"Un manque de patriotisme", le coup de gueule de Marc Fesneau contre la grande distribution

En visite dans une exploitation porcine et laitière de Mahalon dans le Finistère ce jeudi, Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, est venu défendre l'action du gouvernement dans la crise agricole qui couve depuis le début de l'année. Simplification administrative et normative, accélération des mesures d'aides, nouvelle loi Egalim, discussions avec la Commission européenne sur la question des prairies permanentes qui fait enrager les éleveurs bretons, le ministre a promis de nouvelles annonces pendant ou après le Salon de l'agriculture.

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Il demande un peu de patience aux agriculteurs : "J'ai réuni le comité de simplification au niveau national et je leur ai dit qu'on allait se voir souvent. Il y a 3.000 mesures qui ont émergé des travaux qui ont été faits sous l'égide des préfets, mais il va falloir qu'on ait des expertises et qu'on avance aussi rapidement que possible. Parfois, j'entends des gens dire que ça va trop lentement. En trois semaines, on a fait des trucs qui, je pense, qui étaient attendus depuis 15 ou 20 ans sur un certain nombre de dispositifs".

Marc Fesneau demande aussi de la patience sur la réglementation européenne sur les prairies permanentes. Il reconnaît que le ratio de prairies permanentes a été calculé sans tenir compte de la réalité de l'élevage : "On a bougé sur une autre mesure qui était la mesure jachère, qui concerne peu les Bretons. Mais on a ouvert la boîte et on va avoir dès la semaine prochaine une discussion sur cette question pour voir ce qu'on peut faire dans l'urgence et à plus long terme. On a fait des propositions à la commission. C'est forcément un peu long, sur le dossier des jachères, cela a pris six mois".

La grande distribution ciblée pour son manque de patriotisme

Il s'est surtout attaqué frontalement à la grande distribution, accusée de chercher systématiquement à contourner les lois Egalim qui protège la rémunération des agriculteurs, avec des mots forts : "Vous avez des gens qui ont beaucoup plus d'avocats que nous tous réunis et qui, dès qu'on fait une loi, essayent de la contourner". Et de citer le sujet des centrales d'achat européennes qui n'existait pas il y a quatre ans "et qui a été fait pour contourner la loi".

L'objectif du prochain texte sera donc d'empêcher ces détournements, dans les négociations ou sur les étiquettes : "C'est effrayant de voir à quel point s'est mis en place une forme d'étiquetage qui est trompeuse à l'endroit du consommateur".

Et Marc Fesneau de s'étonner du silence de certains acteurs dans la crise actuelle : "Ce sont quand même des gens qui sont allés à longueur de plateaux nous expliquer à l'automne que le bon prix, c'était le bas prix et que s'ils ne trouvaient pas des produits français, ils iraient à l'étranger. La grande distribution, ce sont des entreprises françaises. Donc soit ils sont français, soit ils sont multinationaux, apatrides, mais enfin, ils ont des responsabilités à prendre. Il y a un manque de patriotisme". Des mots forts qui servent aussi peut-être de contre-feux pour éviter de parler de la polémique sur le recul de l'ambition française sur la réduction des pesticides.

Marc Fesneau a ensuite tenu une réunion de travail avec les différentes organisations syndicales agricoles.