Dans la Vienne, un producteur de foie gras mise sur le photovoltaïque pour lutter contre la grippe aviaire

Associer le photovoltaïque à l'élevage de palmipèdes pour lutter contre la grippe aviaire, c'est l'option sur laquelle mise la Maison Mitteault, producteur de canards et de foie-gras installé à Chalandray dans la Vienne. Un projet qui prend la forme d'un partenariat, du donnant-donnant, qui ne coûte rien ou presque à l'éleveur.

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Chaque année c'est le même scénario, les mêmes craintes : la grippe aviaire, le risque d'être contaminé et de devoir abattre les palmipèdes, ou de ne plus pouvoir recevoir de poussins à élever. Si la Maison Mitteault n'a jamais directement été infectée par la grippe aviaire elle en a subit les conséquences. Entre 2022 et 2023, les deux épidémies l'ont empêchée d'avoir des poussins à élever, en conséquence sa production a été divisée par deux passant de 90.000 à seulement 45.000 canards. Il faut aussi rajouter des investissements comme cette volière en 2017, pour près de 200.000 euros.

Pour être plus sereins les co-dirigeants de la Maison Mitteault ont misé sur un projet novateur dans le département de la Vienne : protéger leurs canards sous des panneaux photovoltaïques, c'est-à-dire pratiquer de l'agrivoltaïsme. Lorsque l'on arrive sur le terrain où se trouvent les parcours extérieurs des canards, d'immenses charpentes métalliques se dressent, recouvertes de panneaux photovoltaïques, l'ensemble est recouvert par d'immenses filets aux mailles fines. À hauteur d'homme c'est immense, on n'en voit pas le bout. En réalité, l'installation fait 2,5 hectares, la taille de deux terrains et demi de football. Dessous, des dizaines de canards vaquent à leurs occupations et profitent du grand air. "Partout où sont les canards, les canards sont protégés par des filets, donc les canards ne peuvent pas être en contact avec la faune sauvage et même les fiente des oiseaux ne tombent pas sur les canards. Il n'y a pas de. Les canards sont à l'abri sous les Ambrières" explique Hubert Mitteault, l'un des codirigeants de l'entreprise.

Faire le choix d'installer une ombrière sur un parcours à canards n'était pas une évidence, pas vraiment naturel, pour le producteur de 60 ans, la deuxième génération de Mitteault à la tête de l'entreprise familiale. Ce qui a fait pencher la balance c'est le coût du projet et l'avantage qu'il lui procure sur la qualité de sa production. En effet, avec ce projet, ces canards sont considérés comme "confinés" ... tout en étant en plein-air : "c'est le vrai moyen pour nous d'élever nos canards à l'extérieur parce qu'on considère qu'ils sont toujours à l'extérieur. Ils ont le même comportement, ils ont de la place. On n'est pas sur un canard au mètre carré ou deux" lance Hubert Mitteault en montrant du doigt les palmipèdes.

Un projet qui est aussi un partenariat, une forme de donnant-donnant entre la Maison Mitteault et Zénith solaire basée à Buxerolles dans la Vienne. Pour avoir le droit de produire du solaire sur un terrain agricole il faut un motif agricole, en l'espèce : protéger des canards de la grippe aviaire. Pour répondre aux normes en cas d'épidémie, l'éleveur doit pouvoir confiner ses canards, et pour satisfaire ses clients, il doit aussi garantir la qualité d'élevage, en l'espèce : du plein-air. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, le producteur a pris des parts dans l'ombrière, tandis que l'entreprise a pris à sa charge les travaux, et se remboursera via l'électricité produite. "On a quand même 2,5 hectares avec des bâtiments, des filets, du terrassement, des aménagements qui ne nous ont rien coûté" souligne Hubert Mitteault.

Le projet a coûté 5 millions d'euros. Une deuxième ombrière de 3,5 hectares est en train de voir le jour sur le même principe. Les travaux sont en cours et doivent s'achever en septembre 2024.