Le Zouave du Pont de l'Alme : unité de mesure esseulée
C’est la vedette des ponts parisiens ! La re-sta de Paname ! Avec son sarouel et son chéchia, il fait fantasmer toutes les jeunes jouvencelles voulant jouer à la guidou.
Je vous parle du zouave le plus connu de France : celui du Pont de l’Alma.
Alors au début, notre statue roucoule avec trois autres gai-lurons. Ce ménage à quatre représente la même chose : de vaillantes troupes victorieuses, s’étant faites massacrer pendant la guerre de Crimée, pour les beaux de Napoléon III. On trouve donc notre fameux zouave, un grenadier, un artilleur et un chasseur à pied.
Mais c’est pendant la crue de 1910, que notre zouave connait la gloire éternelle. Submergé, il devient malgré lui LA référence.
De ceux qui en ont plein le colon ?
Non mais oh !!!! De la montée des eaux. Et cette référence est d’une précision scientifique : si la statue barbotte dans l’eau, on commence à s’affoler.
Oui, mais alors pourquoi lui et pas les autres statues ?
Et bien certainement parce que le Zouave a de quoi frimer. Il est bien doté, le cochon ! Avec ses jambières, ses guêtres, sa culotte bouffante, sa large ceinture et sa grosse veste, on n’a d’yeux que pour lui.
Mais en 1970, ça sent le moisi ! Un affaissement du sol oblige la rénovation du pont et notre petit Zouave est le seul replacé. Ses trois acolytes sont dispersés sur toutes les routes de France et de Navarre. Pas sûr ! Car vous savez ce qu’on dit ? Loin des yeux, loin du cœur ! Les parisiens ont vite jeté les trois autres dans les oubliettes de l'Histoire. Esseulé, abandonné par ses compères comme une vieille chaussette non raccommodée, notre Zouave perd même son statut d’unité de mesure officielle.
Et pourquoi ça ?
Les architectes l’ont surélevé pendant la rénovation du pont. Si bien que dorénavant, les points de mesures se font sur le pont d’Austerlitz et avec du matériel technologique un peu plus sérieux.
Mais peu importe ! C’est bien lorsque le Zouave a les pieds noyés que Paris s’enflamme et se sent toute chose.