Passer au contenu
Publicité

Bernard Minier, auteur toulousain de polars à succès : "Je cherche beaucoup avant de trouver"

Par

Ce lundi matin, France Bleu Occitanie a reçu Bernard Minier, l'auteur de thrillers qui a grandi à Montréjeau (Haute-Garonne). Son nouveau livre, Lucia, vient de sortir aux éditions XO. Carton annoncé.

Bernard Minier, l'auteur de  Glacé, Le Cercle, N'éteins pas la lumière,  ou encore Une putain d'histoire. Bernard Minier, l'auteur de  Glacé, Le Cercle, N'éteins pas la lumière,  ou encore Une putain d'histoire.
Bernard Minier, l'auteur de Glacé, Le Cercle, N'éteins pas la lumière, ou encore Une putain d'histoire. © AFP - Joël Saget

En Espagne, des étudiants en criminologie traque un assassin qui tue en toute impunité depuis des années sans que la police n'ait pu lui mettre la main dessus. Sa signature : il met en cène ses victimes en s’inspirant de tableaux de la Renaissance. L'enquêtrice Lucia Guerrero trouve son équipier crucifié sur un calvaire. Voilà le synopsis de "Lucia", le nouveau thriller de l'écrivain toulousain le plus bankable depuis Bernard Werber. Bernard Minier, 61 ans, signe son dixième roman. Interview.

Publicité
Lucia - Bernard Minier (voix off)

"Lucia", votre dernier roman, se passe en Espagne. Vous avez fait le tour des Pyrénées, de l'Occitanie ? 

En fait, j'ai déjà fait deux romans qui se passaient pas dans les Pyrénées. Le sud-ouest, puisque c'était "M, le bord de l'abîme" qui se passait à Hong-Kong et "Une putain d'histoire" qui se passait dans une île au large de Seattle, aux Etats-Unis. Alors là, on est un peu moins loin puisqu'on est juste de l'autre côté des Pyrénées. Il y a quand même toute une partie du livre qui se passe dans les Pyrénées, mais côté espagnol, parce qu'effectivement, les Pyrénées ont deux versants. Et j'avais envie de parler de l'autre versant aussi, que je connais très bien. Ça démarre en effet à Salamanque avec l'une des plus vieilles universités d'Europe, cette ville de Salamanque qui est chargée d'histoire, où on ne peut pas faire le pas sans se cogner contre des monuments et des témoignages du passé. 

Martin Servaz, votre flic adoré des lecteurs, est remplacé par Lucia, une policière espagnole de la Guardia civil, très cash, couverte de tatouages. Qu'est-ce que cela change dans votre écriture ? 

Pas mal de choses. En même temps, je tiens à dire que c'est très proche de l'univers des Servaz, les atmosphères, le climat, l'importance du décor de l'enquête, un groupe d'enquêteurs. Mais on a un effet cette jeune femme, cette fliquette espagnole, Lucia qui est une excellente enquêtrice, mais qui est différente de Martin. Ce sont deux générations. Servaz, c'est quelqu'un qui appartient plutôt au XXe siècle. Il écoute de la musique classique, il est entouré de livres anciens chez lui. Il réfléchit beaucoup avant d'agir et c'est quelqu'un d'assez posé, humain. Lucia est plus dans l'action, elle agit avant de réfléchir.

Un mot sur l'intrigue : des étudiants de Salamanque découvrent un tueur qui met en scène ses victimes au travers de tableaux de la Renaissance. Mais d'où vous viennent toutes ces idées ?

Il faut être curieux de tout, il faut s'intéresser à tout. Je suis passionné par les sciences, par la philo, par l'histoire, par la géographie, par bien d'autres choses. Je lis les journaux, j'écoute, je regarde la télé, je j'écoute la radio. C'est la curiosité, le secret au fond. Et puis c'est la réflexion. On cherche tout le temps. Picasso disait "je trouve avant de chercher". Moi, je cherche beaucoup avant de trouver. J'ai plein de mauvaises idées, mais vous les verrez jamais que les bonnes.

Lucia l'enquêtrice tatouée.
Lucia l'enquêtrice tatouée. © Radio France - Jeanne Marie Marco

On lit aussi entre les lignes une révolte populaire. Ce qui se passe en ce moment, la crise sanitaire, la guerre, cela fait partie de votre écriture ?  

Oui, c'était c'était flagrant avec le précédent livre, "la chasse" qui, se passait en Ariège et à Toulouse, où on voyait vraiment cette France déchirée, de plus en plus déchirée. On voit bien qu'on a de plus en plus de mal à dialoguer. La société est de plus en plus archipélisée, chacun se regroupe un peu sur son idéologie, son groupe de pensée, sa petite chapelle. Et ça devient compliqué de vivre ensemble dans ces conditions. Ça, c'était plutôt le thème de "La chasse". Lucia, c'est un peu plus léger, on est plus dans l'enquête, dans le thriller. Après, je ne peux pas m'empêcher de faire quelques réflexions par ci, par là, sur la société dans laquelle on vit, parce que tout auteur aime poser des questions, même si on n'apporte pas les réponses. Il y a suffisamment de gens en ce moment qui ont des réponses et des solutions toutes faites. On ne va pas en rajouter.

Dans le contexte politique actuel, vous trouvez qu'il y a encore un débat possible? Quel regard le romancier que vous êtes porte sur cette campagne présidentielle ? 

Tout auteur est un menteur puisque la fiction, c'est un mensonge. Je trouve quand même que j'entends pas mal d'âneries et de bêtises dans la campagne actuelle. Je vois les gens qui viennent avec des solutions toutes faites, clé en main. Ça m'énerve un peu. Le roman aussi, c'est l'esprit de complexité. Quand il y a des questions complexes, il n'y a pas de réponse simple. Une question complexe appelle toujours des réponses complexes. J'aime bien les faits, les chiffres, les choses exactes. Et en tant que romancier, c'est aussi ce que j'essaie de faire." 

En 2021, Bernard Minier a été avec "La Vallée" et ses 230.000 exemplaires parmi les dix livres les plus vendus en France, juste derrière les Marc Lévy, Amélie Nothomb et Guillaume Musso.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined