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Inflation, baisse du pouvoir d'achat : "C'est la cata", les petits producteurs alsaciens tentent de résister

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Avec l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat, beaucoup d'Alsaciens se détournent de leurs petits producteurs, souvent plus chers que la grande distribution. Mais certaines coopératives agricoles réussissent à maintenir la tête hors de l'eau.

La coopérative agricole Hop’la rassemble les produits de 60 producteurs alsaciens à Oberhausbergen. La coopérative agricole Hop’la rassemble les produits de 60 producteurs alsaciens à Oberhausbergen.
La coopérative agricole Hop’la rassemble les produits de 60 producteurs alsaciens à Oberhausbergen. © Radio France - Bastien Munch

Sarah se penche devant la vitrine. Elle inspecte les filets de truites de la coopérative agricole Hop'la, à Oberhausbergen, dans le Bas-Rhin. "Mettez-m'en un qui soit un peu plus petit", demande-t-elle à la vendeuse. "Comme les prix ont un peu augmenté, on mangera un petit peu moins." C'est l'un des secteurs les plus touchés par l'inflation, qui a atteint 6,1% sur un an au mois de juillet : l'alimentaire. Avec la baisse du pouvoir d'achat, la tentation est forte d'aller en grande surface plutôt que chez les petits producteurs, dont les prix sont souvent plus élevés.

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"Pour nous, la qualité des produits reste notre priorité. Et la qualité, elle est ici", assure Claude, avec ses confitures dans le caddie. "On rogne sur certaines autres petites choses pour pouvoir continuer à rester fidèles à Hop'la. Par exemple, on fait moins de sorties. On habite Schiltigheim, mais on n'a pas fait la fête de la bière cette année."

Beaucoup de magasins de producteurs n'ont pas les reins assez solides, et vont y passer. - Émilie Rominger, gérante d'une chèvrerie à Mollau

Même une partie des jeunes s'adapte pour continuer d'acheter local. "Ce serait un petit peu honteux de notre part de pointer du doigt les problèmes écologiques, puis d'aller chercher des produits qui viennent de l'autre bout du monde", affirme Malo, venu faire les courses avec sa copine. "Certes, ça coûte un peu plus cher, certes on a moins de pouvoir d'achat, mais on peut prendre des produits qui viennent de 20 kilomètres à côté de chez nous."

Des pertes de clients jusqu'à 40%

La coopérative Hop'la, qui rassemble 60 producteurs alsaciens, réussit pour l'instant à limiter la casse, avec seulement 10% de clients en moins depuis le début de l'année. Mais ceux qui restent vont vers le moins cher. "Tout ce qui est opérations promotionnelles, baisses de prix, les gens achètent, même si ce ne sont pas leurs produits habituels", explique Patrick Messer, le président de la coopérative. "On a également un bac antigaspi. Aujourd'hui, c'est le premier à être visité. Ils arrivent et ils regardent quelle opération, quelle affaire ils peuvent faire immédiatement."

Mais tous les petits producteurs alsaciens ne résistent pas aussi bien. La chèvrerie d'Émilie Rominger, à Mollau, dans le Haut-Rhin, a perdu entre 30% et 40% de sa clientèle depuis le début de l'année. "On ressent vraiment une grosse baisse des ventes", explique-t-elle. "Quand on en discute avec les autres lors de nos livraisons, ils nous disent aussi que c'est la cata. Tout le monde se demande où sont les clients et quand est-ce qu'ils vont revenir vers les producteurs directs." Les plus touchés par la baisse du pouvoir d'achat restent les producteurs qui vendent directement à la ferme car les prix des carburants dissuadent certains qui venaient d'habitude jusqu'à eux.

Un retour aux vieilles habitudes

La productrice a l'impression de voir "une tendance qui a tourné, mais pas dans le bon sens". "Pendant la crise sanitaire, on allait chez le petit agriculteur au fond de sa rue et on découvrait son existence. Maintenant, peut-être que les consommateurs préfèrent aller en grande surface", regrette Émilie Rominger. "C'est sûr que c'est plus simple, on y trouve de tout d'un coup, on n'a pas besoin de faire plein de magasins. Mais on espère que la tendance va s'inverser, que tout le monde va repenser au producteur à côté de chez lui. Parce que beaucoup de magasins de producteurs n'ont pas encore les reins solides comme des enseignes qui existent depuis des années, et ils vont y passer."

Or face aux grandes surfaces, impossible pour les petits producteurs de tirer les prix vers le bas. "Le produit final et le prix de vente appartiennent entièrement au producteur", justifie le président de Hop'la, Patrick Messer. "Ce n'est pas la coopérative qui décide ou qui met la pression en disant qu'il faut faire de la promo. Ce n'est pas du tout notre mode de fonctionnement." La coopérative agricole préfère mettre en place "des avantages client" pour leur faire découvrir d'autres produits. "Mais le faire à outrance, c'est entrer dans un jeu où, à un moment donné, il y aura un perdant. Et ce sera le producteur."

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