"Les héroïnes du plaisir" de Judith Spinoza et Raphaël Turcat

20 portraits un peu sulfureux d’ailleurs de celles que l’on appelait les demi-mondaines ou même belles allongées. Espionnes, journalistes, danseuses actrices elles ont en commun d’avoir été des filles du peuple et d’avoir gravé l’échelle sociale. Elles lancent des modes, sont de tous les évènements. Elles sont belles, elles ont de l’esprit, on se demande même si elles ne sont pas les ancêtres des influenceuses. Car ce qu’elles provoquaient souvent c’était un parfum de scandale qui faisait parler d’elles… Elles voulaient se rapprocher des têtes couronnées, des personnalités en vogue et surtout des hommes qui ont de l’argent. 

Elles vont peser sur la condition des femmes, car avant l’heure, elles étaient libres et affranchies en plein 19 ème siècle en pleine révolution industrielle. Elles ont choisi de partir gagnantes alors qu’elles étaient nées filles et pas dans le bon milieu. On peut le dire, elles étaient toutes des battantes.  

Dans une époque qui changeait déjà, à Paris notamment avec la belle époque et le second empire, on va découvrir Liane de Pougy, Mata Hari, la belle Otero, Cora Pearl et bien d’autres.

Les deux auteurs, Judith Spinoza et Raphaël Turcat les ont réparties en plusieurs catégories : les superstars, les éminences grises, les muses, les subversives et les féministes. Ce qui est plaisant c’est que l’on tient entre les mains un véritable document historique.

Malheureusement telles des comètes leurs destins est souvent tragique et leur réussite aussi fulgurante que brève. Mais on peut le dire ces femmes "marginales" ont réussi à faire bouger les lignes d’une société qui était figée. Les auteurs nous disent : "En servant leur cause elles ont servi la cause" . Par exemple, elles ont été les premières à comprendre le pouvoir de la photographie. 

Alors sans les juger mais en apprenant à les connaître, ce livre nous éclairera sur pas mal de choses et notamment sur l’art du stratège. "Les héroïnes du plaisir" c’est chez Flammarion.