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Influenza aviaire : entre doute et nécessité, la vaccination obligatoire des canards commence au Pays basque

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À partir du 1er octobre, les éleveurs de canards des Pyrénées-Atlantiques, comme dans le reste de la France, vont devoir vacciner les nouveaux animaux arrivant dans leur élevage contre l'influenza aviaire. Cela concerne tous les élevages à partir de 250 bêtes.

La vaccination devient obligatoire dans les élevages de canards du Pays basque dès le lundi 2 octobre La vaccination devient obligatoire dans les élevages de canards du Pays basque dès le lundi 2 octobre
La vaccination devient obligatoire dans les élevages de canards du Pays basque dès le lundi 2 octobre © Maxppp - Catherine Aulaz

À partir du 1er octobre, les éleveurs de canards des Pyrénées-Atlantiques, comme dans le reste de la France, vont devoir vacciner les nouveaux animaux arrivant dans leur élevage contre l'influenza aviaire. Cela concerne les fermes de plus de 250 canards et dont les produits sont commercialisés.

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Un vaccin très attendu

"Enfin !" Se réjouit Franck Laborde, éleveur de canards dans les Pyrénées-Atlantiques et membre la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Pour eux, cette vaccination était plus qu'espérée. "C'est ce que nous demandions depuis des années à la FDSEA. Bien évidemment, nous savions que le vaccin n'était pas prêt, que les règles n'étaient pas adaptées. Mais désormais, nous y sommes et maintenant, il faut réussir à déployer cette vaccination."

Pour autant, Franck Laborde concède que tout n'est pas encore au point. À quelques heures du lancement de cette réglementation, la FDSEA échange régulièrement avec la préfecture. "Nous avons besoin de vaccins en disponibilité pour les quelques semaines qui viennent. Ils sont disponibles. Nous avons besoin de vaccinateurs puisque les éleveurs ne peuvent pas à ce stade vacciner parce que c'est trop délicat à faire. Donc il faut des professionnels et tous les professionnels ne sont pas encore formés". Franck Laborde prévoit d'interpeller également le ministre de l'Agriculture en déplacement dans les Landes et dans le Gers ce lundi 2 octobre pour lancer la campagne. "Aucun canard non vacciné, car faute de moyens mis à disposition dans nos élevages, ne sera autorisé, prévient-il. Il n'est pas question d'accepter une telle chose parce que tel vétérinaire est absent ou tel moyen n'est pas mis en place par l'État. Il faut que les canards soient protégés."

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Un fléau depuis des années

"Ce fléau qu'est l'influenza aviaire nous pollue la vie depuis des années. Cinq ans au bas mot", soupire l'éleveur. En janvier 2022, Franck Laborde a dû faire tuer 8.260 canards de son élevage. "Avec la mise en place de cette vaccination, ce que je comprends, c'est qu'il ne faut prendre aucun risque et mettre le plus de chances de notre côté pour s'en sortir."

Julen Perez se dit aussi plutôt favorable à la vaccination. "Cela fait cinq ans que je suis installé, j'ai fait un an et demi de production "normale", raconte cet éleveur basé à Lohitzun-Oyhercq. Pendant trois ans et demi, on a été confrontés à la grippe aviaire. À un moment, on ne pouvait pas s'approvisionner en canetons, car le couveur était en zone de restriction, mais le plus dur, c'est quand le voisin a été déclaré foyer et on faisait partie du périmètre d'abattage préventif." Ses canards ont eux aussi été contaminés et il en a tué près de 1.000 au début de l'année 2022.

"La vaccination devrait être un choix"

L'éleveur de Lohitzun-Oyhercq défend aussi une vaccination choisie et non imposée, notamment pour les petits élevages comme le sien. Lui n'a pas plus de 250 canards par lot et il les élève en plein air, sur ses cinq hectares. "Ce mode de production où il y a très peu d'animaux sur des grandes surfaces fait que d'un point de vue sanitaire, on voit très peu le vétérinaire et on est autarcique, c'est-à-dire qu'on cultive nos céréales, on les stocke, on fabrique à la maison, on a notre salle de gavage, on a un abattoir à la ferme et on transforme tout", précise-t-il.

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Avec cette obligation vaccinale, Julen Perez va devoir faire venir le vétérinaire "une trentaine de fois par an pour la première injection, le rappel et les contrôle sanitaires mensuels, contre une visite de vétérinaire par an actuellement", se désole-t-il. En effet, à partir d'octobre, chaque canard qui arrivera dans un élevage sera obligatoirement vacciné. Mais deux injections seront nécessaires. Une première pour les canetons de 10 jours ou plus et une seconde 18 jours plus tard. Et c'est là que le bât blesse selon l'éleveur. Le risque de contamination augmente avec la présence humaine. "Aujourd'hui, l'Anses nous l'a clairement affirmé, il existe des liens épidémiologiques entre fermes dans la propagation du virus de l'influenza aviaire. Cette propagation est surtout due à l'activité humaine. Notamment à cause des équipes vétérinaires en contact des animaux et qui vont d'élevage en élevage. On a cette crainte-là."

À ce stade, les règles de vaccination ne permettent pas aux agriculteurs de vacciner eux-mêmes les bêtes. Pourtant, c'est ce que souhaiteraient certains agriculteurs comme Patrick Dagoret. Il a un élevage de 600 canards à Irissarry. "Pour pouvoir vacciner, on va devoir suivre une formation, mais pour l'instant, on a aucune information à ce sujet. Pourtant, la vaccination, on sait faire."

Petits élevages, trop grandes quantités de vaccin

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De son côté, le syndicat agricole ELB ne s'est pas positionné définitivement sur ce sujet. Plusieurs points d'ombre sont soulevés, notamment le gaspillage du nombre de doses de vaccin. Ce dernier arrive par quantité de 1.000 doses. "C'est du gâchis", prévient Patrick Dagoret qui devra en jeter 800 ; 400 lors de la première injection et 400 lors du rappel sur son troupeau de 600 bêtes. C'est aussi le cas de Julen Perez qui devra en jeter au total 1.500 sur 2.000. Les deux éleveurs, syndiqués à ELB, ont déclaré s'être entretenus avec la préfecture des Pyrénées-Atlantiques pour avoir des réponses à ce sujet. "C'est un exemple pour montrer que le dispositif est intéressant, mais pas forcément encore adapté à nos exploitations qui ne sont pas communes dans l'ensemble de la France", résume Julen Perez.

Ils ont aussi demandé des explications sur l'arrêt du plan Adour, le plan d'urgence qui a été mis en place l'année dernière dans le Sud-Ouest instaurant une baisse de densité importante de la production de palmipèdes et de volailles.

Près de 64 millions de canards sont concernés par cette campagne de vaccination. Le coût de la campagne de vaccination est estimé à près de 100 millions d’euros, pris en charge à 85 % par l’État, le reste étant à la charge des filières.

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