Didier Leschi, directeur de l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration

RCFM - Le samedi 2 mars 2024, un décret est sorti dans le journal officiel, ajoutant aux métiers en tension les viticulteurs, les maraîchers, ou encore les arboriculteurs. Pensez-vous que ce décret va accélérer l'embauche des saisonniers étrangers, notamment en Corse ?

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Didier Leschi - Ce décret va permettre de gagner au moins les trois semaines qui sont obligatoires pour les employeurs pour déposer des annonces d'emploi à Pôle Emploi avant de pouvoir solliciter un travailleur qui n'est pas déjà résident. ca peut effectivement aider. Cela dit, le problème que l'on trouve en Corse comme on le trouve ailleurs, c'est souvent la question du rapport entre le lieu du travail et le logement. C'est une des difficultés que nous avons sur l'ensemble du territoire. En ce qui concerne la venue de saisonniers ou de travailleurs, cette question est toujours un frein : comment les personnes peuvent-elles se loger, en particulier là où les loyers peuvent-être particulièrement élevés par rapport aux salaires ?

Comment expliquer ce problème de logement ou le fait que parfois, les saisonniers renoncent à ces contrats ?

Ce n'est pas uniquement lié à l'agriculture, c'est une problématique que l'on retrouve dans d'autres secteurs. Il y a une baisse de production de logements sur le territoire, dans des zones très marquées par le tourisme, on a une baisse des offres de location. On connaît bien ce débat : à Paris, Bastia, Ajaccio, la multiplication des Airbnb, par exemple, limite les offres et fait monter les prix des loyers et c'est l'un des soucis que nous avons partout. En Corse, c'est particulièrement important puisqu'on a une situation de l'emploi plutôt favorable car le taux de chômage est assez bas et en même temps, les métiers de l'agriculture n'attirent pas ou peu. C'est pour ça, par exemple, que pour les clémentines, nous avons plusieurs milliers de saisonniers qui viennent et qui sont logés, en particulier, par les producteurs mais parfois, ça ne suffit pas.

Il y a aussi ce texte, qui a fait beaucoup parler ces derniers mois - la loi immigration - va-t-elle poser un problème quant à la régulation de cette main-d'œuvre, en majorité extra-européenne, ou au contraire, cela va-t-il faciliter les choses ?

Cette loi s'adresse à des personnes qui sont déjà ici, depuis deux ou trois ans, donc on peut considérer qu'elles sont déjà à l'abri, déjà logées. L'introduction de travailleurs étrangers n'est pas reliée à la loi. On a fait, l'année dernière, plus de 50 000 introductions de travailleurs étrangers mais il y a des secteurs pour lesquels ça reste difficile. L'agriculture en est un.

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Didier Leschi dans notre rubrique "L'invité de la rédaction" : L'invité de la rédaction en réécoute sur France Bleu – Émission sur France Bleu