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L'accord européen sur les importations agricoles ukrainiennes suspendu face à l'opposition notamment de la France

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  • France Bleu

L'UE s'est accordée mercredi pour plafonner certaines importations agricoles d'Ukraine exemptées de droits de douane, mais sans inclure le blé dans le mécanisme, ce que les organisations agricoles jugent "inacceptable". "Le travail va se poursuivre", promet le ministre de l'Agriculture.

Manifestation d'agriculteurs en Autriche, le 8 mars 2024. Manifestation d'agriculteurs en Autriche, le 8 mars 2024.
Manifestation d'agriculteurs en Autriche, le 8 mars 2024. © Maxppp - IMAGO/Daniel Scharinger

L'accord trouvé ce mercredi entre les États de l'Union européenne et le Parlement européen pour plafonner à partir de juin des importations agricoles ukrainiennes exemptées de droits de douane - comme les œufs, les volailles, le sucre ou encore l'avoine, le maïs et le miel - a été suspendu ce mercredi en début d'après-midi, a appris la rédaction internationale de Radio France.

Toutefois, il est toujours sur la table, a précisé la présidence belge. Selon des sources diplomatiques, c'est en raison de l'opposition notamment de la France, la Pologne et l'Italie, trois des plus grands pays agricoles de l'Union européenne, qu'un temps de réflexion supplémentaire a été accordé. Ces pays veulent notamment avoir plus de temps pour étudier l'accord et obtenir le feu vert de leurs capitales. Les négociations reprendront au plus tard mercredi prochain, selon les informations de la rédaction internationale de Radio France.

Concurrence "déloyale"

Les agriculteurs européens accusent l'afflux de produits ukrainiens de plomber les prix locaux, notamment dans les pays riverains, et de relever d'une concurrence "déloyale", faute de satisfaire à certaines normes (taille des élevages, produits phytosanitaires...). Alors que, même en guerre, l'Ukraine conserve d'immenses capacités de production, le dossier alimente la colère agricole dans l'UE, notamment en Pologne, où des cultivateurs bloquent des passages frontaliers avec l'Ukraine et l'Allemagne.

L'accord conclu dans la nuit entre les États de l'UE et le Parlement européen reconduit pour une année supplémentaire, à partir de juin, l'exemption générale de droits de douane accordée depuis 2022 à l'Ukraine pour soutenir Kiev après l'invasion russe. Mais cette fois, l'UE l'a assorti de  "mécanismes de sauvegarde" ciblant des produits "particulièrement sensibles", dont certaines céréales, sauf le blé et l'orge comme le réclamaient les eurodéputés. Ces derniers souhaitaient aussi calculer la période de référence sur la moyenne de trois années (2021-2023).

"Sans changement de l'année de référence et sans inclusion directe du blé, (l'accord) ne répond pas aux préoccupations des producteurs et reste donc inacceptable", a réagi Christiane Lambert, dirigeante du Copa-Cogeca, l'organisation des syndicats agricoles majoritaires européens.

Cet accord n'est "pas encore comme celui que nous souhaitions", avait réagi ce mercredi matin sur franceinfo Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture. "Ce n'est pas la position que défendait la France", avait-il insisté, jugeant "pas suffisantes" les mesures prévues par le texte et appelant notamment "inclure plus de céréales".

L'accord doit encore être entériné formellement par les Vingt-Sept comme par les eurodéputés, en commissions puis en séance plénière fin avril, avant l'entrée en vigueur le 6 juin.

"Atténuer la pression"

Lors d'ultimes négociations, les eurodéputés ont tout de même "obtenu de la Commission l'engagement ferme d'agir en cas d'augmentation des importations ukrainiennes de blé", a précisé le Parlement. Et Bruxelles sera tenu d'agir "plus rapidement, dans un délai de 14 jours au lieu de 21 jours (comme prévu initialement)" pour relever les droits de douane "si les seuils de déclenchement des mécanismes de sauvegarde sont atteints".

Parallèlement, l'UE s'efforce de muscler ses "couloirs de solidarité" pour acheminer les produits ukrainiens vers leurs marchés habituels en Afrique et au Moyen-Orient, et éviter qu'ils ne restent bloqués en Europe.

"L'accord renforce l'engagement continu de l'UE aux côtés de l'Ukraine" et dans le même temps "renforce les mesures de sauvegarde qui atténueraient la pression sur les agriculteurs de l'UE s'ils étaient submergés par une augmentation soudaine des importations", a réagi l'eurodéputée lettone Sandra Kalniete (PPE, droite), rapporteure du texte.

Cette libéralisation des droits de douane "continuera de permettre à l'Ukraine de générer ses propres revenus, essentiels pour soutenir son économie", a rappelé le Conseil de l'UE.

Par ailleurs, répondant à un autre motif de doléance de Varsovie et des États baltes, Bruxelles proposera "prochainement" des restrictions sur les importations de produits agricoles venant de Russie, a indiqué vendredi la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à l'occasion d'un entretien avec le Premier ministre polonais, Donald Tusk.

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