Grippe aviaire : au Pays basque des centaines d'éleveurs et consommateurs défendent l'élevage de plein air
Environ 600 personnes étaient réunies à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques) pour défendre l'élevage en plein air et demander à l'État de renoncer à la claustration, anti-grippe aviaire, imposée l'hiver. Quatre éleveurs basques sont mis en demeure et risquent de lourdes amendes.
Sous le marché couvert de Saint-Palais, une immense banderole "Libérez les volailles". Ce samedi midi, le syndicat ELB (Confédération paysanne) avait organisé un pique-nique revendicatif pour demander au ministère de l'Agriculture de recevoir les quatre éleveurs basques mis en demeure pour n'avoir pas respecté l'obligation d'enfermer leur volaille l'hiver. Une première manifestation, il y a un an et demi, avait rassemblé 1 000 personnes environ dans les rues de Saint-Palais. Ce samedi ils étaient 600 selon le syndicat.
Dans un premier courrier reçu en janvier 2023, l'un de ces éleveurs mis en demeure apprend qu'il risque "une contravention de 4e classe - 750 € - par non-conformité voire par animal", et/ou, s'il participe "à la naissance ou à l'expansion d'une épizootie [...] 1 an de prison et 15 000 € d'amende". Malgré le risque et même s'il reconnaît qu'il n'est pas facile d'être hors-la-loi, il considère qu'enfermer ses animaux est contraire aux "valeurs et au bon sens paysan".
"Plus jamais ça !" s'est dit Cathy après un hiver de claustration
Cathy, éleveuse à Barcus, en a fait l'expérience. L'an dernier, elle a "eu la trouille". Malgré sa "boule au ventre", elle s'est résignée à enfermer ses canards. "On a tout de suite vu qu'ils étaient agressifs entre eux : ils se piquaient à sang ! Ils tournaient en rond alors qu'en extérieur on les voit prendre leur envol, manger de l'herbe, picorer... Et puis on a tout de suite vu les dégâts au moment de la transformation. La viande était abîmée, les cuisses toutes petites. On a eu un pourcentage de viande déclassée qui a grimpé quasiment du simple au double". Après cette expérience, malgré les risques et les voitures de gendarmerie qui patrouillent, elle a pris une décision : "Plus jamais ça !"
Selon Cathy, il est très important que le consommateur ait la parole. Ce samedi, ils étaient plusieurs dizaines à goûter aux victuailles offertes par les éleveurs sous le marché couvert. "C'est bon ! Et c'est bon parce que c'est du plein air, ça galope !", sourit Christiane, la bouche pleine. Elle et son mari sont venus de Gironde exprès pour soutenir leur producteur de magret préféré.
Des consommateurs mobilisés
Peio, d'Irissarry, avait amené avec lui ses deux filles de 8 et 9 ans. "Je trouve qu'il est important de les sensibiliser dès le plus jeune âge à ce type d'agriculture de plein air. Je ne vois aucun avenir à l'agriculture intensive. À table, nous expliquons aux filles que tel fromage vient de telle maison, tel poulet de telle ferme... C'est important !" Comme Peio, Geneviève ne "pouvait pas ne pas être là". "Lorsque je fais mes courses, je fais très attention. Il m'est arrivé, parce que je n'avais pas le choix, d'acheter du poulet qui n'était pas élevé en plein air. Eh bien j'ai vu la différence !"
Après le pique-nique, la marche digestive des 600 manifestants n'est pas passée inaperçue à Saint-Palais. Au milieu des consommateurs, des élus également : le député Inaki Echaniz, la sénatrice Frédérique Espagnac, la vice-présidente de l'Agglomération Pays basque Isabelle Pargade - également maire d'Hasparren - et plusieurs autres maires étaient présents. Les éleveurs mis en demeure espèrent maintenant être reçus par le ministère de l'Agriculture pour pouvoir exposer leur vision de l'agriculture et du "bon sens paysan".
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