PORTRAIT - Depuis 52 ans, Pierre Jouille travaille comme repéreur pour des tournages de films en Franche-Comté

Le premier film pour lequel il a fait du repérage a pour titre Les Granges Brûlées, avec Alain Delon et Simone Signoret. En 52 ans, le Pontissalien Pierre Jouille a travaillé pour 230 films dans la région.

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Le déclencheur ? "Les Granges brûlées en 1972"

Un métier qu'il a choisi ou plutôt qui l'a choisi un peu par hasard : "En 1972 j'étais à la Brasserie de la Poste à Pontarlier avec Pierre Bichet et Jean Chapot qui cherchaient un décor, ils tournaient en rond il fallait trouver une maison dans la neige, qui soit accessible l'hiver, c'était très compliqué. Le hasard a fait que l'ami de mon père était gardien l'été de bétail dans une ferme au dessus de Pontarlier, on a trouvé la maison rapidement. Et suite à ça j'ai été chargé de faire les repérages pour les décors secondaires, ça m'a mis le pied à l'étrier."

"Je transpose des lieux fictifs dans des lieux réels" - Pierre Jouille

Alors comment fait-il concrètement ? "Le réseau, les gens sur qui je peux compter pour qu'ils me donnent des lieux qui correspondent au scénario, ça se fait petit à petit, au fur et à mesure des repérages, des lieux qu'on ne connait pas et qui viennent s'ajouter pour les prochains films", confie ce passionné du 7ème Art. Dans l'ordre, raconte Pierre Jouille, "je reçois le scénario dans un premier temps, je transpose les lieux fictifs du scénario dans des lieux réels. J'envoie au fur et à mesure ces décors par internet et le réalisateur affine."

"Ensuite, il vient et je fais les repérages avec lui, pour moi c'est la période la plus intéressante," développe encore ce Franc-comtois de plus de 80 ans. "On a un échange par rapport à ce qu'on voit et ce qu'on élimine pour arriver au décor recherché."

Alors qu'est-ce qui selon lui attire particulièrement les réalisateurs en Franche-Comté ? "La neige est l'un des personnages principaux de plein de films, depuis les Granges brûlées jusqu'au dernier film l'Incroyable femme des neiges qui se tourne actuellement [film de Sébastien Betbeder avec Philippe Katerine et Blanche Gardin, en tournage à Pontarlier Métabief et la Combe des Cives, près de Mouthe, ndlr].

Parmi les souvenirs, la Truite, tourné à Mouthier-Haute-Pierre

Même si la neige fait de plus en plus défaut dans la région, "il faut savoir s'adapter, j'ai travaillé avec Joseph Losey sur la Truite, il y a une scène où Isabelle Huppert où jette des poissons empaillés par la fenêtre dans une maison au bord d'un lac les pieds dans l'eau. Je lui ai dit, il n'y en a pas dans la région, en revanche il y a la vallée de la Loue, avec des maisons à Mouthier Haute-Pierre, il m'a dit l'histoire est la même."

"Faire découvrir une région que j'aime" - Pierre Jouille

Et l'anonymat ne lui pèse pas, bien au contraire. "On est au générique, mais les gens ne les lisent plus. Mais à partir du moment où on est efficace sur le terrain, on fait partie d'un réseau auprès des réalisateurs et producteurs, qui fait que eux nous connaissent." Et c'est une consécration, complète Pierre Jouille, " pour faire découvrir une région que j'aime." Son interview est à retrouver ici en intégralité.