Crise agricole : submergé par les contraintes administratives, cet ancien éleveur breton a changé de métier

Il était de toutes les manifestations au volant de son tracteur, il donnait de la voix dans les rassemblements pour défendre son métier, il présidait la section FDSEA dans son canton. Pourtant, il y a six ans, Jean-Michel Juhel décide de céder son élevage de porcs à Plédéliac (Côtes d'Armor) pour changer de métier, devenir salarié. "C'est un métier que j'adorais, que j'ai fait par passion mais au fil des années les contraintes m'envahissaient", reconnait ce passionné de génétique animale.

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"On ne fait plus un métier d'éleveur, on fait un métier administratif avec constamment une épée de Damoclès au-dessus de la tête", constate Jean-Michel qui parle encore de son ancien métier au présent.

Aucun regret

Aujourd'hui, Jean-Michel Juhel est salarié dans une entreprise d'agroalimentaire. Et il ne regrette pas son choix. "Je faisais 12 à 13h de travail par jour, aujourd'hui j'en fais 7h et demi. Et j'adore ce que je fais", s'enthousiasme t-il. "J'ai mes cinq semaines de vacances. Quand je sors du travail, je ne suis pas stressé".

Solidaire du mouvement

Les manifestations d'agriculteurs de ces derniers jours lui rappellent forcément des souvenirs. "Quand je les vois, les pauvres, aller dans les magasins voir si tout est bien étiqueté français. C'est honteux de vendre du porc dit "porc français" alors qu'il n'arrive pas de France !" s'emporte Jean-Michel. "Mais combien de fois j'ai fait ça avec mes collègues, dans toutes les grandes surfaces du secteur ?  Et c'est vrai que je parle comme si j'étais encore éleveur, mais ça me prend aux tripes !"

Malgré les difficultés du secteur agricole, Jean-Michel Juhel espère qu'à l'avenir le métier d'éleveur attirera encore des jeunes. Même si lui-même n'a pas incité ses deux enfants à poursuivre dans cette voie...