans d'autres villes de la Bigorre.

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Le texte de la dictée

"Âgé de cinq ou six ans, je fus victime d’une agression. Je veux dire que je subis dans la gorge une opération qui consista à m’enlever des végétations ; l’intervention eut lieu d’une manière très brutale, sans que je fusse anesthésié. Mes parents avaient d’abord commis la faute de m’emmener chez le chirurgien sans me dire où ils me conduisaient. Si mes souvenirs sont justes, je m’imaginais que nous allions au cirque ; j’étais donc très loin de prévoir le tour sinistre que me réservaient le vieux médecin de la famille, qui assistait le chirurgien, et ce dernier lui-même. Cela se déroula, point pour point, ainsi qu’un coup monté et j’eus le sentiment qu’on m’avait attiré dans un abominable guet-apens. Voici comment les choses se passèrent : laissant mes parents dans le salon d’attente, le vieux médecin m’amena jusqu’au chirurgien, qui se tenait dans une autre pièce en grande barbe noire et blouse blanche (telle est, du moins, l’image d’ogre que j’en ai gardée) ; j’aperçus des instruments tranchants et, sans doute, eus-je l’air effrayé car, me prenant sur ses genoux, le vieux médecin dit pour me rassurer : « Viens, mon petit coco ! On va jouer à faire la cuisine. » À partir de ce moment je ne me souviens de rien, sinon de l’attaque soudaine du chirurgien qui plongea un outil dans ma gorge, de la douleur que je ressentis et du cri de bête qu’on éventre que je poussai. Ma mère, qui m’entendit d’à côté fut effarée.

Dans le fiacre qui nous ramena je ne dis pas un mot; le choc avait été si violent que pendant vingt-quatre heures il fut impossible de m’arracher une parole ; ma mère, complètement désorientée, se demandait si je n’étais pas devenu muet. Tout ce que je me rappelle de la période qui suivit immédiatement l’opération, c’est le retour en fiacre, les vaines tentatives de mes parents pour me faire parler puis, à la maison : ma mère me tenant dans ses bras devant la cheminée du salon, les sorbets qu’on me faisait avaler, le sang qu’à diverses reprises je régurgitai et qui se confondait pour moi avec la couleur fraise des sorbets.

Ce souvenir est, je crois, le plus pénible de mes souvenirs d’enfance. Non seulement je ne comprenais pas que l’on m’eût fait si mal, mais j’avais la notion d’une duperie, d’un piège, d’une perfidie atroce de la part des adultes, qui ne m’avaient amadoué que pour se livrer sur ma personne à la plus sauvage agression. Toute ma représentation de la vie en est restée marquée : le monde, plein de chausse-trapes, n’est qu’une vaste prison ou salle de chirurgie ; je ne suis sur terre que pour devenir chair à médecins, chair à canons, chair à cercueil ; comme la promesse fallacieuse de m’emmener au cirque ou de jouer à faire la cuisine, tout ce qui peut m’arriver d’agréable en attendant n’est qu’un leurre, une façon de me dorer la pilule pour me conduire plus sûrement à l’abattoir où, tôt ou tard, je dois être mené."

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